Le procès des viols de Mazan, qui se déroule à Avignon, continue de faire couler beaucoup d’encre. Parmi les 51 hommes jugés pour avoir participé au viol de Gisèle Pélicot, c’est le témoignage de Jérôme V. qui a particulièrement retenu l’attention du tribunal. Accusé d’avoir participé à six viols sur la victime entre mars et juin 2020, il a livré des déclarations choquantes qui ont glacé l’audience.
« Il m’explique qu’il drogue sa femme et la propose à des hommes. Je n’en menais pas large, c’était une nouvelle expérience. J’ai paniqué car j’étais prisonnier des photos »
Dès le début de son témoignage, Jérôme V. a reconnu sa participation aux crimes en affirmant avoir rendu visite à Dominique Pélicot et son épouse à plusieurs reprises. Ce dernier, mari de la victime, est accusé d’avoir drogué sa femme et de l’avoir offerte à d’autres hommes, recrutés via des plateformes en ligne. Jérôme V., loin de nier les faits, a même avoué que ce qui primait pour lui était la satisfaction de ses besoins personnels, sans considération pour le consentement de Gisèle Pélicot.
« Je savais qu’elle n’était pas consentante »
Lors de son intervention, Jérôme V. a confirmé qu’il était parfaitement informé du fait que la victime était sous l’effet de substances chimiques et donc non consentante. Il a tenu des propos glaçants, déclarant : « Ce qui comptait le plus pour moi, c’était ma libido ». Cette absence totale de remords, ainsi que son attitude détachée, ont choqué l’assistance. Il a également décrit comment il avait rencontré Dominique Pélicot sur une application de rencontre, expliquant que ce dernier lui avait parlé de son plan macabre sans détour.
Jérôme V. a également évoqué la manipulation qu’il dit avoir subie de la part du mari de la victime. Selon lui, Dominique Pélicot exerçait une influence considérable sur ses actions, au point qu’il s’est senti incapable de refuser. « Je n’ai pas su lui dire non », a-t-il affirmé, ajoutant qu’il pensait ne jamais être découvert. Ce sentiment d’impunité, couplé à l’emprise psychologique de Dominique Pélicot, semble avoir joué un rôle central dans sa participation aux viols.
« J’étais célibataire, je pouvais papillonner. C’était le confinement, je n’avais aucun contact” avant d’ajouter : “La masturbation, ça a duré 15 jours ».
Durant l’audience, une experte psychiatrique est également intervenue pour éclairer la personnalité de Jérôme V. Elle a décrit un homme guidé par ses addictions sexuelles, incapable d’empathie et focalisé sur ses désirs. L’experte a expliqué qu’il se place fréquemment dans le rôle de la victime, cherchant à minimiser ses responsabilités en mettant en avant sa supposée faiblesse face à Dominique Pélicot.
La compagne de Jérôme V., Samira, a elle aussi pris la parole à la barre. En larmes, elle a tenté d’expliquer la personnalité complexe de l’accusé, tout en exprimant son incompréhension face aux faits reprochés. « Je ne comprends pas comment il a pu me cacher ça », a-t-elle déclaré, les yeux tournés vers Gisèle Pélicot, restée impassible tout au long de l’audience.
« Madame Gisèle… vous auriez pu mourir »
L’émotion était palpable lorsque Samira s’est adressée directement à la victime. En sanglots, elle a exprimé ses regrets en disant : « Madame Gisèle, vous auriez pu mourir ». Elle faisait allusion aux substances administrées par Dominique Pélicot à son épouse. Son témoignage, chargé d’émotions, a rappelé à tous les enjeux tragiques de cette affaire, au-delà des faits judiciaires.
Dans son témoignage, Samira a décrit Jérôme V. comme un homme sans codes sociaux, ayant une éducation pauvre et des difficultés à s’intégrer dans la société. Elle a raconté comment elle a tenté de l’aider à prendre conscience de la gravité de ses actes lors de ses visites au parloir. Cependant, elle reste lucide sur sa responsabilité dans les faits qui lui sont reprochés.
Jérôme V. a exprimé son souhait de recevoir une sanction légère, évoquant sa situation de détention difficile. L’experte a rapidement balayé cette demande, estimant que ses propos démontraient une absence totale de responsabilité et une tendance à se poser en victime plutôt qu’en véritable auteur de crimes.