L’alternance continue d’être un choix de plus en plus prisé par les étudiants en 2023. Selon une récente note du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, le nombre d’étudiants optant pour cette voie est en constante augmentation, même si le rythme de cette croissance a légèrement ralenti par rapport aux années précédentes. En 2023, 635 900 étudiants ont choisi l’apprentissage ou la professionnalisation, marquant ainsi une hausse de 10 % par rapport à l’année précédente.
Un engouement persistant pour l’apprentissage
La popularité de l’alternance s’explique par plusieurs facteurs. Tout d’abord, la génération Z valorise de plus en plus l’acquisition d’une première expérience professionnelle tout en poursuivant leurs études. Le fait de travailler et d’être rémunéré pendant leur formation est un argument de poids. De plus, l’alternance permet aux étudiants de voir leurs frais de scolarité pris en charge par les entreprises, ce qui rend des cursus autrefois coûteux plus accessibles.
L’autre raison majeure de cette hausse est l’instauration en 2020, lors de la crise sanitaire, des aides exceptionnelles accordées aux entreprises pour l’embauche d’apprentis. Une subvention de 6 000 euros a incité de nombreuses entreprises à recruter des étudiants en alternance, contribuant ainsi à l’explosion du nombre de contrats signés.
Les IUT et les établissements privés en tête
Les Instituts Universitaires de Technologie (IUT) et les écoles privées sont les principaux bénéficiaires de cet essor. Au sein des IUT, l’apprentissage a connu une augmentation spectaculaire. Les effectifs ont quasiment triplé, avec une hausse de 185 % liée à la réforme du DUT, remplacé par le Bachelor Universitaire de Technologie (BUT), désormais un cursus en trois ans post-bac. Ainsi, un quart des étudiants en BUT optent désormais pour l’apprentissage, contre seulement 9 % en 2021.
Les écoles privées, notamment les écoles de commerce, ont également vu une progression notable du nombre d’apprentis. En 2023, 32 % des étudiants en écoles de commerce étudiaient en contrat d’apprentissage ou de professionnalisation, contre 20 % en 2021. Cependant, le ministère souligne que l’essor est plus modéré dans les formations d’ingénieurs et masters, où l’alternance est moins courante.
Un autre élément intéressant de cette étude est la concentration géographique des apprentis. Près d’un tiers des étudiants en alternance exercent leur activité en Île-de-France, dont une bonne partie à Paris même. L’académie de Paris est ainsi en tête, comptabilisant 105 000 apprentis, suivie par celles de Versailles (59 000) et de Lyon (44 000). Certaines régions ont vu une augmentation impressionnante, comme l’académie de Nice, qui a connu une hausse de 101 % entre 2021 et 2023.
Une répartition équilibrée entre hommes et femmes
La répartition de l’alternance entre les genres est assez équilibrée. 48 % des apprentis sont des femmes, ce qui montre que l’apprentissage attire autant les étudiantes que les étudiants. Ces dernières se tournent principalement vers les écoles de commerce et les formations de niveau master. Cette diversité de genres démontre l’attrait généralisé de l’alternance dans différents secteurs et niveaux d’études.
Un avenir incertain pour les aides à l’apprentissage
Malgré cette croissance, l’avenir de l’alternance est incertain. Les coupes budgétaires envisagées par le gouvernement mettent en péril les aides financières accordées aux entreprises pour l’embauche d’apprentis. La suppression de ces aides pourrait permettre d’économiser 1,1 milliard d’euros. Cette perspective inquiète de nombreux employeurs, dont le président du Medef, Patrick Martin, qui craint une possible baisse du nombre d’apprentis si ces subventions disparaissent.
Certaines voix s’élèvent également pour réserver ces aides aux établissements publics comme les universités, plutôt que de les étendre aux écoles privées. Cette proposition vise à renforcer les universités, qui pourraient être fragilisées par la fin des subventions à l’apprentissage. Cette décision s’inscrit dans un débat plus large sur l’allocation des ressources publiques et la priorisation des formations.
Les chiffres de l’alternance en 2023
À la fin de 2023, les centres de formation d’apprentis accueillaient 635 900 étudiants préparant un diplôme de l’enseignement supérieur. Cela représente une hausse de 33 % en deux ans. La répartition des apprentis est la suivante :
- 30 % en Sections de Technicien Supérieur (STS)
- 16 % en écoles de commerce
- 31 % dans diverses autres formations, principalement privées
- 46 % des étudiants en STS et 61 % des étudiants en licence professionnelle suivent leur cursus en apprentissage
- 25 % des étudiants en IUT et 32 % des étudiants en écoles de commerce sont également en apprentissage
Les formations d’ingénieur et les écoles de commerce comptent parmi leurs apprentis des étudiants d’origine sociale moins favorisée par rapport aux étudiants « scolaires ». Cependant, cette différence n’est pas aussi marquée dans les formations universitaires.
La diversité sociale et le profil des apprentis
Les données montrent une certaine diversité sociale parmi les apprentis. Dans les formations d’ingénieurs, 40 % des apprentis ont des parents cadres, tandis que 23 % ont des parents employés ou ouvriers. Ces proportions diffèrent pour les étudiants « scolaires », où 57 % ont des parents cadres et 14 % des parents employés ou ouvriers. Dans les écoles de commerce, 38 % des apprentis ont des parents cadres, contre 54 % pour les étudiants « scolaires ».
Cette diversité souligne l’importance de l’apprentissage comme levier d’égalité des chances, permettant à des étudiants issus de milieux variés d’accéder à des formations de qualité.
L’évolution et les perspectives de l’apprentissage
L’apprentissage connaît une progression constante, mais la question se pose sur son évolution future. Les réformes et politiques publiques à venir pourraient influencer le nombre d’apprentis. La question du maintien ou de la suppression des aides financières reste en suspens, et les décisions prises dans le cadre du budget 2025 seront déterminantes pour l’avenir de l’apprentissage en France.
Avec la hausse continue des étudiants en alternance, l’enjeu pour les établissements et les entreprises est de maintenir et de développer ce mode de formation. L’alternance offre des avantages significatifs tant pour les étudiants que pour les employeurs, en combinant formation théorique et expérience pratique. Cependant, il sera crucial de trouver un équilibre entre les aides financières et le développement durable de cette filière pour garantir son succès à long terme.
