16 000 étudiants en 2ème année de médecine d’ici 2027 n’est pas réaliste

L’ambition de former davantage de médecins pour faire face à la pénurie croissante en France est louable. Toutefois, l’objectif de passer de 10 800 à 16 000 étudiants en deuxième année de médecine d’ici 2027, annoncé par l’ex-Premier ministre, est jugé « pas réaliste » par Benoît Veber, président de la Conférence des doyens de médecine. Cette augmentation nécessiterait « cinq à dix ans » de préparation pour être réalisable tout en maintenant la qualité de la formation.
16000 etudiants medecine

Un objectif ambitieux mais difficile à atteindre

En avril, Gabriel Attal a dévoilé un plan pour recruter 12 000 étudiants en médecine en deuxième année dès 2025, avec l’objectif de monter à 16 000 d’ici 2027. Cette mesure vise à lutter contre la pénurie médicale et améliorer l’accès aux soins. Cependant, les doyens estiment que cette montée en charge est trop rapide pour les facultés, qui sont déjà sous pression.

Benoît Veber a souligné la nécessité d’une augmentation plus progressive du nombre d’étudiants en médecine. « C’est une montée en charge qui doit se faire sur cinq à dix ans », a-t-il déclaré. Le principal défi réside dans la capacité des facultés à maintenir une qualité de formation élevée malgré l’afflux massif d’étudiants.

Les facultés de médecine déjà saturées

Les universités sont actuellement saturées, ce qui complique davantage l’augmentation rapide des effectifs. Les bibliothèques universitaires sont surchargées, les amphithéâtres trop petits, et les services de restauration ne peuvent plus répondre à la demande croissante. « Les doyens jonglent et s’en sortent comme ils peuvent », a précisé Benoît Veber, mais une hausse soudaine des effectifs mettrait en péril le fonctionnement des facultés et la qualité de l’enseignement.

Les formations médicales, notamment les examens cliniques objectifs et structurés (ECOS), nécessitent des petites salles en nombre suffisant. Une augmentation rapide du nombre d’étudiants compromettrait ces enseignements en petits groupes, essentiels pour une formation médicale de qualité.

Manque de professeurs et d’encadrement

Un autre obstacle majeur à cette expansion est le manque de professeurs et d’encadrants. « On ne forme pas des universitaires d’un coup de cuillère à pot », a expliqué Benoît Veber. Il faut du temps pour recruter des professeurs et des maîtres de conférences compétents pour encadrer les étudiants. Une enquête est en cours pour évaluer le potentiel de nomination des futurs enseignants en médecine, ce qui aidera à définir un plan réaliste d’augmentation des effectifs.

La question de l’accueil en stage

Les stages jouent un rôle crucial dans la formation des étudiants en médecine. L’augmentation massive des effectifs exige également une extension des capacités d’accueil en stage. Benoît Veber a insisté sur la nécessité de « l’universitarisation » des territoires pour offrir des lieux de stage variés, allant au-delà des centres hospitaliers universitaires (CHU) traditionnels. « Il faudra former les futurs maîtres de stage dans divers lieux publics et éventuellement privés », a-t-il ajouté.

Une montée en charge plus raisonnable

Avant de s’engager dans une expansion rapide, il est essentiel de considérer l’impact de l’intelligence artificielle (IA) dans l’exercice de la médecine. L’IA et d’autres innovations technologiques pourraient modifier les besoins en médecins. Par ailleurs, le recours à des « corps intermédiaires » tels que les infirmiers en pratique avancée et autres professionnels de santé capables de prendre en charge certains aspects des soins est un facteur qui pourrait réduire la nécessité de former autant de médecins.

Le message des doyens est clair : il faut une approche plus progressive pour augmenter le nombre d’étudiants en médecine. Benoît Veber propose une montée en charge sur cinq à dix ans, au lieu des trois ans initialement prévus. Cela permettrait de mettre en place les structures nécessaires et d’assurer un encadrement adéquat pour chaque étudiant.

Le gouvernement doit aussi prendre ses responsabilités en termes de financement. Les universités ont besoin de moyens humains et financiers pour accueillir et former les étudiants dans de bonnes conditions. Sans ces ressources, l’augmentation rapide des effectifs serait douloureuse et risquerait de dégrader la qualité de la formation.

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