Avec l’émergence des préoccupations environnementales, certaines entreprises innovent pour inciter leurs salariés à adopter des comportements écoresponsables. C’est dans ce contexte que s’inscrit le Temps de Trajet Responsable (TTR), une initiative qui récompense les employés optant pour des moyens de transport à faibles émissions de carbone lors de leurs déplacements. Découvrons ensemble ce dispositif en détail.
Qu’est-ce que le temps de trajet responsable ?
Le Temps de Trajet Responsable (TTR) est un concept mis en place par certaines entreprises pour offrir des jours de congés supplémentaires aux salariés utilisant des modes de transport durables comme le train, le covoiturage ou le bateau, pour leurs déplacements personnels ou professionnels.
L’objectif principal du TTR est de compenser la durée plus longue des trajets en transport écoresponsable, souvent perçue comme une contrainte. Cela permet également de réduire l’empreinte carbone liée aux déplacements des salariés, tout en favorisant un équilibre entre vie professionnelle et personnelle.
- Les salariés doivent justifier l’utilisation d’un moyen de transport bas-carbone, généralement pour des trajets supérieurs à 6 heures.
- En échange, ils bénéficient de jours de congés payés supplémentaires, souvent fractionnables en demi-journées.
- Ces journées peuvent être utilisées pour travailler en mode réduit pendant le trajet, selon les conditions (connexion Wi-Fi, accès à l’électricité).
Les entreprises pionnières du TTR
Ubiq, précurseur du TTR
Ubiq, spécialiste de l’immobilier de bureau, a été la première entreprise à mettre en œuvre ce dispositif. Depuis 2023, ses salariés peuvent bénéficier de jusqu’à deux jours de TTR par an pour des trajets dépassant les six heures. Ce programme a rencontré un vif succès, encourageant d’autres entreprises à suivre cet exemple.
D’autres initiatives inspirantes
- HomeExchange : Cette entreprise propose également le TTR, et près de 25 % de ses collaborateurs en France y ont déjà eu recours.
- La Fresque du climat : Cette association teste actuellement le dispositif pour encourager ses membres à voyager de manière durable.
Ces initiatives montrent que le TTR est non seulement un moyen de répondre aux attentes des salariés en matière de durabilité, mais aussi un levier pour améliorer leur qualité de vie.
Les avantages du TTR
pour les salariés
- Temps de repos préservé : Les salariés n’ont plus à sacrifier des jours de congé pour des trajets prolongés.
- Engagement environnemental : Ils peuvent voyager tout en réduisant leur empreinte carbone.
- Flexibilité : Le TTR est souvent fractionnable, permettant une meilleure adaptation aux besoins de chacun.
Pour les entreprises
- Fidélisation des talents : En répondant aux attentes des salariés, notamment des jeunes générations, le TTR devient un outil d’attractivité.
- Image écoresponsable : Les entreprises peuvent valoriser ces initiatives comme des engagements concrets en faveur de l’environnement.
- Réduction de l’empreinte carbone globale : Même si cela reste limité aux déplacements des employés, le TTR contribue à une stratégie durable.
Limites et critiques du dispositif
Certains reprochent au TTR de ne pas avoir d’impact direct sur l’empreinte écologique de l’entreprise elle-même, mais uniquement sur celle des salariés. Il pourrait alors être perçu comme une simple stratégie de communication.
Pour les entreprises, le coût annuel moyen du TTR est estimé entre 600 et 700 euros par salarié, ce qui peut représenter un frein pour les petites structures.
Le TTR peut ne pas convenir à tous :
- Les familles avec enfants en bas âge peuvent trouver les trajets en train ou en bateau peu pratiques.
- Les coûts élevés des billets de train restent un obstacle, bien que leur empreinte carbone soit nettement inférieure à celle des vols.
Les transports écoresponsables en question
Selon une étude de Greenpeace réalisée en 2023 :
- Un trajet Paris-Naples en avion génère 242 kg de CO₂e, contre seulement 8 kg de CO₂e en train.
- Ces chiffres illustrent le potentiel écologique des transports ferroviaires.
Les calculs d’empreinte écologique des vols prennent souvent en compte uniquement les émissions de CO₂, mais d’autres facteurs, comme les traînées de condensation, amplifient leur impact. Une étude de 2021 publiée dans Atmospheric Environment suggère de multiplier par trois les émissions de CO₂ pour obtenir une estimation réaliste.
Vers une adoption plus large ?
Le succès des premières expériences du TTR incite de nombreuses entreprises à envisager son déploiement. Toutefois, pour qu’il devienne une norme, plusieurs améliorations sont nécessaires :
- Réduction des coûts des transports durables : Les subventions ou partenariats avec des opérateurs ferroviaires pourraient faciliter l’accès aux trajets écoresponsables.
- Meilleure communication interne : Beaucoup de salariés ignorent encore l’existence du TTR dans leur entreprise.
- Adaptabilité aux profils variés : Intégrer des solutions pour les familles ou pour des trajets professionnels complexes pourrait élargir l’utilisation du dispositif.
Le TTR représente une initiative prometteuse pour concilier préoccupations écologiques et besoins des salariés. Bien qu’il reste perfectible, il ouvre la voie à une nouvelle manière de penser les déplacements professionnels et personnels, en plaçant la durabilité au cœur des priorités.