Un adorable bébé hippopotame pygmée est devenu la star incontournable du Zoo de Chonburi en Thaïlande. Ce petit animal, baptisé Moo Deng, qui signifie « cochon qui rebondit », a su captiver le cœur des visiteurs et des internautes du monde entier. Ses vidéos cumulant des millions de vues sur les réseaux sociaux, Moo Deng est devenue un véritable phénomène viral. Mais pourquoi cet engouement pour ce bébé hippopotame est-il si fort ?
Les chercheurs expliquent que l’attrait pour les bébés animaux, comme Moo Deng, trouve ses racines dans notre propre instinct nourricier. Les caractéristiques des bébés animaux – grands yeux, têtes rondes, corps potelés – ressemblent à celles des nourrissons humains. Ce lien visuel stimule un réflexe de protection et de bienveillance chez nous. Daniel Kruger, chercheur en psychologie évolutionniste, souligne que ces traits sont interprétés comme des signes d’impuissance et de dépendance, ce qui motive les humains à prendre soin de ces petits êtres. Cet instinct, si puissant qu’il se manifeste même entre espèces, est une raison majeure pour laquelle les humains sont attirés par des créatures comme Moo Deng.
Présentée au public le 25 juillet dernier, Moo Deng a rapidement acquis une notoriété internationale. Les visiteurs affluent en masse pour voir le petit hippopotame pygmée, faisant du Zoo de Chonburi un lieu très fréquenté. Chaque jour, des milliers de personnes se pressent pour apercevoir le bébé, causant parfois des scènes qui soulèvent des questions éthiques. Des vidéos montrent des visiteurs essayant d’interagir avec elle de manière intrusive, aspergeant même d’eau l’animal pour attirer son attention. Cette sur-médiatisation pose des questions sur le bien-être de Moo Deng, surtout lorsqu’elle est exposée à une telle agitation dès son plus jeune âge.
L’attrait pour Moo Deng ne se limite pas seulement au zoo. Des grandes marques ont rapidement saisi l’opportunité de sa popularité pour en faire un outil marketing. Sephora, par exemple, a lancé une campagne de maquillage inspirée par le teint rose pêche de l’hippopotame. De même, une boulangerie de Bangkok a créé un gâteau à son effigie. Cette exploitation commerciale de l’image de Moo Deng soulève des questions sur la frontière entre célébration de la nature et utilisation à des fins lucratives.
Au-delà de son adorable apparence, Moo Deng incarne une espèce en danger. L’hippopotame pygmée est classé « en danger » par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). Il ne resterait plus que 2 500 individus à l’état sauvage, principalement en Afrique de l’Ouest, dans des pays comme la Sierra Leone, la Guinée, le Liberia, et la Côte d’Ivoire. Les causes de ce déclin sont la perte de leur habitat naturel et le braconnage. David Barash, biologiste évolutionniste, espère que la célébrité de Moo Deng permettra de sensibiliser le public aux défis que rencontrent les hippopotames pygmées et encouragera des actions de conservation pour protéger ces animaux.
Face à l’ampleur de la popularité de Moo Deng, le Zoo de Chonburi a dû mettre en place des mesures de sécurité renforcées. Des caméras supplémentaires ont été installées, et un surveillant veille désormais en permanence sur l’enclos du bébé hippopotame pour éviter tout débordement de la part des visiteurs. Malgré ces précautions, le zoo envisage de mettre en place un flux direct 24 heures sur 24 pour répondre à l’engouement du public, tout en essayant de protéger la tranquillité de Moo Deng.
La popularité de Moo Deng nous rappelle l’importance de l’éducation et de la sensibilisation à la conservation des espèces menacées. Les animaux des zoos, tout comme Moo Deng, peuvent servir d’ambassadeurs pour leur espèce, permettant de mettre en lumière les enjeux de la préservation de la biodiversité. Toutefois, il est essentiel de trouver un équilibre entre la mise en avant de ces animaux et le respect de leur bien-être.
🦛 Moo Deng, hippopotame nain de deux mois, est la nouvelle mascotte du zoo de Khao Khew en Thaïlande 👇 pic.twitter.com/sH8WcIONg7
— 75 Secondes 🗞️ (@75secondes) September 19, 2024