Études

Le niveau des 4ème jugé inquiétant par le ministère de l’Éducation nationale

Le ministère de l’Éducation nationale a publié les résultats des évaluations nationales pour les élèves de 6e, 4e, et 2nde, et les conclusions concernant les élèves de 4e sont particulièrement inquiétantes. Avec des difficultés marquées en français et en mathématiques, ce niveau intermédiaire de collège semble souffrir de lacunes persistantes, accentuées par les conséquences de la crise sanitaire.

Des résultats préoccupants en français et en mathématiques

Les données recueillies montrent une baisse de performance notable pour les élèves de 4e. En français, la proportion d’élèves dans les groupes les plus performants a diminué de 29 % en 2023 à 27,5 % en 2024, tandis que ceux appartenant aux groupes les moins performants sont passés de 32,4 % à 34,2 %. En mathématiques, bien que les résultats restent plus stables, le nombre d’élèves dans les niveaux les plus faibles a légèrement augmenté, passant de 33,2 % en 2023 à 34,4 % en 2024.

Ces résultats révèlent des lacunes importantes dans les compétences de base des collégiens de 4e, que ce soit en compréhension de l’écrit ou en manipulation des concepts mathématiques fondamentaux. Les élèves de REP et REP+, tout particulièrement, semblent davantage affectés par ces baisses de niveau.

Une situation attribuée aux effets de la crise sanitaire

Pour expliquer ces difficultés, le ministère de l’Éducation nationale évoque l’impact des confinements dus à la crise du Covid-19. Les élèves de 4e d’aujourd’hui étaient en CM1 et CM2 lors des périodes de fermeture des écoles, des cours en ligne et des disruptions fréquentes. Ces élèves ont donc connu une scolarité partiellement tronquée pendant des années cruciales pour l’acquisition des bases en lecture et en mathématiques, nécessaires pour bien aborder les années de collège.

Selon la directrice de l’enseignement scolaire, ces élèves ont accumulé un retard qu’ils peinent encore à combler aujourd’hui, et ce déficit de compétences impacte leur progression dans le cycle secondaire.

Des progrès en 6e, mais des lacunes persistantes

Si les résultats des élèves de 4e suscitent l’inquiétude, ceux des élèves de 6e semblent, quant à eux, plus stables, avec même une légère amélioration dans certaines académies. En mathématiques, notamment, les élèves scolarisés en REP+ affichent des scores en hausse, atteignant un niveau légèrement supérieur par rapport à 2023.

Toutefois, les lacunes persistent en compréhension de l’écrit : moins d’un élève sur deux atteint un niveau jugé satisfaisant. De plus, une proportion importante des élèves de 6e reste en difficulté sur des notions de base en mathématiques, comme les fractions et les décimaux. Par exemple, près de 43 % des élèves de 6e ne savent pas que 0,04 équivaut à quatre centièmes, un résultat préoccupant qui reflète un manque de compréhension des concepts fondamentaux.

En seconde, des signes de reprise après la crise sanitaire

Les résultats des évaluations pour les élèves de seconde montrent quant à eux des signes d’amélioration depuis 2019, date de l’introduction des évaluations nationales dans les classes de 2nde. Le niveau en français s’améliore lentement, mais de manière continue, bien que les résultats de 2024 montrent une légère baisse par rapport à 2023. Les élèves de seconde dans les filières générales et technologiques comme en voie professionnelle voient leur niveau de français progresser, avec une augmentation notable du nombre d’élèves dans les groupes les plus performants.

En mathématiques, la situation est différente : les scores moyens sont en baisse depuis 2019, bien qu’une légère reprise ait été observée entre 2023 et 2024 dans la voie générale. Pour autant, la voie professionnelle ne connaît pas cette amélioration, ce qui souligne une persistance des difficultés pour les élèves de cette filière en mathématiques.

Des disparités filles-garçons qui interrogent

Un autre point notable concerne les disparités de niveau entre les filles et les garçons en français et en mathématiques, une tendance visible dès le collège et qui se confirme au lycée. Les filles obtiennent de meilleurs résultats en français, tandis que les garçons prennent l’avantage en mathématiques. Cependant, l’écart entre filles et garçons tend à se creuser dans cette dernière matière. En 6e, il existe désormais un écart de 11 points entre les garçons et les filles en mathématiques, contre seulement 4 points en 2019.

Ce phénomène de divergence des niveaux entre filles et garçons en mathématiques commence dès le milieu du primaire et semble s’accentuer au fil des années. Le ministère de l’Éducation nationale indique qu’il s’agit d’une tendance préoccupante, bien qu’il n’existe pas de cause clairement identifiée pour expliquer cet écart.

Les mesures envisagées pour faire face aux difficultés

Face à ces résultats, le ministère de l’Éducation nationale envisage plusieurs mesures pour tenter de relever le niveau des élèves en difficulté. Parmi elles, des dispositifs de soutien ciblés pour renforcer les compétences en mathématiques et en français, en particulier pour les élèves de REP et REP+ qui semblent les plus affectés par la crise sanitaire.

Le dédoublement des classes en CP et CE1 dans les zones REP+ a montré des effets positifs sur le niveau des élèves de 6e. Il est donc envisagé d’étendre ce type de dispositif à d’autres niveaux scolaires. De plus, des formations spécifiques pourraient être proposées aux enseignants pour mieux accompagner les élèves en difficulté, en particulier dans les domaines où les écarts entre les élèves sont les plus marqués.

Enfin, le ministère étudie également la possibilité de renforcer les programmes de remédiation pendant les vacances scolaires, avec des stages intensifs destinés aux élèves ayant le plus de difficultés, afin de leur permettre de progresser avant d’atteindre les années de lycée.

Ces mesures visent à offrir aux élèves un accompagnement plus individualisé pour combler les lacunes accumulées durant la crise sanitaire, et à redresser le niveau général des collégiens, notamment ceux de 4e, qui peinent à atteindre les objectifs de compétences fixés par l’Éducation nationale.