Rachida Dati veut une réforme de l’audiovisuel public

La ministre de la Culture, Rachida Dati, relance sa réforme de l’audiovisuel public, un chantier politiquement sensible et fortement contesté. Alors que deux journées de grève sont annoncées chez France Télévisions, Radio France ou encore l’INA, la ministre persiste et signe. Pour elle, cette réforme est « indispensable » dans un paysage médiatique en mutation.
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Une holding pour mutualiser les moyens

Le texte défendu par Rachida Dati prévoit la création d’une holding baptisée France Médias. Cette structure chapeauterait France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et l’INA. Le but affiché : renforcer la coopération entre ces entités tout en préservant leur identité et leurs missions de service public.

Le projet fait écho à un modèle britannique bien connu : la BBC. L’idée est de mutualiser certains services (finances, RH, achats) tout en maintenant des rédactions indépendantes. Rachida Dati espère ainsi moderniser la gouvernance du secteur sans le fragiliser.

Une opposition syndicale et politique très forte

Les syndicats réagissent avec virulence. Un préavis de grève commun a été déposé dans toutes les entreprises concernées. Radio France, France Télévisions, l’INA et France Médias Monde sont tous appelés à faire grève lundi et mardi. L’intersyndicale dénonce une réforme précipitée, sans concertation suffisante, et redoute un affaiblissement de l’indépendance éditoriale.

La gauche, mais aussi le Rassemblement national, menacent de déposer une motion de censure contre le gouvernement si le texte va trop loin. Rachida Dati dénonce, elle, une volonté d’obstruction de la part de certains députés socialistes, notamment Emmanuel Grégoire, accusé d’avoir déposé à lui seul plus de 1 000 amendements.

Une stratégie politique assumée

Malgré les tensions, Rachida Dati affirme bénéficier du soutien total d’Emmanuel Macron. Elle compte aussi sur l’appui du « bloc central » et des Républicains pour faire adopter la réforme à l’Assemblée nationale.

La proposition de loi portée par le sénateur Laurent Lafon doit être examinée le 10 avril à l’Assemblée. Mais des retards sont déjà envisagés, compte tenu du contexte social et parlementaire. En coulisses, certains évoquent un possible report de plusieurs semaines.

Un secteur audiovisuel en quête d’équilibre

Pour ses défenseurs, cette réforme permettrait de clarifier la stratégie des médias publics face à la concurrence des plateformes et aux baisses de financements. Pour ses opposants, elle risque de diluer les spécificités de chaque entité et de fragiliser l’emploi.

Ce bras de fer met en lumière une fracture entre deux visions : celle d’un audiovisuel public réorganisé pour mieux affronter les défis du numérique, et celle d’un service public protégé de toute logique gestionnaire. La réforme de Rachida Dati cristallise ce débat.

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