Avec environ 600 000 infirmières en activité en 2021, dont 100 000 libérales, la profession d’infirmière représente la plus importante catégorie des métiers de santé en France, devant les aides-soignantes (424 000) et les médecins (229 000). Entre 2013 et 2021, ces effectifs ont connu une croissance de 8 %, témoignant d’une dynamique significative. Cependant, cette augmentation pourrait ne pas suffire à répondre aux besoins d’une population vieillissante, selon une étude de la Drees et de l’Insee.
Des besoins en soins qui explosent avec le vieillissement de la population
La part des personnes âgées, particulièrement consommatrices de soins infirmiers, continue de croître. En 2021, les 60 ans ou plus représentaient 27 % de la population. D’ici 2050, cette proportion atteindra 33 %, tandis que la population totale augmentera de seulement 3 %. Selon la Drees, les plus de 60 ans consomment 20 fois plus de soins infirmiers que les moins de 35 ans, ce qui entraînera une augmentation de 50 % des besoins en soins d’ici 2050.
Des projections prometteuses mais insuffisantes
Les projections actuelles estiment une augmentation de 37 % des effectifs infirmiers, qui atteindraient 821 000 professionnels en 2050. Cette hausse concernerait principalement le secteur libéral, avec une progression attendue de 75 %, tandis que le nombre d’infirmiers salariés dans l’hôpital public n’augmenterait que de 15 %.
Malgré cette croissance, l’augmentation des effectifs ne suffira pas à couvrir les besoins liés au vieillissement de la population. Pour maintenir le niveau actuel de couverture en soins, il faudrait 80 000 infirmières supplémentaires par rapport au scénario tendanciel, soit une augmentation annuelle de 3 900 diplômés.
Les défis de la formation et de la rétention des infirmières
Chaque année, environ 25 000 infirmières obtiennent leur diplôme en France. Cependant, ce chiffre est insuffisant pour répondre aux besoins futurs. La Drees propose d’augmenter significativement le nombre de places en formation, tout en travaillant sur la réduction des abandons, qui restent préoccupants. Entre 2013 et 2022, le nombre de diplômées a diminué, passant de 25 600 à 24 400.
L’attractivité de la profession est un autre levier clé. Les conditions de travail, souvent jugées difficiles, jouent un rôle important dans les abandons en cours de carrière. Une amélioration des rémunérations, des horaires et des perspectives de carrière pourrait inciter davantage de jeunes à s’engager dans cette voie et retenir les professionnels déjà en activité.
Face à la pénurie de médecins dans certaines régions, les pouvoirs publics envisagent d’élargir les missions des infirmières, notamment par la mise en place de consultations autonomes et d’un accès direct sans prescription médicale. Si ces évolutions pourraient améliorer la prise en charge des patients, elles risquent également de mettre davantage de pression sur les effectifs actuels, réduisant ainsi leur disponibilité pour d’autres missions.
L’élargissement des compétences nécessite également des ajustements dans les programmes de formation, afin de préparer les infirmières à assumer des responsabilités accrues, notamment en matière de prévention, de suivi des maladies chroniques et d’éducation thérapeutique des patients.
Les défis à relever pour garantir une couverture de soins adaptée d’ici 2050 sont nombreux. Une augmentation significative des effectifs, couplée à une amélioration des conditions de travail et à une refonte des formations, est indispensable pour répondre aux besoins croissants de la population. Avec une planification stratégique et des investissements ciblés, la France peut espérer relever ce défi majeur pour son système de santé
Lire aussi : le métier d’infirmière