À partir de la rentrée prochaine, l’université de Bordeaux introduira une mesure qui s’inscrit dans une démarche de bien-être et de soutien pour ses étudiants : un congé menstruel de 24 heures. Cette initiative, qui permet aux étudiants souffrant de douleurs menstruelles de s’absenter sans fournir de certificat médical, est un pas important vers la reconnaissance des défis spécifiques que rencontrent certaines personnes pendant leur cycle menstruel.
Un congé menstruel sans justificatif médical
L’une des principales particularités de cette mesure est la possibilité pour les étudiants de demander une journée d’absence sans avoir à fournir de certificat médical. Il leur suffira de contacter l’Espace santé étudiant de l’université pour obtenir une attestation d’absence de 24 heures. Ce congé, réservé aux personnes souffrant de dysménorrhées (douleurs abdominales sévères liées aux menstruations), s’accompagne également d’une information sur ces douleurs ainsi que d’une orientation vers une consultation médicale si nécessaire.
Pour bénéficier de ce congé, les étudiants doivent faire leur demande dans un délai de 48 heures avant ou après le jour d’absence prévu. Il est important de noter que ce congé n’est accordé qu’une fois par cycle menstruel, soit une fois tous les 21 jours au minimum.
Une mesure bien accueillie dans le milieu universitaire
Le congé menstruel est une mesure qui gagne en popularité au sein des établissements d’enseignement supérieur. Avant l’université de Bordeaux, d’autres institutions avaient déjà mis en place des dispositifs similaires pour aider leurs étudiants à mieux gérer les douleurs menstruelles tout en poursuivant leurs études dans de bonnes conditions. Par exemple, l’université Bordeaux-Montaigne permet jusqu’à 15 jours d’absence par an avec justificatif médical, tandis que l’université d’Angers offre jusqu’à 10 jours sans certificat.
Ces initiatives témoignent d’une prise de conscience croissante des besoins spécifiques des étudiants en matière de santé. Elles reflètent également une volonté d’adapter les conditions d’apprentissage à des réalités souvent négligées, permettant ainsi à chacun de suivre son cursus dans les meilleures conditions possibles.
Aujourd’hui, être étudiant n’est pas de tout repos. Entre les difficultés économiques, la crise du logement, et les autres défis du quotidien, les étudiants doivent faire face à une multitude de pressions. Dans ce contexte, les règles douloureuses peuvent représenter un fardeau supplémentaire, souvent sous-estimé. L’instauration d’un congé menstruel est donc une réponse adaptée à un besoin réel.
En permettant aux étudiants de prendre une journée de repos sans craindre de pénaliser leur parcours académique, l’université de Bordeaux envoie un message fort : le bien-être des étudiants est une priorité. Cela montre aussi une sensibilité accrue aux enjeux de santé spécifiques aux femmes et aux personnes menstruées, qui étaient longtemps ignorés ou minimisés.
Si l’université de Bordeaux a choisi de mettre en place cette mesure, elle n’est pas la seule à s’engager dans cette voie. En Espagne, un congé menstruel a été instauré au niveau national dès février 2023, ouvrant la voie à une reconnaissance plus large de cette problématique. Inspirée par ces initiatives, la France commence elle aussi à explorer cette voie, avec des mesures comme celles de Bordeaux, Angers, et d’autres universités.
Cependant, il reste encore du chemin à parcourir pour faire accepter et comprendre l’importance de ces congés. Les réticences existent, souvent fondées sur des idées reçues ou une méconnaissance des réalités vécues par les personnes concernées. Il est essentiel de poursuivre la sensibilisation et l’éducation autour de ce sujet pour assurer une mise en œuvre efficace et bénéfique du congé menstruel.
Le congé menstruel à l’université de Bordeaux représente plus qu’une simple mesure de bien-être. Il s’agit d’une reconnaissance officielle des difficultés que peuvent rencontrer les personnes menstruées. Ce type d’initiative pourrait également inspirer d’autres secteurs, comme les entreprises et les administrations, à adopter des mesures similaires, offrant ainsi un soutien plus large à ceux qui en ont besoin.
Adrien Maslet, vice-président des étudiants à l’université d’Angers, a bien résumé la portée de cette mesure en soulignant qu’elle ne vise pas à offrir un avantage injustifié, mais à répondre à un besoin légitime. Ce congé n’est pas seulement une journée de repos ; il représente une opportunité de sensibiliser et de changer les mentalités sur les règles et la douleur menstruelle dans notre société.