L’Italie envisage la castration chimique pour les coupables de violences sexuelles

La castration chimique est une procédure médicale consistant à administrer des substances bloquant la production de testostérone. Ce traitement vise à réduire la libido et les pulsions sexuelles chez les personnes reconnues coupables de crimes sexuels. Contrairement à une castration chirurgicale, cette méthode est réversible, car ses effets cessent dès l’arrêt du traitement. Toutefois, son efficacité pour prévenir les récidives reste un sujet de débat parmi les experts.
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L’Italie est en passe d’explorer la légalisation de la castration chimique pour les auteurs de violences sexuelles. Le 18 septembre 2024, la Chambre des députés a approuvé la création d’un comité chargé de rédiger une loi encadrant ce traitement. Sous l’impulsion de la Ligue, un parti politique d’extrême droite membre de la coalition gouvernementale de Giorgia Meloni, ce projet vise à réduire les risques de récidive tout en étant soumis à des conditions strictes : le consentement de l’individu concerné et la réversibilité du traitement.

Depuis son arrivée au pouvoir en 2022, le gouvernement de Giorgia Meloni a multiplié les initiatives pour renforcer la sécurité. Ces mesures incluent la création de nouveaux délits et l’augmentation des peines, notamment dans des régions touchées par des crimes graves, comme Caivano, où un viol collectif avait suscité l’indignation nationale. La Ligue, représentée par Matteo Salvini, qualifie cette proposition de « victoire historique », estimant qu’elle est synonyme de justice et bon sens.

Cependant, cette initiative suscite une forte opposition. Les détracteurs, issus notamment du Parti Démocrate et de l’Alliance des Verts et de la Gauche, dénoncent une mesure « inhumaine » et « anticonstitutionnelle », arguant qu’elle remet en question des principes fondamentaux du système juridique italien, qui a aboli les châtiments corporels depuis plusieurs siècles. Certains opposants vont jusqu’à caricaturer le projet, évoquant des punitions archaïques telles que le goudron et les plumes.

Où la castration chimique est-elle autorisée ?

La castration chimique est déjà appliquée dans plusieurs pays, dont la Russie, la Pologne, et certains États américains. En France, ce traitement existe sous le nom de traitement inhibiteur de libido, mais uniquement sur la base du consentement du condamné et dans un cadre strictement médical. Il ne peut être imposé par une décision judiciaire. De même, cette mesure est utilisée en Belgique et dans des pays comme le Kazakhstan, où les autorités ont récemment annoncé une politique stricte avec des injections annuelles pour les récidivistes sexuels.

Les opinions divergent quant à l’efficacité de la castration chimique pour prévenir les récidives. Si certains soutiennent que la réduction des pulsions sexuelles diminue les risques de récidive, d’autres experts soulignent que les crimes sexuels résultent souvent de facteurs culturels ou psychologiques, et non seulement de pulsions incontrôlées. Par ailleurs, des effets secondaires notables, tels que des troubles dépressifs, des pertes d’énergie, et des altérations physiques, sont souvent observés chez les personnes soumises à ce traitement.

Les groupes féministes rappellent que les politiques visant à réduire les violences sexuelles devraient se concentrer sur les racines culturelles et systémiques du problème. Ils insistent sur le fait que des campagnes d’éducation, des politiques d’égalité des genres, et un meilleur encadrement juridique sont nécessaires pour combattre durablement ce fléau.

La proposition italienne, bien qu’encore en cours de rédaction, pourrait aboutir à un modèle équilibré où le consentement et la réversibilité du traitement seraient garantis. Cette approche chercherait à répondre à la demande de justice tout en respectant les droits fondamentaux des individus. Toutefois, les débats restent houleux et montrent à quel point ce sujet divise la société italienne, entre quête de sécurité et respect des principes démocratiques.

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