Willy Chavarria présente sa collection inspirée des criminels du CECOT

À la Fashion Week de Paris, le créateur américain Willy Chavarria a présenté une collection qui ne laisse personne indifférent. Inspirée des conditions de détention au Salvador, sa ligne printemps-été 2026 a mêlé mode, politique et engagement social. Le podium devient ici une tribune, et chaque silhouette raconte une histoire de lutte et de dignité.
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Une mise en scène inspirée de la prison Cecot

Dès les premières secondes du défilé, le ton est donné. Trente-cinq mannequins apparaissent sur scène, agenouillés, les mains dans le dos, portant des t-shirts blancs conçus avec l’ACLU. Ce visuel fort rappelle les images controversées issues du Centre de Confinement du Terrorisme (Cecot), au Salvador, où des milliers de détenus sont incarcérés sans jugement équitable. Le défilé devient un manifeste visuel contre l’oppression systémique.

Cette référence directe au Cecot n’a pas échappé à Nayib Bukele, président du Salvador. Sur les réseaux sociaux, il ironise :

Nous sommes prêts à envoyer nos prisonniers à Paris.

Le gouvernement salvadorien accuse le designer de glorifier les criminels, quand le message de Chavarria évoque la dignité humaine face aux abus de pouvoir. Une polémique qui souligne l’impact du défilé au-delà des podiums.

Une mode politique assumée

Willy Chavarria n’en est pas à son coup d’essai. Depuis ses débuts, il insuffle dans ses collections des messages militants. Ce printemps-été 2026, il affirme :

Le luxe ne doit pas être un privilège. Il doit porter la voix de celles et ceux qu’on oublie.

Sur les vêtements, les couleurs – rouge piment, jaune soleil, vert militaire – évoquent des uniformes de travail détournés en pièces de haute couture. Un moyen de faire cohabiter streetwear et revendication.

Les coupes sont franches, taillées au millimètre, mais restent souples. Robes en cloqué, tailleurs oversize, vestes longues et épaules puissantes se mélangent dans un chaos organisé. Chaque pièce incarne une lutte. Avec Rebecca Mendoza, sa collaboratrice, Chavarria construit une ligne féminine qui allie pouvoir et douceur. Le résultat : une esthétique poétique et rebelle.

Une performance chargée d’émotion

La chanteuse Vivir Quintana, présente sur le podium, interprète des titres engagés pendant que les mannequins défilent. Sa voix transporte et amplifie le message. Le public, figé, comprend que ce défilé n’est pas seulement un événement de mode, mais un appel à la prise de conscience. Derrière les paillettes, la réalité des opprimés transparaît.

Willy Chavarria, enfant d’Huron en Californie, puise dans ses racines mexicaines et son vécu dans les quartiers populaires pour créer une mode authentique. Il affirme :

Ne pas parler, c’est prendre parti.

Son show est un acte de résistance. La salle Pleyel devient l’écho de milliers de voix qu’on tente de faire taire. Et Paris, pour quelques minutes, devient le théâtre d’un engagement mondial.

Une mode inclusive jusqu’au bout

Le casting, lui aussi, envoie un signal fort. Aux côtés de mannequins professionnels défilent chanteuses, sportifs et figures de la scène queer et latino. Paloma Elsesser, Stefon Diggs ou encore Becky G défilent fièrement, dans une démonstration de diversité et de fierté. La mode de Chavarria parle à celles et ceux qui ne se retrouvent dans aucun standard.

En parallèle, le créateur présente sa troisième collaboration avec Adidas Originals. Des survêtements aux tons pastel, des sneakers au design engagé, et un logo hybride entre les deux marques : l’univers de Chavarria s’élargit sans jamais trahir son essence. Une manière de démocratiser son message tout en gardant sa ligne éditoriale forte.

Une déclaration de force à la Fashion Week

Avec ce défilé inspiré des détenus du Cecot, Willy Chavarria transforme la mode en cri politique. Il ne cherche pas à choquer gratuitement, mais à éveiller. À travers ses tissus, ses choix artistiques et son casting, il redonne à la mode son pouvoir d’interpeller. Un défilé devenu symbole, dans une industrie qui a trop longtemps fui le réel.

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