Depuis plusieurs mois, des sachets de drogue sont retrouvés dans la cour, des bonbonnes de protoxyde d’azote sont lancées depuis la rue, et l’atmosphère est jugée anxiogène pour les enfants comme pour les enseignants.
Les parents d’élèves se mobilisent
Face à cette situation, la mairie a proposé une consultation citoyenne. 199 votants se sont exprimés parmi les 368 inscrits. Résultat : une majorité, avec 100 voix, s’est prononcée pour un transfert dès la rentrée des vacances de printemps, tandis que 97 préféraient attendre septembre. Deux bulletins étaient blancs.
Le maire de la commune, Karim Bouamrane, a confirmé le verdict via le réseau X. Il a salué la décision collective et appelé l’État à garantir un retour dans des conditions sûres. « Je compte sur les autorités pour assurer la sécurisation des lieux », a-t-il déclaré, en mentionnant notamment Élisabeth Borne et Bruno Retailleau.
Un transfert à quelques centaines de mètres
Les 60 élèves concernés quitteront les locaux actuels pour être répartis dans deux sites proches : le relais petite enfance et un groupe scolaire voisin. Une solution transitoire, mais nécessaire pour apaiser les familles. Le transfert sera effectif dès le 28 avril 2025.
La décision a été motivée par des faits inquiétants. En janvier, une bonbonne a été jetée contre une fenêtre de l’école. Des sachets de cocaïne ont été retrouvés dans la cour à trois reprises. L’école, située dans une zone minée par le trafic, est devenue un symbole des limites de l’action publique face à la violence urbaine.
Certains parents parlent d’une école « prise en otage », d’autres évoquent des enfants stressés ou des enseignants inquiets. Le personnel éducatif, lui aussi, a voté pour un départ rapide.
Les autorités promettent une action renforcée
Le préfet de police Laurent Nuñez a assuré que les forces de l’ordre sont pleinement mobilisées. Il rappelle que sept points de deal étaient recensés dans la ville, et qu’il n’en reste plus que trois. Celui de la cité Zola fait partie des plus résistants, mais selon lui, le rythme du trafic a déjà été divisé par trois.
Le préfet a promis que le déménagement des élèves permettra une intervention plus forte sur la zone. « Ce point de deal va tomber », a-t-il affirmé. Une présence policière renforcée est prévue, ainsi qu’un suivi judiciaire approfondi.
Pour Éric Coquerel, député de La France Insoumise, l’école représentait le dernier bastion du service public dans le quartier. Il craint que son départ, même provisoire, soit perçu comme une défaite. Le maire, de son côté, assure que le bâtiment ne restera pas vide : une association culturelle y prendra le relais, maintenant ainsi la présence publique dans les lieux.
La ministre de l’Éducation nationale a été claire : « L’école ne reculera pas ». Mais pour les familles, il est évident que cette relocalisation était devenue indispensable. À Saint-Ouen, cette affaire illustre un combat plus large : celui d’un quotidien sous tension, où l’éducation tente de tenir tête à la violence de rue.
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