La rentrée scolaire de 2024 a été marquée par une situation préoccupante dans de nombreux établissements scolaires français : une pénurie d’enseignants. Selon une enquête menée par le syndicat Snes-FSU entre le 30 août et le 5 septembre, il manquait au moins un professeur dans 56% des collèges et lycées au niveau national. Cette enquête, qui couvre 893 établissements, met en lumière des disparités selon les académies et révèle l’ampleur d’une crise qui affecte l’Éducation nationale.
Des disparités entre les académies
Les résultats de l’enquête montrent que la pénurie d’enseignants varie considérablement en fonction des académies. Les établissements les plus touchés se trouvent dans les académies de Versailles et Lyon, où respectivement 72% et 68% des collèges et lycées manquent au moins un enseignant. L’académie de Créteil n’est pas loin derrière, avec 63% des établissements en manque de professeurs. À l’inverse, l’académie d’Amiens présente la situation la moins critique, avec 21% des établissements concernés.
Les académies d’Aix-Marseille et de Normandie sont également fortement touchées, avec 44% et 43% d’établissements en pénurie d’enseignants. Ces chiffres reflètent un problème persistant dans plusieurs régions, amplifié par des difficultés de recrutement et des postes vacants qui n’ont pas été pourvus avant la rentrée.
Des disciplines particulièrement touchées
L’enquête du Snes-FSU met également en lumière des disparités selon les disciplines. Parmi les matières les plus touchées par le manque de professeurs figurent le français, les mathématiques, et dans une moindre mesure, les langues vivantes, la technologie, et l’éco-gestion. Le manque de professeurs dans ces matières essentielles a des répercussions directes sur la qualité de l’enseignement et la continuité pédagogique.
Le syndicat souligne également que de nombreux postes vacants ne sont toujours pas pourvus. Au 6 septembre, 1 646 offres d’emploi pour des postes de contractuels étaient toujours disponibles, signe que la crise de recrutement persiste.
Une crise de recrutement qui s’aggrave
Cette situation illustre la gravité de la crise de recrutement que traverse l’Éducation nationale. Des postes vacants, même pour des remplacements prévisibles comme les congés maternité ou les congés longue maladie, n’ont pas été pourvus. Le Snes-FSU exprime de fortes inquiétudes sur la capacité du système à assurer les remplacements en cours d’année, en particulier pour les absences prolongées.
La pénurie ne se limite pas aux enseignants. L’enquête du syndicat révèle également un manque criant de personnels accompagnants, tels que les AESH (Accompagnants d’élèves en situation de handicap) et les AED (Assistants d’éducation). Selon les données collectées, 17% des collèges et lycées manquent au moins un AESH, tandis que 15% des établissements signalent une pénurie d’AED.
Les académies de la région parisienne, comme Créteil, sont particulièrement affectées par cette crise. Une enquête menée localement dans cette académie montre que la situation est encore plus grave : 78% des collèges et 82% des lycées manquent au moins un enseignant. Ce constat est d’autant plus alarmant que ces académies font face à une démographie scolaire croissante et à des besoins accrus en termes d’encadrement pédagogique.
Le Snes-FSU et les autres syndicats appellent à un plan d’urgence pour répondre à cette pénurie qui, selon eux, résulte d’une perte d’attractivité du métier d’enseignant. Les conditions de travail, les rémunérations jugées insuffisantes et le manque de reconnaissance sont autant de facteurs qui contribuent à la baisse du nombre de candidats aux concours de l’enseignement, comme le soulignent plusieurs enquêtes récentes.
L’ancienne ministre de l’Éducation nationale, Nicole Belloubet, avait pourtant assuré lors de sa conférence de presse de rentrée que les académies avaient anticipé ces difficultés en reconduisant des contractuels et en menant des campagnes de recrutement. Toutefois, pour le Snes-FSU, ces mesures restent insuffisantes et ne sont souvent que du “bricolage”. Le syndicat critique notamment la hausse des offres de postes contractuels publiées par le ministère, qui témoignent d’une incapacité à pourvoir les postes permanents.
Face à cette situation, les syndicats demandent des mesures concrètes pour attirer davantage de candidats vers la profession enseignante et renforcer les effectifs dès cette année scolaire. La pénurie d’enseignants et de personnels éducatifs risque de perdurer si des actions fortes ne sont pas rapidement mises en place pour résoudre cette crise structurelle.