Valérie Pécresse, actuelle présidente du Conseil régional d’Île-de-France et ancienne ministre de l’Enseignement supérieur, n’a jamais hésité à aborder des sujets sensibles pour défendre la jeunesse et leurs droits. Parmi ses engagements de longue date figure la lutte contre le bizutage, une pratique qu’elle juge profondément humiliante et dangereuse. Elle-même en a été victime durant ses études en classe préparatoire, et elle a choisi de partager cette expérience pour sensibiliser et encourager les jeunes à dire « non » à ce type de pratiques.
Le bizutage : une tradition problématique
Le bizutage, souvent présenté comme un rite d’intégration dans le milieu étudiant, comporte de nombreuses dérives. Bien que certains le perçoivent comme un simple jeu ou une manière de créer des liens, il peut rapidement tourner à l’humiliation et à la violence, notamment lors des week-ends d’intégration en début d’année dans certaines grandes écoles. Selon le Comité national contre le bizutage, cette pratique impose aux nouveaux arrivants des épreuves dont ils ne peuvent se soustraire, sous la pression du groupe.
Pour Valérie Pécresse, le bizutage reste un fléau sous-estimé. Elle souligne que cette tradition, parfois perçue comme amusante, peut laisser des séquelles psychologiques durables. La politicienne milite donc pour une interdiction stricte des bizutages à caractère sexiste, violent ou dégradant, un discours qu’elle a fermement tenu au micro d’Europe 1 en 2019.
“Il faut interdire les bizutages durs, sexistes, violents”, déclarait-elle, appelant à une réglementation plus stricte.
Le récit de son propre bizutage
L’expérience de Valérie Pécresse ne relève pas d’un simple souvenir désagréable ; elle décrit un épisode particulièrement éprouvant qu’elle a vécu alors qu’elle était en classe préparatoire. Elle évoque un bizutage institutionnalisé et extrêmement long, imposant aux étudiants des épreuves physiques et psychologiques intenses, parfois comparables à un “service militaire trash”.
“On nous faisait dormir sous nos lits et on nous réveillait à l’aube pour crapahuter dans la boue”, se souvient-elle. Ces exercices visaient prétendument à renforcer leur résistance, mais beaucoup d’étudiants, y compris elle-même, en sortaient profondément marqués.
Outre les épreuves physiques, certaines pratiques imposées étaient véritablement humiliantes. Valérie Pécresse raconte avoir été contrainte de participer à des mises en scène particulièrement dégradantes. Dans l’une de ces épreuves, elle se souvient avoir dû, les yeux bandés, simuler des actes sans savoir ce qui lui était imposé. Même si l’objet utilisé n’était finalement qu’une saucisse, l’humiliation restait entière.
Ce type d’expérience, raconte-t-elle, marque profondément les étudiants qui y sont confrontés, les laissant parfois avec des séquelles émotionnelles durables.
Un appel à la responsabilité des étudiants
Consciente de la difficulté de mettre fin à certaines traditions de bizutage, Valérie Pécresse a lancé un appel aux jeunes. Elle les encourage à agir avec discernement et à refuser les pratiques humiliantes. Selon elle, il est essentiel que les étudiants eux-mêmes fassent respecter les limites et rejettent tout ce qui dépasse la simple intégration amicale.
“On sait très bien ce qui est humiliant et ce qui est drôle. Ce sont les étudiants qui doivent faire les gendarmes”, déclare-t-elle, insistant sur l’importance d’une régulation interne au sein des groupes d’étudiants.
Une campagne de sensibilisation pour dire stop
Face à la persistance du bizutage, le Comité national contre le bizutage a lancé la campagne “Je dis stop”, une initiative de sensibilisation qui s’adresse à tous : étudiants, professeurs, directeurs d’établissement et parents. Cette campagne numérique, diffusée sur les réseaux sociaux, invite chacun à partager le message de tolérance zéro envers le bizutage. Le Comité incite notamment les jeunes à écrire le mot “STOP” sur leur poing et à poster leurs photos pour soutenir le mouvement.
En France, le bizutage est considéré comme un délit depuis 1998, et l’article 225-16-1 du Code pénal prévoit des sanctions pouvant aller jusqu’à six mois de prison et 7500 euros d’amende pour les coupables de bizutage. Ces sanctions visent à dissuader les personnes impliquées dans des actes de harcèlement et à protéger les nouveaux arrivants dans les établissements scolaires et universitaires.