Silk Road, actif entre 2011 et 2013, était une plateforme de commerce illicite utilisant le Bitcoin comme moyen de transaction. Les activités incluaient le trafic de drogues, d’armes et d’autres biens illégaux. En 2020, les autorités américaines ont saisi près de 69 370 BTC liés à cette plateforme, une quantité aujourd’hui valorisée à plusieurs milliards de dollars.
Le Département de la Justice (DOJ) a récemment obtenu l’autorisation judiciaire de liquider ces actifs, marquant une étape importante dans une bataille juridique qui durait depuis des années. Ces fonds sont actuellement stockés sur une adresse contrôlée par le DOJ.
Le choix de vendre ces bitcoins à quelques semaines de l’investiture de Donald Trump alimente les spéculations. Certains analystes estiment que l’administration Biden chercherait à empêcher la future administration républicaine d’utiliser ces fonds pour des initiatives pro-Bitcoin, telles que la constitution d’une réserve stratégique.
Le « Bitcoin Act », proposé par la sénatrice Cynthia Lummis et soutenu par Trump, vise à constituer une réserve stratégique de 200 000 BTC sur cinq ans. En liquidant ces actifs maintenant, le DOJ prive potentiellement le camp républicain d’une ressource stratégique.
La vente de 69 370 BTC, soit environ 0,3 % de l’offre totale de Bitcoin, pourrait provoquer une pression vendeuse importante sur le marché. Déjà, l’annonce a entraîné une baisse du prix du BTC, passant de 95 000 dollars à 93 800 dollars en quelques heures avant de se stabiliser.
Des analystes comme Peter Schiff, connu pour son scepticisme envers les cryptomonnaies, voient dans cette vente un rappel des risques liés à la volatilité du marché crypto. Cependant, des experts comme Ki Young Ju, PDG de CryptoQuant, estiment que cette liquidation pourrait être absorbée rapidement par le marché, grâce à une demande croissante.
Les États-Unis ne sont pas le seul pays à détenir et vendre des bitcoins issus de saisies judiciaires.
- En Allemagne, des BTC saisis ont été conservés plusieurs années avant d’être revendus à des prix élevés.
- La France organise des enchères publiques pour vendre ces actifs, une méthode qui attire investisseurs et institutions.
- La Chine détient également une quantité importante de BTC issus de saisies, bien que sa politique envers les cryptomonnaies soit plus stricte.
Le gouvernement américain a, par le passé, vendu des quantités significatives de BTC. En 2021, la liquidation de 50 000 BTC issus de l’affaire James Zhong avait marqué les esprits. Cependant, ces ventes ont parfois entraîné des pertes financières importantes, le gouvernement ayant souvent vendu avant les hausses spectaculaires des prix.
le débat autour des réserves stratégiques en bitcoins
La constitution de réserves stratégiques en Bitcoin par des États suscite un débat idéologique. Certains y voient une menace pour la neutralité de la blockchain Bitcoin, conçue pour offrir une réserve de valeur indépendante des institutions étatiques. D’autres, notamment dans le camp républicain, considèrent cette initiative comme un moyen de diversifier les actifs stratégiques nationaux.
Pour l’administration Biden, cette vente pourrait être perçue comme un moyen de réduire la dépendance institutionnelle au Bitcoin, tout en évitant une concentration excessive entre les mains des États.
Le DOJ prévoit de vendre ces bitcoins via le US Marshals Service, une entité responsable de la gestion des biens saisis. Cette méthode, qui privilégie les enchères publiques, est considérée comme moins perturbatrice pour le marché que des ventes directes sur des plateformes d’échange.
Les ventes précédentes supervisées par les autorités américaines ont démontré une relative résilience du marché, bien que la volatilité reste un facteur important. Avec une adoption institutionnelle croissante et des outils tels que les ETF Bitcoin, le marché pourrait absorber cette liquidation sans conséquences majeures.
Malgré la pression vendeuse attendue, certains analystes restent optimistes quant à l’avenir du Bitcoin. L’année 2025 pourrait marquer une adoption accrue, notamment grâce aux avancées législatives et à l’intérêt des investisseurs institutionnels.
La décision des États-Unis de vendre ces BTC à un moment clé reflète non seulement des considérations financières, mais aussi des enjeux politiques et stratégiques. Reste à savoir comment le marché et les acteurs majeurs des cryptomonnaies réagiront à cet événement.
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