Le président Bassirou Diomaye Faye dissout l’Assemblée nationale

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Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, élu en mars 2024, a annoncé le 12 septembre la dissolution de l’Assemblée nationale, marquant un tournant politique majeur au Sénégal. Cette décision s’inscrit dans une volonté de surmonter les obstacles institutionnels rencontrés lors de ses premiers mois au pouvoir. Il a également fixé les élections législatives anticipées au 17 novembre 2024, un geste qui pourrait redéfinir le paysage politique du pays.

Pourquoi cette dissolution ?

La dissolution de l’Assemblée nationale par le président Faye intervient dans un climat de tensions politiques croissantes. Malgré sa victoire à la présidentielle avec 54 % des voix, il a dû composer avec une Assemblée dominée par les soutiens de l’ancien président Macky Sall. Cette situation a créé un blocage institutionnel qui a entravé la mise en œuvre des réformes promises par le président, notamment son projet de transformation systémique.

Dans son discours, le président Faye a exprimé sa frustration face à ce qu’il a appelé un « culte du blocage » entretenu par les députés de l’opposition, accusant ces derniers de se détourner du peuple et de saboter ses efforts pour apporter un changement profond au pays. Il a souligné que les réformes qu’il souhaite mener nécessitent une majorité parlementaire qui soit en accord avec sa vision politique, ce qui n’était pas le cas avec l’Assemblée en place.

Élu sur un programme promettant une rupture avec l’ancien régime, Bassirou Diomaye Faye a mis en avant des valeurs de panafricanisme et de souveraineté. Sa vision politique s’appuie sur une transformation profonde des institutions sénégalaises et sur des réformes économiques visant à améliorer le quotidien des citoyens, particulièrement celui des jeunes. Le Sénégal, où plus de 75 % de la population a moins de 35 ans, attendait beaucoup de ce programme de changement.

Cependant, ces premières promesses ont été ralenties par l’absence d’une majorité parlementaire acquise à sa cause. Le président a ainsi souligné la nécessité de dissoudre l’Assemblée pour convoquer des élections législatives anticipées, espérant obtenir le soutien nécessaire pour mettre en place les réformes attendues.

Depuis son élection, le président Faye a dû faire face à une opposition parlementaire solide, composée principalement des fidèles de Macky Sall. Les députés de la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY) ont activement bloqué plusieurs projets de loi, y compris la suppression du Haut Conseil des collectivités territoriales et du Conseil économique, social et environnemental, jugés coûteux par les nouvelles autorités. Ces manœuvres ont été perçues comme des tentatives pour paralyser l’action gouvernementale.

En parallèle, le Premier ministre Ousmane Sonko, leader du parti Pastef (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité), a également été confronté à des motions de censure déposées par l’opposition. Ces tensions ont accentué la nécessité d’une refonte politique à travers de nouvelles élections.

Les élections législatives prévues pour le 17 novembre 2024 seront déterminantes pour l’avenir du mandat de Bassirou Diomaye Faye. Le Pastef, qui ne détenait que 23 sièges sur 165 dans la précédente Assemblée, espère obtenir une majorité qualifiée. Selon les analystes, cette élection pourrait être un test décisif pour le nouveau gouvernement.

Pour garantir la réussite de son programme, le président Faye devra obtenir les trois cinquièmes des sièges à l’Assemblée nationale, soit au moins 99 députés. Une tâche qui s’annonce complexe dans un contexte où le paysage politique reste fragmenté. Le scrutin sénégalais, qui combine des systèmes proportionnels et majoritaires, obligera le Pastef à former des coalitions pour maximiser ses chances de victoire.

De l’autre côté, l’opposition apparaît affaiblie depuis la victoire de Bassirou Diomaye Faye à la présidentielle. La coalition BBY, qui avait porté Macky Sall au pouvoir en 2012, a récemment été dissoute. De plus, l’ancien Premier ministre Amadou Ba, qui était arrivé en deuxième position lors de la présidentielle, a créé son propre parti politique, créant des divisions au sein de l’opposition.

Toutefois, des figures clés de l’opposition, comme Adji Mergane Kanouté, vice-présidente du groupe parlementaire dissous BBY, ont exprimé leur détermination à réinventer leur coalition et à élargir leur base politique pour tenter de reconquérir le pouvoir. Pour eux, l’objectif est soit de remporter les élections, soit d’imposer une cohabitation qui compliquerait la suite du mandat du président Faye.

Le Pastef et ses alliés semblent prêts pour cette échéance. Ousmane Sonko devrait être investi tête de liste au niveau national et sera au cœur de la campagne électorale. Son récent déplacement à Matam, bastion de l’ancien président Macky Sall, marque le début de la campagne de terrain du parti au pouvoir. Son objectif est clair : transformer cette région et consolider le soutien populaire.

Le président Faye et son gouvernement espèrent que les législatives de novembre leur offriront une majorité stable pour gouverner et mettre en œuvre leur programme de réformes ambitieux. Mais la course contre la montre est lancée, et le résultat de cette élection déterminera en grande partie la réussite ou l’échec des promesses de changement portées par le président.

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