Études

Baisse du nombre d’internes à la rentrée 2024 à l’hôpital

À la rentrée 2024, le secteur de la santé en France se retrouve confronté à une situation préoccupante : une réduction significative du nombre de postes d’internes disponibles dans les hôpitaux. Cette baisse, qui s’élève à plus de 1 500 postes par rapport à l’année précédente, suscite de vives inquiétudes parmi les étudiants en médecine et les professionnels de la santé.

En 2023, ce sont 9 484 postes d’internes qui avaient été ouverts, mais pour cette année, seulement 7 974 seront disponibles, soit une réduction de 16 %. Cette diminution frappe particulièrement certaines spécialités médicales, comme la médecine générale, qui perd plus de 600 postes, et la chirurgie plastique et esthétique, qui voit son effectif réduit de moitié. Cette situation est perçue par beaucoup comme une conséquence indirecte de la réforme du deuxième cycle des études de santé, qui a introduit de nouvelles règles d’évaluation, notamment une note seuil de 14/20 pour accéder à l’oral du concours.

Face à cette situation, les étudiants en médecine ont exprimé leur mécontentement par le biais d’une pétition en ligne, qui a déjà recueilli plusieurs milliers de signatures. Ils dénoncent une « profonde injustice » et réclament la réouverture de postes pour la rentrée 2024-2025. La pétition souligne que cette réduction forcera de nombreux étudiants à choisir une spécialité par défaut, un choix qui pourrait nuire à leur engagement et, par conséquent, à la qualité des soins qu’ils fourniront.

Le syndicat SAMU Urgences de France, par la voix de son président Marc Noizet, a également réagi à cette baisse. Il estime que cette réduction aura un impact direct sur les hôpitaux, en particulier les hôpitaux universitaires, où les internes représentent environ 40 % des ressources médicales. Noizet craint que les hôpitaux ne soient contraints de compenser ce manque par le recrutement de médecins étrangers, souvent moins coûteux mais aussi parfois moins bien formés. Cette situation pourrait également entraîner des réorganisations au sein des services hospitaliers pour pallier le manque de personnel qualifié.

La réforme du deuxième cycle, qui est en grande partie responsable de cette baisse du nombre de candidats, a en effet provoqué une vague de redoublements. De nombreux étudiants ont choisi de redoubler plutôt que de faire partie de la première promotion à passer le concours dans sa nouvelle version, perçue comme une promotion « crash test ». Selon certaines sources, près d’un tiers des étudiants ont échoué à l’écrit et n’ont donc pas pu passer l’oral, tandis que deux tiers ont préféré ne pas se présenter au concours.

Le ministère de l’Enseignement supérieur justifie cette réduction du nombre de postes par une nécessaire adaptation au nombre de candidats, afin de maintenir le même niveau d’exigence. Toutefois, cette explication ne satisfait ni les étudiants ni les syndicats, qui craignent que cette situation ne pousse les futurs médecins à quitter la France pour terminer leur formation dans d’autres pays, où les conditions pourraient être perçues comme plus favorables.

Des négociations sont en cours entre les représentants des internes et les ministères concernés. L’objectif de ces discussions est de trouver un compromis qui permettrait de garantir aux étudiants en médecine un accès équitable aux postes disponibles, tout en préservant la qualité de la formation et des soins. Marc Noizet insiste sur l’importance de reconnaître le travail accompli par ces étudiants au cours de leurs six années de formation théorique et d’assurer qu’ils puissent accéder aux spécialités pour lesquelles ils se sont préparés.

L’avenir de cette situation reste incertain, mais les tensions autour de la baisse des postes d’internes soulignent les défis auxquels est confronté le système de santé français. Les décisions prises dans les prochains mois seront cruciales pour déterminer l’attractivité des carrières médicales en France et la capacité du pays à former suffisamment de médecins pour répondre aux besoins de sa population.