Redouan El Farihu plaide non coupable au procès des viols de Mazan

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Le procès des viols de Mazan, qui s’est ouvert au début de septembre, continue de secouer le tribunal du Vaucluse. Parmi les 51 accusés, Redouan El Farihu, infirmier libéral de 55 ans, a fait une déclaration retentissante en plaidant non coupable. Il est jugé pour des faits graves de viol sur Gisèle Pelicot, un acte qui aurait eu lieu en juin 2019. À la barre, son discours sans empathie et ses explications hasardeuses ont plongé la salle dans un mélange de stupéfaction et de malaise.

Un discours troublant et sans empathie

Lors de son passage à la barre, Redouan El Farihu a tenté de justifier ses actions en expliquant sa vision déformée des événements. Il affirme avoir cru participer à une mise en scène consentie orchestrée par Dominique Pelicot, le mari de la victime. Pour lui, le consentement de Gisèle Pelicot passait par son époux, qu’il considère comme le détenteur de son approbation. Cependant, la réalité décrite par les enquêteurs et les témoignages de la victime est tout autre.

Redouan El Farihu a également dévoilé des aspects troublants de sa vie personnelle. Accro à la masturbation et aux relations extraconjugales, il a multiplié les aventures tarifées et libertines malgré une vie de couple qu’il qualifie de « heureuse ». Il mentionne avoir attendu plus d’une heure dans sa voiture près du stade, attendant l’accord de Dominique Pelicot pour ce qu’il croyait être un jeu de rôle sexuel, et non un viol. Son manque flagrant d’empathie et sa tentative de minimiser son implication ont rapidement choqué l’audience.

L’accusé a continué à plaider sa bonne foi, affirmant qu’il n’avait aucune intention de commettre un viol, mais qu’il s’était laissé « manipuler » par Dominique Pelicot. Selon lui, il a été victime de ce qu’il appelle une « ruse caractérisée », et il n’aurait jamais agi de la sorte s’il avait su que Gisèle Pelicot n’était pas consentante. Cependant, cette défense a rapidement été remise en question par l’accusation et la victime, qui ont décrit une réalité bien plus sombre et violente.

Un procès qui met en lumière la culture du viol

Le procès des viols de Mazan est marqué par la présence de 51 accusés, hommes de tout âge et de divers milieux professionnels. Maçons, militaires, pompiers, journalistes ou encore infirmiers, ils ont tous en commun d’avoir participé ou d’avoir été complices dans ce vaste réseau de violences sexuelles orchestré par Dominique Pelicot sur son épouse inconsciente.

Ce procès révèle une triste réalité : les violences sexuelles peuvent être perpétrées par des individus de toutes classes sociales et de toutes professions. Parmi les accusés, certains sont des professionnels de santé, d’autres des militaires ou des retraités. Tous nient leur culpabilité, et certains avancent des justifications aussi invraisemblables qu’indécentes.

La plupart des accusés affirment avoir été induits en erreur par Dominique Pelicot, qui leur aurait présenté les actes sexuels comme étant consentis par son épouse. Pourtant, les preuves matérielles et les témoignages des enquêteurs sont accablants, et montrent une réalité de violences répétées et planifiées.

Le rôle central de Dominique Pelicot

Au cœur de cette affaire se trouve Dominique Pelicot, le mari de la victime. Pendant plus de dix ans, il aurait drogué son épouse pour permettre à d’autres hommes de la violer alors qu’elle était inconsciente. Ces actes ont été filmés, et ces vidéos constituent des preuves cruciales dans ce procès.

Dominique Pelicot, bien qu’ayant reconnu sa responsabilité dans l’organisation de ces viols, continue de soutenir que les hommes qu’il a invités à participer savaient exactement dans quoi ils s’engageaient. Cette position a profondément marqué le procès, où de nombreux accusés tentent de minimiser leur rôle ou de se dédouaner en se présentant eux-mêmes comme des victimes d’une manipulation.

Des justifications invraisemblables

Tout au long des audiences, les justifications des accusés n’ont cessé de surprendre. Nombre d’entre eux ont plaidé qu’ils ne se rendaient pas compte que la victime était inconsciente, évoquant un scénario libertin où Gisèle Pelicot feignait de dormir. Ces explications, souvent incohérentes, ne tiennent pas face aux preuves matérielles et aux témoignages accablants.

Redouan El Farihu lui-même, interrogé sur son rôle dans cette affaire, a multiplié les déclarations contradictoires. Il prétendait ne pas avoir compris que la victime était inconsciente, tout en reconnaissant avoir participé activement aux actes sexuels. Face à l’accusation, il a tenté de se justifier en affirmant que « la bouche de Gisèle Pelicot était déjà ouverte », minimisant ainsi sa propre responsabilité.

Une affaire qui secoue l’opinion publique

Le procès des viols de Mazan est devenu un symbole des violences sexuelles et de la culture du viol profondément enracinée dans certains milieux. Les détails sordides révélés au cours des audiences ont choqué l’opinion publique, et la défense des accusés, souvent fondée sur des notions douteuses de consentement, ne fait que renforcer le sentiment d’injustice.

Face à ces 51 accusés, Gisèle Pelicot a fait preuve d’un courage immense en choisissant de témoigner à visage découvert. Elle a exprimé sa volonté de briser le silence autour des violences sexuelles et de changer la perception publique de ces crimes. Pour elle, il est essentiel que la honte ne repose plus sur les victimes, mais bien sur les agresseurs.

Ce procès, qui se poursuit encore, est une affaire hors du commun par l’ampleur des accusations et la diversité des profils des accusés. Il met en lumière les dérives d’un système où la notion de consentement est volontairement déformée, et où des hommes de tous horizons se retrouvent impliqués dans des actes de violence sexuelle d’une gravité extrême.

Avec ce procès, c’est toute la société qui est appelée à une réflexion profonde sur les mécanismes de domination et de violence, et sur la nécessité de rendre justice aux victimes.

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