La hausse des ruptures de contrats d’apprentissage est un phénomène préoccupant qui touche de nombreux secteurs et filières. Selon une étude de la Dares, publiée en juillet 2024, le taux de rupture des contrats d’apprentissage a augmenté de manière significative ces dernières années. En 2022, 21% des contrats débutés se sont terminés dans les neuf premiers mois, contre 19% en 2017 et 16% en 2020.
C’est dans l’enseignement supérieur que l’augmentation des ruptures est la plus marquée. Le taux de rupture est passé de 10% en 2017 à 18% en 2022, reflétant une croissance importante de l’offre d’apprentissage dans ce secteur. Les formations de niveau bac+2, en particulier, ont vu leur taux de rupture augmenter de manière significative, atteignant 26% en 2022 contre 15% en 2017.
Malgré la hausse observée dans l’enseignement supérieur, les contrats d’apprentissage en CAP continuent d’enregistrer les taux de rupture les plus élevés, près de 30% en 2022. Cette tendance est représentative de l’ensemble de l’enseignement secondaire, qui affiche un taux de rupture stable d’environ 26% chaque année. Les jeunes en apprentissage dans le secondaire sont souvent à leur première entrée dans le monde professionnel, ce qui nécessite un accompagnement important pour les aider à s’adapter à ce nouvel environnement.
Certains secteurs traditionnellement moins touchés par les ruptures de contrat d’apprentissage ont vu une augmentation notable ces dernières années. Les domaines de l’information-communication, des activités financières et assurances, ainsi que de l’administration publique, de l’enseignement, de la santé humaine et de l’action sociale, ont tous enregistré une hausse des ruptures. Cette progression peut être attribuée à une forte croissance de l’apprentissage dans ces secteurs, avec l’arrivée de nouveaux CFA et employeurs qui doivent encore s’adapter aux spécificités de l’apprentissage.
La loi Avenir Professionnel de 2018 a joué un rôle dans cette tendance à la hausse des ruptures. En assouplissant les règles de rupture de contrat, la loi permet désormais aux apprentis de démissionner et aux employeurs de licencier sans passer par le Conseil de prud’hommes. Cela peut encourager des changements rapides et réguliers de la part des apprentis, qui peuvent décider de rompre un contrat insatisfaisant pour en rechercher un nouveau.
Les contrats d’apprentissage associés à de nouveaux CFA ou à des entreprises accueillant des apprentis depuis moins de cinq ans présentent un risque plus élevé de rupture. En effet, l’ouverture rapide de nouveaux CFA nécessite un temps d’adaptation aux spécificités de l’apprentissage. Les employeurs et les centres de formation doivent faire l’expérience de l’accompagnement pour bien soutenir les apprentis. Les nouveaux employeurs manquent souvent d’expérience en matière d’accueil, de recrutement et d’encadrement des apprentis.
La crise du Covid-19 a également influencé les taux de rupture. En 2020, une baisse des ruptures a été observée, probablement en raison des conditions de travail particulières pendant les confinements et de l’activité partielle. Les taux de rupture ont diminué de manière notable pendant cette période, mais ont repris leur progression par la suite, atteignant un taux de 21% en 2022.
Après une rupture de contrat, la majorité des apprentis ne retournent pas en apprentissage dans les six mois suivant la rupture. Cette situation est restée stable entre 2017 et 2021, avec environ 70% des contrats rompus ne conduisant pas à un nouveau contrat d’apprentissage dans les six mois. Cela souligne l’importance d’un accompagnement post-rupture pour aider les apprentis à se réorienter et à trouver de nouvelles opportunités.
Les petites entreprises sont particulièrement touchées par les ruptures de contrat d’apprentissage. En 2022, 28% des contrats débutés dans des entreprises de moins de 5 salariés ont été rompus dans les neuf premiers mois, contre 12% dans les entreprises de 250 salariés ou plus. Les conditions de travail spécifiques et le manque d’expérience en matière d’encadrement des apprentis peuvent expliquer ces taux plus élevés dans les petites structures.
La hausse des ruptures de contrats d’apprentissage est un phénomène complexe qui touche à la fois l’enseignement secondaire et supérieur, avec des variations importantes selon les secteurs d’activité et la taille des entreprises. Les changements législatifs, l’arrivée de nouveaux employeurs et CFA, ainsi que les conditions particulières liées à la crise sanitaire, ont tous contribué à cette tendance. Pour contrer cette hausse, il est essentiel de renforcer l’accompagnement des apprentis et de sensibiliser les employeurs aux bonnes pratiques d’encadrement.