La rentrée 2024 ne fait pas exception aux années précédentes en termes de critiques envers le système éducatif français. Le baromètre annuel de l’UNSA Éducation révèle une situation préoccupante : les membres du personnel éducatif, bien que passionnés par leur métier, ressentent un profond malaise lié à leurs conditions de travail, à un manque de reconnaissance et à des orientations politiques contestées.
Selon le baromètre de l’UNSA Éducation, plus de 91% des professionnels de l’éducation aiment leur métier, un chiffre qui témoigne de leur engagement. Pourtant, cet amour du métier est mis à rude épreuve. Près de 56,6% des répondants envisagent de quitter leur poste, non pas par manque de passion, mais en raison de la pénibilité du travail, tant sur le plan mental que physique. Cette situation a des répercussions sur la motivation et l’engagement des enseignants, des administratifs, des directeurs, des AESH, et des infirmières scolaires.
Des conditions de travail de plus en plus difficiles
Le malaise ressenti par le personnel éducatif est largement dû aux conditions de travail jugées insatisfaisantes par près de trois quarts des répondants, soit une augmentation de 14 points depuis 2017. Le manque de reconnaissance et de respect dans leur travail est également un sujet de préoccupation majeur, avec les deux tiers des professionnels qui estiment ne pas être valorisés à la hauteur de leur engagement. Cette proportion monte même à plus de trois quarts chez ceux qui envisagent de quitter l’école publique.
Le baromètre pointe un désaccord croissant avec les choix politiques du gouvernement actuel. Depuis 2017, la défiance à l’égard des réformes éducatives s’est accentuée, avec 87% des personnes interrogées exprimant leur désaccord, soit une augmentation de 21 points. Les critiques se concentrent sur la réforme du « choc des savoirs », jugée trop radicale et mise en place sans concertation avec les syndicats. Les manques de moyens, les consignes contradictoires, et l’incompétence perçue des ministères successifs alimentent également ce sentiment de malaise.
Un écart entre les attentes et la réalité
Les résultats du baromètre montrent un écart croissant entre le métier rêvé et le métier vécu. Seuls 20,6% des répondants conseilleraient aujourd’hui leur métier à un jeune, contre 36,7% en 2017. L’UNSA Éducation insiste sur l’importance de la qualité de vie au travail (QVCT) pour améliorer l’attractivité du métier. Les attentes des professionnels se concentrent désormais sur l’épanouissement personnel et l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, bien avant le salaire.
Les professionnels de l’éducation demandent des mesures concrètes pour améliorer leur quotidien. Parmi les attentes principales figurent l’allocation de moyens supplémentaires, l’amélioration de l’équilibre vie professionnelle/vie personnelle, et une meilleure gestion des ressources humaines. Les questions liées à la santé au travail, l’accès à la formation continue, et la possibilité d’une réelle mobilité au sein de la fonction publique sont également des préoccupations majeures.
Vers une refonte du système éducatif ?
Le baromètre de l’UNSA Éducation souligne un épuisement professionnel croissant, particulièrement chez les cadres, inspecteurs et personnels de direction. Un tiers des professionnels récemment en poste doutent de leur capacité à exercer leur métier à long terme, en raison de la dureté physique et mentale de leur activité. Ce constat alarmant nécessite une prise en compte urgente des besoins et ressentis des agents du service public, ainsi qu’une revalorisation de leur rôle et de leurs conditions de travail.
La rentrée 2024 s’inscrit dans un contexte de défiance et de désillusion envers les politiques éducatives. Les personnels éducatifs attendent des changements significatifs pour retrouver du sens et de la reconnaissance dans leur métier. Il est crucial d’ouvrir un dialogue constructif entre les acteurs de l’éducation, les syndicats et le gouvernement pour élaborer des solutions adaptées à ce malaise persistant. Les prochains mois seront déterminants pour l’avenir du système éducatif français et pour la réconciliation entre les ambitions des réformes et la réalité du terrain.
