De nombreuses études montrent que les jeunes préfèrent les messages écrits ou les notes vocales aux appels téléphoniques. Selon une enquête récente, 61 % des jeunes de la génération Z privilégient les SMS, tandis que 37 % d’entre eux utilisent les messages vocaux comme principal moyen de communication. Ces formats offrent plusieurs avantages :
- Asynchronie : Ils permettent de répondre à son rythme, sans la pression d’une réponse immédiate.
- Réflexion : Les utilisateurs peuvent réfléchir avant de répondre, ce qui réduit le risque de malentendus ou d’erreurs.
- Simplicité : Les messages écrits ou vocaux sont perçus comme moins engageants émotionnellement.
Louis, 19 ans, explique :
Les vocaux me permettent de répondre quand je suis prêt, sans la tension d’un appel téléphonique direct.
L’anxiété liée aux appels téléphoniques
Un facteur clé expliquant cette tendance est l’anxiété que provoquent les appels téléphoniques. Selon une étude de 2019, 76 % des moins de 30 ans ressentent du stress à l’idée de répondre au téléphone. La peur de l’imprévu, de ne pas savoir quoi dire ou d’être confronté à une discussion difficile contribue à cette appréhension.
Chloé, 22 ans, partage :
Répondre au téléphone m’angoisse. La sonnerie seule me fait paniquer. Je préfère régler les choses par message.
Cette crainte est exacerbée par la diminution de l’habitude d’appeler, rendant chaque interaction téléphonique plus rare et donc plus intimidante.
Une communication plus maîtrisée et intentionnelle
Le rejet des appels téléphoniques s’inscrit dans un mouvement plus large de contrôle de la communication. Les jeunes recherchent une interaction plus choisie, qu’ils peuvent gérer selon leur disponibilité. Ce mode de fonctionnement reflète une préférence pour une consommation « à la demande », ancrée dans leurs habitudes numériques, comme regarder des séries ou écouter de la musique à leur propre rythme.
Catherine Lejealle, sociologue spécialiste des usages numériques, explique :
Cette génération préfère des modes de communication qui respectent leur emploi du temps et leur besoin d’autonomie. Les appels téléphoniques sont perçus comme une intrusion.
Le poids des attentes sociales
Les appels téléphoniques sont souvent associés à des mauvaises nouvelles ou à des conversations exigeantes. Plus de 56 % des jeunes s’attendent à une annonce négative lorsqu’ils reçoivent un appel imprévu. Cette perception, couplée à une préférence pour les interactions indirectes, les pousse à éviter les appels.
Eloise Skinner, psychothérapeute, ajoute :
Les appels demandent un engagement émotionnel plus important que les messages. Ils obligent à une concentration immédiate et à une interaction en temps réel, ce qui peut être difficile pour des jeunes habitués à gérer plusieurs tâches en même temps.
Les notes vocales : une alternative hybride
Les notes vocales représentent un compromis intéressant entre l’appel téléphonique et le message écrit. Elles permettent d’exprimer des émotions et des nuances tout en respectant l’asynchronie. Ce format connaît un grand succès auprès des jeunes, bien qu’il divise parfois : certains apprécient la flexibilité qu’il offre, tandis que d’autres trouvent les longs messages vocaux fastidieux.
Louis, 20 ans, explique :
Avec les vocaux, je garde le contrôle. Je peux écouter et répondre quand je veux, sans la pression d’une conversation en direct.
L’évolution des usages dans le monde du travail
Cette tendance à éviter les appels téléphoniques se reflète également dans le monde professionnel. Les jeunes employés préfèrent souvent communiquer par e-mails ou messageries instantanées, considérées comme moins intrusives et plus efficaces. Cependant, cette pratique pose des défis, notamment en ce qui concerne la spontanéité et la qualité des échanges.
Elena Touroni, psychologue, note :
Dans un contexte professionnel, les appels permettent de résoudre rapidement des problèmes complexes et d’établir une connexion plus personnelle. Leur absence peut entraîner une perte d’efficacité et un manque de proximité.
Individualisme ou protection émotionnelle ?
Le refus des appels téléphoniques est parfois interprété comme un signe d’individualisme ou de fragilité émotionnelle. Cependant, il peut également être vu comme une tentative de protéger son temps et son énergie. Les jeunes cherchent à éviter les interactions qu’ils perçoivent comme intrusives ou stressantes.
Selon Catherine Lejealle :
Les appels téléphoniques sont perçus comme une forme d’interruption imposée. Les jeunes préfèrent des modes de communication qui leur permettent de gérer leur temps et leur espace mental.
Alors que les habitudes de communication évoluent, certains se demandent si les appels téléphoniques traditionnels sont voués à disparaître. Bien qu’ils restent essentiels dans certains contextes, comme les urgences ou les conversations importantes, leur usage quotidien diminue. Les jeunes privilégient des alternatives qui s’intègrent mieux à leur mode de vie numérique.
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