Le 31 octobre, le tribunal de Paris a vu s’ouvrir un procès très attendu : celui du conducteur accusé d’avoir causé la mort d’Antoine Alléno, fils du chef étoilé Yannick Alléno. Ce drame, survenu le 8 mai 2022, a choqué la France entière, mettant en lumière les dangers de la violence routière. Ce jour-là, le chauffard, Franky D., roulait ivre et sans permis dans une Audi RS6 volée, à une vitesse démesurée dans les rues de Paris.
Face à la famille Alléno, endeuillée et déterminée, Franky D., mis en examen pour homicide involontaire avec circonstances aggravantes, risque une peine allant jusqu’à dix ans de prison et 150 000 euros d’amende.
Le récit d’une nuit tragique
Le soir du drame, Franky D. avait passé la soirée dans un restaurant, où il volera ensuite la voiture, une puissante Audi RS6. À bord du véhicule, il circule à 120 km/h, bien au-delà de la limite autorisée de 30 km/h dans le 7ᵉ arrondissement de Paris. Peu avant minuit, il percute un VTC puis un taxi à un feu rouge, avant de perdre le contrôle et de frapper un scooter, sur lequel se trouvait Antoine Alléno, 24 ans, avec une passagère.
Le choc est fatal pour Antoine, projeté violemment sur la chaussée, tandis que sa passagère s’en sort blessée. Franky D., tentant de fuir à pied, est rapidement intercepté par un policier hors service. Au moment de son arrestation, son taux d’alcoolémie s’élève à 1,56 g/l de sang, confirmant son état d’ivresse avancé.
La famille Alléno, ébranlée par la tragédie, s’est rapidement mobilisée pour faire reconnaître l’« homicide routier » comme un délit distinct. Yannick Alléno, père du défunt, s’engage ainsi pour que la loi punisse plus sévèrement les délits de cette nature. La proposition de loi, soutenue par de nombreuses familles victimes de violences routières, devait être débattue avant la dissolution de l’Assemblée nationale, interrompant provisoirement son chemin législatif.
Lors de son passage à la barre, Yannick Alléno livre un témoignage poignant, décrivant en détails la scène qu’il a découverte ce soir-là :
J’ai vu une scène de chaos, mon fils sous une couverture, ses chaussettes que j’ai reconnues. C’était comme une scène d’attentat.
Sa douleur, palpable, reflète l’injustice ressentie par toute une famille face à une perte brutale et incompréhensible.
La mère d’Antoine, Isabelle Alléno, également présente, partage cette peine intense, parlant de ce « séisme » qui a bouleversé sa vie. « Tout s’est écroulé pour moi ce 8 mai », confie-t-elle, soulignant le combat quotidien pour surmonter une perte qu’aucun parent ne souhaite connaître.
Les déclarations et la défense de Franky D.
Le comportement de Franky D. devant la cour s’est avéré minimaliste et hésitant. Il reconnaît les faits, sauf pour les violences présumées lors du vol de la voiture, mais invoque des souvenirs fragmentaires dus à une consommation excessive d’alcool. Bien qu’il s’excuse auprès de la famille Alléno, ses déclarations sont vagues, se limitant souvent à de simples « oui » ou « non », et ne laissent entrevoir que peu de remords explicites. Face aux questions de la cour, il affirme « avoir commis l’irréparable », mais ses paroles peinent à convaincre.
Ce manque de clarté contraste avec l’émotion de la salle d’audience, où les proches d’Antoine et le public, émus, assistent à la douleur d’une famille dévastée.
Requêtes de la justice et enjeux de la condamnation
Le procureur a requis huit ans de prison ferme et un mandat de dépôt pour Franky D., avec une interdiction de conduire pendant dix ans. Cette décision, d’une rare sévérité pour un cas d’homicide involontaire, illustre la volonté de la justice de lutter contre la récidive et la violence routière.
Cette peine est également accompagnée de la demande d’annulation du permis de conduire pour Franky D., mesure importante dans le cadre de la prévention des délits de la route. Ses deux co-prévenus, René A. et Sniper G., comparaient quant à eux pour complicité de vol en réunion, mais contestent leur implication.
Le déroulement de l’audience a révélé l’intensité des émotions partagées dans la salle du tribunal, entre colère, chagrin et incompréhension. Yannick Alléno, au bord des larmes, s’est exprimé sans détour sur sa douleur, tandis que la mère d’Antoine s’efforce de soutenir le regard de la justice en mémoire de son fils.
Pour la famille Alléno, cette tragédie dépasse le cadre d’une simple affaire criminelle. Elle soulève des questions profondes sur la justice, la sécurité routière et la responsabilité des conducteurs. L’issue de ce procès pourrait également marquer une avancée législative dans la reconnaissance et la sanction des homicides routiers, sujet crucial pour de nombreuses familles endeuillées.
Le verdict final, attendu pour le 28 novembre, sera une étape décisive, non seulement pour la famille Alléno, mais aussi pour toutes les victimes de la violence routière qui espèrent voir les coupables de tels actes tenus responsables de leurs actions.