Magali Berdah, figure emblématique des influenceurs en France, est au cœur d’une nouvelle tourmente judiciaire. Le parquet de Nice a requis 18 mois de prison, dont six mois ferme sous bracelet électronique, pour des faits de banqueroute et de blanchiment, remontant à l’époque où elle travaillait dans le courtage en assurance. Alors qu’elle est devenue une personnalité incontournable du monde des réseaux sociaux, ce procès pourrait sérieusement ternir son image.
Une affaire remontant à près de dix ans
L’affaire qui conduit aujourd’hui Magali Berdah devant la justice concerne la gestion de la société BA & CO, une entreprise de courtage en assurances, créée en 2013 et placée en liquidation judiciaire en 2015 avec un passif de 2,5 millions d’euros. À l’époque, elle se présente comme une simple salariée, mais le parquet estime qu’elle était la gérante de fait de cette entreprise.
Selon les documents présentés au tribunal, la comptabilité de la société était pour le moins opaque, avec des retraits de 80 000 euros en liquide non justifiés et des transactions douteuses sur un compte ouvert au nom d’une secrétaire. Ce compte servait à payer les salaires, mais il a également été utilisé pour des dépenses de luxe, telles que des séjours dans des hôtels de Monaco et des achats de vêtements, qui n’ont jamais été expliqués clairement.
Magali Berdah se défend : « Je n’étais pas la gérante »
Face aux accusations, Magali Berdah adopte une position combative. Elle assure qu’elle n’était pas responsable de la gestion financière de la société et qu’elle ne faisait que remplir son rôle de commerciale. Elle admet cependant avoir utilisé le compte de la secrétaire pour certains paiements, mais elle précise qu’elle a aussi injecté ses propres fonds dans ce compte à titre personnel, pour aider la société à surmonter ses difficultés financières.
Son argument principal est simple : elle n’a jamais été la gérante officielle de BA & CO. La société était dirigée par sa mère et auparavant par une amie d’enfance. Mais l’accusation reste ferme, estimant qu’elle jouait un rôle prépondérant dans l’orientation des affaires de la société. Pour la procureure Sylvie Maillard, « tous les faisceaux d’indices convergent » pour prouver que Magali Berdah était bel et bien aux commandes, même si elle s’en défend aujourd’hui.
Des pratiques déjà controversées dans le monde des influenceurs
Le procès pour banqueroute intervient alors que Magali Berdah est déjà sous les feux des projecteurs pour d’autres affaires. Connue pour avoir fondé en 2017 l’agence Shauna Events, spécialisée dans la mise en relation des influenceurs et des marques, elle a vu sa réputation sévèrement écornée en 2022 lorsque le rappeur Booba l’a accusée de pratiques commerciales trompeuses. Cette campagne de dénonciation sur les réseaux sociaux, qualifiant les pratiques des influenceurs de « influvoleurs », a eu un large écho médiatique.
Malgré ces attaques, Magali Berdah a toujours nié en bloc les accusations. Elle a même intenté une action en justice contre Booba pour harcèlement moral en ligne, un dossier qui a abouti à la mise en examen du rappeur. Cependant, le procès en cours à Nice risque d’accentuer la pression sur celle qui est souvent qualifiée de « papesse des influenceurs ».
Une condamnation avec interdiction de gérer requise
Outre la peine de prison, la procureure a également requis une interdiction définitive de gérer une entreprise pour Magali Berdah. Cette sanction, si elle est confirmée, pourrait marquer un tournant décisif dans sa carrière, puisqu’elle a bâti son empire autour de la gestion de nombreuses entreprises et partenariats dans l’univers des réseaux sociaux.
L’accusation s’appuie sur les nombreuses sociétés qu’elle a créées au cours de sa carrière, rappelant qu’elle a déjà laissé derrière elle un passif de 350 000 euros lors de la liquidation d’autres entreprises. Ces faits, associés aux accusations actuelles, renforcent l’image d’une gestion opaque et contestable.
Un procès aux répercussions importantes
Ce procès de Magali Berdah dépasse la simple affaire de banqueroute. Il reflète un contraste saisissant entre l’image d’une entrepreneuse à succès dans le milieu des influenceurs et la réalité des affaires plus obscures dans lesquelles elle est impliquée. Les répercussions de ce jugement pourraient affecter non seulement sa carrière, mais aussi le monde de l’influence en général, où les pratiques commerciales sont souvent pointées du doigt.
Si Magali Berdah est condamnée, cela pourrait également ouvrir la voie à d’autres procédures judiciaires visant des influenceurs et agents travaillant dans l’ombre. Le jugement, qui est attendu dans les prochaines semaines, sera donc scruté de près, non seulement par les experts juridiques, mais aussi par le grand public, attentif aux dessous d’un monde souvent idéalisé.