L’impact carbone de l’audiovisuel pourrait augmenter de 30 % d’ici 2030, selon une étude récente menée conjointement par l’Arcom, l’Arcep et l’ADEME. Cette analyse souligne l’urgence d’adopter des pratiques plus respectueuses de l’environnement dans ce secteur en pleine croissance. Si des actions immédiates ne sont pas mises en place, cette augmentation pourrait gravement compromettre les efforts de réduction des émissions globales.
Une industrie en pleine croissance, un impact préoccupant
Le secteur audiovisuel occupe une place centrale dans nos vies quotidiennes. Entre télévision, streaming vidéo et audio, les usages se multiplient et la consommation s’intensifie. Les émissions de gaz à effet de serre liées à l’audiovisuel représentent déjà environ 0,9 % de l’empreinte carbone nationale en France, avec un potentiel d’augmentation significatif si aucune mesure n’est prise.
Selon l’étude, une heure de consommation audiovisuelle émet l’équivalent de 6 à 57 grammes de CO2 selon les différents usages. Pour mettre cela en perspective, cela correspond aux émissions générées par un passager de TGV parcourant entre 2 et 20 kilomètres. Ces chiffres, bien que modestes pris isolément, deviennent alarmants lorsqu’on les multiplie par la quantité d’heures de contenu consommées chaque jour par des millions de personnes.
Le rôle majeur des terminaux audiovisuels
La fabrication des terminaux (téléviseurs, smartphones, tablettes) est responsable de 72 à 90 % des émissions liées à l’audiovisuel. En effet, leur production consomme une quantité importante de ressources minérales et métalliques, tout en étant énergivore. Par ailleurs, leur durée de vie limitée contribue à aggraver cet impact, car les terminaux sont souvent remplacés au lieu d’être réparés ou reconditionnés.
Malgré l’émergence de nouveaux usages, tels que les plateformes de streaming, la télévision reste la principale source d’émissions de CO2 dans ce secteur. La télévision linéaire, par exemple, représente à elle seule 52 % de l’empreinte carbone de l’audiovisuel en France. Ce chiffre s’explique par le temps d’utilisation important et la taille des écrans.
Des scénarios d’évolution divergents
L’étude prévoit trois scénarios pour l’évolution de l’empreinte carbone de l’audiovisuel d’ici 2030 :
- Le scénario tendanciel, dans lequel aucune action n’est prise pour réduire les émissions, prédit une augmentation de 30 % de l’empreinte carbone du secteur.
- Le scénario écoconception propose d’intégrer des pratiques plus vertueuses dans la conception des terminaux et des services, permettant une baisse de 6 % des émissions d’ici 2030.
- Le scénario sobriété, quant à lui, suppose l’adoption de comportements plus responsables de la part des utilisateurs et des entreprises. Ce scénario permettrait de réduire d’un tiers l’empreinte carbone du secteur.
L’importance de l’écoconception et de la sobriété
Face à cette réalité, l’écoconception des services audiovisuels se présente comme une solution essentielle. Il s’agit, entre autres, d’allonger la durée de vie des téléviseurs, smartphones et autres équipements en améliorant leur réparabilité et en promouvant l’achat de produits reconditionnés. Cela permettrait de réduire la dépendance à la production de nouveaux appareils, tout en atténuant les impacts environnementaux liés à la fabrication.
La sobriété numérique est une autre piste prometteuse. Cette démarche consiste à encourager les utilisateurs à opter pour des pratiques plus respectueuses, comme l’utilisation du Wi-Fi au lieu des réseaux mobiles (4G/5G), qui sont plus énergivores. De plus, il est recommandé de réduire la résolution des vidéos et d’adopter des pratiques comme la désactivation de la lecture automatique ou l’évitement des publicités en ligne.
Le streaming : un enjeu majeur
L’étude montre également que le streaming vidéo constitue une part croissante de l’empreinte carbone de l’audiovisuel. Contrairement à la télévision traditionnelle, les plateformes de streaming demandent une infrastructure plus complexe et énergivore, notamment en raison de l’utilisation massive des centres de données. À durée égale, une vidéo regardée en streaming génère davantage d’émissions de CO2 qu’une émission télévisée en diffusion linéaire.
En outre, la vidéo à la demande, telle que Netflix ou YouTube, a un impact plus élevé que la télévision, car elle repose sur des réseaux plus intensifs en énergie et en bande passante. Cependant, des ajustements comme la réduction de la qualité vidéo (passer de la 4K à la HD, par exemple) peuvent considérablement limiter les émissions.
Vers une production audiovisuelle plus verte
Les entreprises du secteur audiovisuel sont également invitées à prendre des mesures pour réduire l’impact écologique de leurs productions. Cela pourrait passer par une meilleure gestion de l’énergie sur les plateaux de tournage, la réduction des déplacements pour les équipes de production ou encore l’utilisation de matériaux durables pour les décors et accessoires.
La course est lancée pour contenir l’empreinte carbone de l’audiovisuel, un secteur en constante expansion. Selon les experts, une combinaison de mesures d’écoconception et de sobriété pourrait non seulement freiner l’augmentation des émissions, mais également permettre une réduction de l’ordre de 33 % d’ici 2030.
En sensibilisant à l’impact environnemental de nos habitudes de consommation audiovisuelle et en promouvant des pratiques plus durables, il est encore possible d’inverser la tendance. L’avenir de l’audiovisuel réside dans sa capacité à réduire son empreinte carbone tout en répondant aux attentes croissantes des consommateurs.