SNCF et RATP : dès demain, les contrôleurs autorisés à filmer leurs interventions

C’est un changement majeur qui va s’opérer sur vos trajets quotidiens dès demain matin. Fini la parole contre parole en cas de litige ? À partir de ce vendredi 19 décembre 2025, les contrôleurs de la SNCF et de la RATP, mais aussi ceux des réseaux de bus et tramways partout en France, pourront porter et activer des caméras-piétons. Une mesure validée par un décret publié ce jeudi, qui vise à « apaiser » les tensions lors des vérifications de titres de transport.
controle ratp sncf

11 000 agents équipés pour la « dissuasion »

Jusqu’à présent, ce dispositif était réservé aux agents de la Sûreté Ferroviaire (la SUGE) ou du GPSR à la RATP, ces équipes souvent armées qui interviennent sur les situations tendues. Désormais, ce sont les agents de contrôle « classiques » — ceux qui scannent votre Navigo ou votre QR code TGV — qui entrent dans la boucle. Selon le ministère des Transports, cela concerne une force de frappe de plus de 11 000 agents sur l’ensemble du territoire, y compris sur les lignes transfrontalières.

L’objectif affiché par le ministre Philippe Tabarot est clair : la prévention. L’idée est que la présence d’une caméra visible sur le torse de l’agent fasse redescendre la pression d’un cran avant que l’incivilité ne vire à l’agression. C’est, selon le ministère, une « réponse immédiatement opérationnelle à l’insécurité ».

Vos droits : quand peuvent-ils filmer ?

Attention, cela ne signifie pas que vous serez filmé en continu dès que vous montez dans un RER ou un Intercités. Le décret encadre strictement l’usage de ces caméras individuelles. L’enregistrement n’est pas permanent ; il est déclenché manuellement par l’agent en cas d’incident.

La règle d’or est l’information : le contrôleur doit vous avertir oralement qu’il déclenche sa caméra. Il y a cependant une exception de taille notée dans les textes : si la situation présente un « risque immédiat d’atteinte à la vie ou à l’intégrité », l’agent peut activer l’enregistrement sans sommation pour se protéger.

Côté vie privée, une question se pose : que deviennent ces images ? Elles ne finiront pas sur les réseaux sociaux. Les enregistrements sont conservés de manière sécurisée pendant 30 jours, une durée légale standard pour ce type de dispositif, avant d’être effacés automatiquement, sauf si une procédure judiciaire est engagée entre-temps.

Après les caméras, bientôt des Tasers et de l’IA ?

Si l’arrivée des caméras-piétons est actée, elle pourrait n’être que la première étape d’un durcissement sécuritaire dans les transports. Le ministre Philippe Tabarot ne cache pas ses ambitions d’aller plus loin, malgré certains blocages juridiques.

La loi sur la sécurité dans les transports, adoptée en mars dernier, prévoyait initialement d’autres outils, comme l’usage de pistolets à impulsion électrique (Tasers) par les agents de sécurité ou l’utilisation de caméras algorithmiques. Ces mesures avaient été censurées par le Conseil constitutionnel, mais le gouvernement ne lâche pas l’affaire.

Interrogé ce jeudi, le ministre a confirmé vouloir revenir à la charge « à travers des décrets ». Sa logique est simple : si des agents formés portent déjà des armes létales (ce qui est le cas de la sûreté ferroviaire), ils devraient pouvoir disposer d’armes non létales intermédiaires. Même son de cloche pour l’intelligence artificielle : Philippe Tabarot juge « indispensable » de déployer la vidéosurveillance algorithmique, déjà testée lors d’événements sportifs, dans le « quotidien des Français ». Le débat sur la surveillance dans l’espace public est donc loin d’être clos.

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