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Les blocages se mettent en place ce matin dans plusieurs régions de France

Depuis ce matin, des blocages et rassemblements d’agriculteurs sont observés dans plusieurs régions de France. Les professionnels de l’agriculture, soutenus par les syndicats FNSEA et Jeunes Agriculteurs, dénoncent notamment l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur, ainsi que le manque d’application des promesses faites par le gouvernement en début d’année. Ces actions visent à alerter sur les difficultés économiques que traverse le secteur.

Les principaux points de blocage

En Île-de-France, des tracteurs ont convergé vers la N118 dès hier soir. Une centaine d’agriculteurs sont rassemblés à hauteur de Vélizy-Villacoublay. Bien que deux voies soient bloquées, une reste accessible afin de ne pas entraver totalement la circulation. Les manifestants entendent maintenir leur présence jusqu’à ce midi.

Le vice-président de la FDSEA Île-de-France, Frédéric Arnoult, a déclaré :

Nous voulons rappeler au gouvernement que nos trésoreries sont au plus bas et que les promesses tardent à être concrétisées.

Deux compagnies de CRS sont mobilisées pour surveiller la situation et éviter que les agriculteurs n’atteignent des zones sensibles comme le pont de Sèvres.

Dans le sud de la France, à Avignon, des agriculteurs se sont rassemblés autour du pont de l’Europe, un axe stratégique qu’ils envisagent de bloquer au fil de la journée. Sylvain Bernard, membre de la FDSEA 84, a déclaré :

Nos revenus continuent de se dégrader malgré les annonces faites l’hiver dernier. Nous sommes ici pour exiger des mesures concrètes.

Dans la Sarthe, des panneaux de communes ont été recouverts par des bâches pour attirer l’attention sur les problématiques agricoles. Ce type d’action a également été observé dans d’autres départements comme l’Isère, le Rhône et les Deux-Sèvres. À Beauvais (Oise), des feux de protestation ont été allumés la semaine dernière, marquant le début de cette mobilisation.

En Tarn-et-Garonne, un rassemblement est prévu ce soir au rond-point de l’Europe à Montauban. Damien Garrigues, président de la FDSEA locale, a affirmé :

Nous avions laissé du temps au gouvernement, mais rien n’a changé. Il est temps de nous faire entendre.

Les revendications des agriculteurs

L’un des principaux motifs de cette mobilisation est l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay). Les agriculteurs dénoncent une concurrence jugée déloyale, notamment sur les viandes bovines et le soja, produits avec des normes environnementales et sanitaires bien moins strictes qu’en Europe.

Un agriculteur francilien a déclaré :

Importer des produits bas de gamme, fabriqués avec des normes moindres, détruit notre agriculture.

Ce sentiment est partagé par Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, qui a appelé à bloquer la signature de cet accord.

Les agriculteurs exigent également une mise en œuvre rapide des aides promises par le gouvernement. Ils pointent du doigt des trésoreries exsangues, aggravées par des récoltes médiocres cette année et une inflation des coûts de production. Des retards dans les versements des aides européennes (FEADER) ajoutent à leurs difficultés.

Une mobilisation sous surveillance

Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a annoncé une “tolérance zéro” en cas de blocages durables qui empêcheraient la liberté de circulation. Il a rappelé que le droit de manifester devait être encadré pour éviter des dérives. Pour l’heure, les actions observées restent majoritairement pacifiques, avec une voie de circulation maintenue sur les grands axes concernés.

Malgré les perturbations, certains automobilistes expriment leur soutien aux manifestants. Sur la N118, des coups de klaxon ont été rapportés comme signe de solidarité avec les agriculteurs présents.

Les syndicats agricoles préviennent que d’autres actions sont prévues dans les semaines à venir si leurs revendications ne sont pas entendues. Les agriculteurs, déjà éprouvés par une année difficile, considèrent ces mobilisations comme une ultime tentative pour sauver leurs exploitations et préserver l’avenir de l’agriculture française.