Le baccalauréat, souvent abrégé en “bac”, est un diplôme emblématique du système éducatif français. Il sanctionne la fin des études secondaires et permet aux étudiants d’accéder à l’enseignement supérieur. Pourtant, ce diplôme a traversé les siècles, évoluant avec les époques et les réformes. De ses origines au Moyen Âge à sa réforme la plus récente en 2021, il incarne un parcours essentiel pour des générations de jeunes en France.
Les origines médiévales du baccalauréat
Le terme baccalauréat trouve son origine dans le latin médiéval baccalarius, qui désigne initialement un propriétaire de terres ou un jeune homme aspirant à devenir chevalier. Au XIIIe siècle, le mot évolue pour désigner un premier grade universitaire délivré par les universités médiévales, notamment à Paris et à Oxford. Ce diplôme donnait alors accès à la maîtrise et, par la suite, aux doctorats dans des disciplines comme la théologie, le droit ou la médecine.
À cette époque, le baccalauréat était réservé à une élite. Seuls les garçons, issus de familles riches ou nobles, pouvaient prétendre à ce diplôme. Les étudiantes devront attendre plusieurs siècles avant de pouvoir passer le baccalauréat.
L’ère napoléonienne et la formalisation du bac en 1808
Le baccalauréat que nous connaissons aujourd’hui prend forme au début du XIXe siècle sous l’impulsion de Napoléon Bonaparte. En 1808, un décret impérial établit officiellement le baccalauréat comme premier grade universitaire, sous la tutelle de l’Université impériale nouvellement créée. À cette époque, seules cinq disciplines sont proposées : droit, lettres, médecine, sciences et théologie. Le premier examen de baccalauréat se déroule en 1809, et il ne concerne qu’une poignée de candidats, soit 31 bacheliers seulement.
Ce diplôme visait principalement à former l’élite administrative et politique de la France. Napoléon voulait créer une élite républicaine capable de répondre aux besoins de la nation, notamment dans le cadre de la réforme de l’administration publique.
L’évolution du baccalauréat au XIXe siècle : l’introduction des épreuves écrites
Au fil des décennies, le baccalauréat connaît plusieurs évolutions. En 1830, les premières épreuves écrites sont introduites, marquant une rupture avec le système purement oral en place jusqu’alors. Une composition en français ou une traduction d’un texte classique devient une épreuve incontournable. Le système de notation est quant à lui encore absent, et les mentions commencent à faire leur apparition quelques années plus tard.
En 1840, les mentions “très bien”, “bien”, “assez bien” sont introduites. Celles-ci permettent de distinguer les candidats selon leurs performances, bien que le nombre de bacheliers reste extrêmement limité, l’examen étant encore réservé à une petite minorité de la population.
Jules Ferry et la démocratisation du baccalauréat
L’un des tournants majeurs pour le baccalauréat survient à la fin du XIXe siècle avec les réformes de Jules Ferry, qui instaure l’école gratuite, laïque et obligatoire. Bien que l’obligation scolaire ne concerne à cette époque que l’enseignement primaire, ces réformes ouvrent la voie à un accès plus large aux études secondaires, et donc au baccalauréat.
En 1890, un système de notation sur 20 points est enfin instauré, avec la barre symbolique des 10/20 pour l’obtention du diplôme. De plus, Jules Ferry remplace les épreuves orales de grec et de latin par des sujets plus modernes comme le français et l’histoire. Ces réformes marquent la transformation du baccalauréat en un diplôme plus accessible, bien que l’élite reste encore largement représentée parmi les candidats.
1924 : les femmes peuvent enfin passer le baccalauréat
Un autre moment marquant de l’histoire du baccalauréat intervient en 1924, lorsque les femmes sont enfin autorisées à passer l’examen. Jusqu’alors, l’accès à cet examen était strictement réservé aux garçons. Cette ouverture marque un tournant dans l’histoire de l’éducation des femmes en France et reflète les premiers changements sociaux favorisant l’égalité des sexes.
Julie-Victoire Daubié : la pionnière
Il est toutefois important de mentionner une pionnière, Julie-Victoire Daubié, qui, en 1861, devient la première femme à obtenir le baccalauréat, avec le soutien de l’impératrice Eugénie. Cette exception ne remet cependant pas en cause le système éducatif de l’époque, qui reste largement dominé par les hommes.
Le XXe siècle : vers la massification du baccalauréat
Le baccalauréat connaît une véritable transformation au XXe siècle, devenant un diplôme de plus en plus accessible et un passage obligé pour les études supérieures. Dans les années 1960, plusieurs réformes visent à démocratiser l’accès à l’éducation, avec pour objectif d’amener une part toujours plus importante de jeunes jusqu’à l’obtention du diplôme.
1965 : les premières séries du baccalauréat
En 1965, les premières séries du baccalauréat sont introduites. Ces filières permettent de diversifier les parcours et d’adapter l’examen aux différentes aspirations des élèves. On trouve alors cinq grandes séries : A (lettres), B (sciences économiques et sociales), C (mathématiques), D (sciences et biologie), et E (sciences et techniques industrielles).
Cette diversité permet aux élèves de choisir un parcours adapté à leurs projets d’études supérieures. Le baccalauréat devient ainsi un examen plus varié, tout en conservant sa dimension sélective.
Les années 1980 et 1990 : un bac pour tous
Le baccalauréat subit une transformation majeure sous les gouvernements des années 1980 et 1990, avec l’objectif de rendre ce diplôme accessible à 80 % des élèves d’une classe d’âge. En 1985, la création du baccalauréat professionnel offre aux élèves une nouvelle voie d’accès aux études secondaires. L’introduction de cette filière vise à répondre aux besoins du marché du travail en formant des jeunes directement employables, tout en leur permettant de poursuivre des études supérieures s’ils le souhaitent.
En 1995, sous l’impulsion du ministre Jack Lang, les filières générales sont simplifiées en trois grandes séries : L (littéraire), ES (économique et sociale), et S (scientifique). Ces séries subsistent jusqu’en 2021, date de la réforme du baccalauréat initiée par Jean-Michel Blanquer.
Le baccalauréat au XXIe siècle : la réforme de 2021
En 2021, une réforme majeure est introduite, marquant la fin des traditionnelles séries L, ES et S. Désormais, les élèves doivent choisir trois spécialités en classe de première, puis en conserver deux en terminale. Ce système vise à offrir plus de souplesse et de personnalisation dans les parcours scolaires.
Les épreuves terminales sont également modifiées. Le contrôle continu compte désormais pour 40 % de la note finale, et les épreuves terminales pour 60 %. Parmi les nouvelles épreuves figurent l’épreuve anticipée de français en première, ainsi que le grand oral en terminale, qui est l’une des innovations phares de la réforme.
Cette réforme, bien que critiquée par certains, marque une volonté d’adapter le baccalauréat aux réalités du monde moderne. L’objectif est de mieux préparer les élèves à l’enseignement supérieur et à leur avenir professionnel, tout en valorisant davantage les compétences transversales comme l’oral et le travail continu.
Le baccalauréat et l’internationalisation
Si le baccalauréat reste un diplôme principalement français, il s’ouvre de plus en plus à l’international. Les sections binationales, telles que l’Abibac (franco-allemand), l’Esabac (franco-italien) ou encore le Bachibac (franco-espagnol), permettent aux élèves de passer un diplôme reconnu à la fois en France et dans un autre pays.
De plus, de nombreux lycées français à l’étranger offrent la possibilité de passer le baccalauréat. Cette ouverture permet aux élèves français d’acquérir une double compétence linguistique et culturelle, un atout précieux dans un monde globalisé.
Les perspectives d’avenir du baccalauréat
Le baccalauréat continue de susciter des débats et des réflexions quant à son évolution. Les questions autour de la sélectivité, de l’égalité des chances, et de la valeur du diplôme sont toujours d’actualité. Alors que certains critiquent une “massification” du baccalauréat, d’autres y voient une opportunité de démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur.
Quel que soit l’avenir du baccalauréat, ce diplôme reste une étape cruciale pour des millions de jeunes en France. Ancré dans la tradition, mais résolument tourné vers l’avenir, il reflète les enjeux d’une société en perpétuelle évolution.