Études

Le programme Hippocrate de Michel Barnier

Le système de santé en France connaît des défis majeurs, parmi lesquels la pénurie de soignants et les déserts médicaux. En réponse à cette situation critique, Michel Barnier, Premier ministre, a présenté lors de son discours de politique générale un ensemble de mesures pour réformer le système de santé, dont le programme Hippocrate, une initiative ambitieuse visant à mobiliser les jeunes médecins dans les zones sous-dotées. Ce programme s’inscrit dans une politique plus large d’amélioration de l’accès aux soins et de lutte contre les inégalités territoriales.

Objectif : lutter contre les déserts médicaux

Les déserts médicaux désignent des territoires où l’accès aux soins est extrêmement limité en raison d’un manque de professionnels de santé. Michel Barnier a souligné l’urgence de cette situation et fait de cette lutte une priorité. Selon ses propos, le programme Hippocrate est conçu pour répondre à ce besoin pressant en incitant les jeunes internes en médecine à s’installer temporairement dans ces zones délaissées.

Un renforcement des capacités de formation

L’un des premiers points d’action de ce programme est l’augmentation significative du nombre de postes d’internat. Le Premier ministre a annoncé que, dès 2025, 11 000 internes seraient formés, contre 8 500 en 2024. Cette augmentation vise à renforcer le vivier de jeunes médecins susceptibles de répondre aux besoins criants des territoires en manque de personnel médical.

Une incitation à s’engager dans les territoires sous-dotés

Le cœur du programme Hippocrate repose sur une incitation volontaire des internes à s’engager dans les territoires dits sous-dotés. Contrairement à d’autres dispositifs contraignants, Michel Barnier a souligné que cet engagement resterait sur la base du volontariat, un point crucial pour garantir l’adhésion des jeunes médecins.

Les internes seront encouragés à découvrir ces régions, souvent méconnues, afin de se familiariser avec des territoires où ils pourraient envisager une installation à long terme. Le Premier ministre a insisté sur l’importance de l’accompagnement de l’État et des collectivités locales pour rendre cette transition attractive et viable, tant sur le plan professionnel que personnel.

Un parallèle avec le contrat d’engagement de service public (CESP)

Beaucoup ont relevé des similitudes entre le programme Hippocrate et le contrat d’engagement de service public (CESP), mis en place en 2009 dans le cadre de la loi HPST. Le CESP propose aux étudiants en médecine, odontologie, maïeutique, et pharmacie de percevoir une allocation mensuelle en contrepartie d’un engagement à exercer, après leurs études, dans des zones sous-dotées.

Le programme Hippocrate, bien que basé sur le volontariat, s’inspire de ce modèle en incitant les jeunes médecins à se diriger vers ces zones prioritaires. Cependant, contrairement au CESP, il ne s’agit pas ici d’un contrat contraignant, mais d’une proposition offrant davantage de flexibilité et de soutien, en espérant créer un effet d’attraction naturel.

Les internes qui choisissent de s’engager dans le cadre du programme Hippocrate bénéficieront d’une série de mesures incitatives. Cela inclut non seulement un accompagnement financier, mais également des soutiens logistiques, tels que la prise en charge des frais de logement et l’accès facilité aux infrastructures locales. Cette démarche vise à réduire les obstacles matériels qui pourraient dissuader les jeunes professionnels de s’installer dans ces zones.

L’importance du volontariat

Un point crucial soulevé par les syndicats et les professionnels de santé est la notion de volontariat dans le cadre du programme Hippocrate. Killian L’helgouarc’h, président de l’Intersyndicale nationale des internes (Isni), a souligné que pour qu’un médecin soit pleinement efficace et motivé, il doit être volontaire dans son choix de s’installer dans un territoire.

Le volontariat garantit que les médecins s’engagent avec conviction, plutôt que par obligation, ce qui favorise une installation durable dans ces zones souvent perçues comme peu attractives. Le programme Hippocrate mise donc sur un accompagnement humain et financier pour encourager les jeunes médecins à franchir ce cap sans contrainte.

Les territoires ciblés par le programme

Le programme Hippocrate cible principalement les zones sous-dotées, aussi appelées déserts médicaux. Ces territoires sont identifiés sur la base de critères précis, tels que le nombre de médecins par habitant et la difficulté d’accès aux soins de première nécessité. Les régions rurales sont souvent les plus concernées, mais certaines zones urbaines, notamment dans les banlieues ou les quartiers défavorisés, sont également incluses.

L’un des objectifs majeurs du programme est d’assurer une répartition plus équitable des professionnels de santé sur le territoire. Actuellement, la majorité des médecins s’installent dans les grandes villes et les zones plus attractives, laissant certaines régions en manque critique de services médicaux. Le programme Hippocrate vise à réduire ces disparités en facilitant l’installation des jeunes médecins là où ils sont le plus nécessaires.

Le soutien des pouvoirs publics

L’État et les collectivités locales joueront un rôle clé dans la réussite de ce programme. Ils seront chargés d’offrir un cadre favorable aux internes et jeunes médecins qui choisissent de s’installer dans ces zones sous-dotées. Cela passe par la simplification administrative, la mise en place de structures d’accueil adaptées et le développement d’infrastructures pour rendre ces territoires plus attractifs.

Outre l’accompagnement logistique, le soutien financier est un élément central du programme. Il pourrait prendre la forme d’une allocation, similaire à celle du CESP, ou d’autres dispositifs visant à compenser les inconvénients d’une installation dans des zones isolées. Cet accompagnement est essentiel pour rendre l’initiative viable et attractive pour les internes.

La question des stages et de la formation sur le terrain

Un autre volet du programme Hippocrate est de permettre aux internes d’effectuer des stages dans les zones sous-dotées. Ces stages constituent une première expérience sur le terrain et permettent aux jeunes médecins de se familiariser avec les réalités des déserts médicaux. L’objectif est de leur donner l’opportunité de découvrir ces régions tout en continuant leur formation, dans l’espoir que certains choisiront ensuite de s’y installer durablement.

Les maîtres de stage jouent ici un rôle essentiel. Ils sont responsables de l’encadrement des internes, leur offrant une formation pratique de qualité. L’un des défis sera donc d’assurer un réseau de maîtres de stage suffisamment étoffé pour accompagner efficacement ces jeunes professionnels.

Vers une médecine plus équitable et accessible

Le programme Hippocrate de Michel Barnier s’inscrit dans une volonté plus large de rendre la médecine plus équitable et accessible à tous. Face aux inégalités croissantes dans l’accès aux soins, il est urgent de réagir pour garantir à chaque citoyen, quelle que soit sa localisation, un accès rapide à des soins de qualité.

En mobilisant les jeunes médecins et en leur offrant des conditions d’installation favorables, le programme vise à rééquilibrer l’offre de soins sur l’ensemble du territoire français.