En 2015, seulement 3 % des jeunes femmes du même âge déclaraient ne pas être hétérosexuelles. Aujourd’hui, ce sont 5 % qui se disent pansexuelles, 10 % bisexuelles, et 2 % lesbiennes. Ce basculement reflète une génération qui s’éloigne de la norme dominante pour explorer des formes d’attirance et d’identité plus diversifiées.
Une remise en cause de l’hétérosexualité comme norme
Parmi les raisons évoquées pour expliquer cette évolution, les chercheurs mentionnent la montée du féminisme, l’impact du mouvement #MeToo et une plus grande visibilité des minorités sexuelles. Pour beaucoup de jeunes femmes, l’hétérosexualité est associée à des inégalités persistantes dans le couple, à une charge mentale élevée ou encore à des violences sexistes. Résultat : certaines ne la considèrent plus comme une évidence.
Cette critique ne concerne pas uniquement l’attirance, mais aussi la manière dont les relations hétérosexuelles sont structurées dans la société. Le partage inégal du travail domestique, les attentes genrées dans la vie intime, ou encore la difficulté à se sentir écoutée dans un couple, sont autant de raisons qui poussent à repenser les schémas traditionnels.
Des identités de plus en plus fluides
L’étude souligne aussi une diversification des identités. Le terme pansexuel, par exemple, est de plus en plus revendiqué. Il désigne une attirance indépendante du genre ou du sexe de la personne. Ce n’est pas une mode, mais bien un reflet d’une génération qui veut se définir en dehors des cases figées.
Les hommes de cette tranche d’âge sont également concernés, mais dans une moindre mesure : ils sont 8 % à ne pas se dire hétérosexuels, avec 3 % qui s’identifient comme homosexuels et 3 % comme bisexuels. Les normes sociales restent plus pesantes pour eux, et il est souvent plus difficile d’assumer publiquement une attirance envers les hommes en raison de stéréotypes persistants.
Des expériences amoureuses et sexuelles variées
Une autre donnée marquante concerne les attirances multiples. En 2023, 37 % des femmes de 20 à 29 ans déclaraient avoir été attirées par des personnes des deux sexes, contre seulement 7 % en 2015. Chez les hommes, cette part est passée de 2 % à 18 %. Ces chiffres ne traduisent pas forcément une nouvelle orientation, mais plutôt une ouverture à d’autres expériences, une curiosité, une exploration.
Les trajectoires ne sont pas toutes les mêmes : certaines personnes ayant des attirances diverses continuent d’avoir des relations uniquement avec un genre, d’autres naviguent entre différentes formes de relations au fil des années. Le plus important semble être la liberté de choisir et d’exprimer son ressenti sans pression.
Les jeunes non binaires s’affirment aussi
En parallèle, l’étude montre qu’1,7 % des jeunes de 18 à 29 ans se définissent comme non binaires, c’est-à-dire ni exclusivement hommes, ni exclusivement femmes. Cette minorité est très jeune : plus de la moitié ont moins de 21 ans. Leur manière d’aborder la sexualité et les relations amoureuses est aussi plus fluide. Beaucoup se reconnaissent comme asexuels, pansexuels ou bisexuels, et nombreux sont ceux qui ne donnent pas une place centrale à la sexualité dans leur vie.
Ces jeunes remettent en cause les normes de genre mais aussi l’idée qu’une relation doit forcément inclure une composante sexuelle. Cela participe à une redéfinition plus large des repères amoureux et affectifs chez les moins de 30 ans.
Une influence culturelle et sociale forte
La montée en visibilité des personnalités LGBT+, les représentations plus inclusives dans les séries, les réseaux sociaux ou la musique ont aussi leur rôle à jouer. Voir un artiste ouvertement gay ou bi devenir une star permet de normaliser ces identités. De même, la représentation d’histoires d’amour entre femmes dans des œuvres populaires a eu un impact fort sur les jeunes générations.
Pour beaucoup, il est aujourd’hui plus facile de parler de ses sentiments ou de ses désirs sans honte. L’accès à l’information, les témoignages sur TikTok, Instagram ou YouTube, ont remplacé le silence qu’ont connu les générations précédentes.
Une jeunesse qui explore sans se justifier
Ce qui ressort surtout, c’est un besoin de se libérer des étiquettes figées. De plus en plus de jeunes préfèrent ne pas se coller une identité définitive, mais simplement vivre ce qu’ils ressentent. Certains parlent de fluidité, d’autres de non-conformité. Mais tous partagent une volonté commune : vivre leur sexualité de façon plus libre, plus sincère, plus alignée avec ce qu’ils sont vraiment.