Un marché locatif en surtension
Trouver un logement n’a jamais été une tâche facile pour les étudiants, mais cette année, la situation semble encore plus compliquée.
Jacques Baudrier, adjoint au logement de la mairie de Paris, a récemment déclaré dans un article du Figaro : « Il faut se préparer à une rentrée dramatique pour les étudiants parisiens et franciliens, (…) on va se retrouver avec des dizaines de milliers d’étudiants sans toit ».
Cette déclaration souligne la gravité de la situation à Paris et en Île-de-France, mais le problème s’étend à l’ensemble du territoire.
Plusieurs facteurs contribuent à cette crise du logement étudiant. Tout d’abord, la concurrence de la location touristique prélève une part significative du parc locatif disponible. Les plateformes de location de courte durée comme Airbnb attirent de nombreux propriétaires, qui y voient une opportunité de rentabiliser leurs biens sans les contraintes associées à la location traditionnelle. En effet, les régulations telles que l’encadrement des loyers et les obligations de rénovation énergétique pour lutter contre les passoires thermiques dissuadent certains propriétaires de louer leurs biens à des étudiants.
En parallèle, les jeunes actifs, confrontés à un marché immobilier de plus en plus inaccessible, restent plus longtemps dans le parc locatif, accentuant la pression sur l’offre de logements étudiants. Selon une étude menée par Les Belles Années, le nombre de biens meublés disponibles à la location a diminué de 20 % en 2023, tandis que la demande a augmenté de 18 %.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. À Rennes, on compte 104 étudiants pour chaque annonce de logement, 101 à Lyon, et 89 à La Rochelle. À Paris, la situation est encore plus critique avec 156 étudiants pour chaque annonce. Cette disproportion entre l’offre et la demande pousse les prix à la hausse et complique la tâche des étudiants et de leurs familles.
Quels types de logements recherchent les étudiants ?
D’après les données de LocService.fr, la majorité des étudiants (61 %) recherche des studios ou des T1. Les T2 sont demandés par 18 % des étudiants, tandis que les chambres et les T3 ou plus grands sont moins prisés, respectivement par 6 % et 7 % des étudiants. La colocation, autrefois plus populaire, semble en léger recul, avec seulement 8 % des étudiants à la recherche de ce type de logement, contre 10 % en 2023. Par ailleurs, plus de la moitié des étudiants (53 %) préfèrent les logements meublés, qui offrent une solution clé en main pour une installation rapide.
Le coût des logements étudiants varie fortement selon les régions. En moyenne, les chambres étudiantes se louent 458 € pour une surface de 14 m², les studios 550 € pour 23 m², et les appartements T1 566 € pour 30 m². Les T2, quant à eux, coûtent en moyenne 743 € pour 42 m². Le budget moyen des étudiants pour se loger est de 685 €, avec des disparités importantes : 615 € en province, 865 € en région parisienne, et jusqu’à 940 € pour ceux qui souhaitent se loger dans Paris intra-muros.
La région Île-de-France concentre une grande partie de la demande étudiante, avec 28 % des étudiants à la recherche d’un logement. Paris, en particulier, attire 15,5 % de la demande nationale, suivi par Lyon, Toulouse, et Montpellier. Louer un studio à Paris coûte en moyenne 907 €, tandis que dans d’autres villes comme Le Mans, Limoges ou Pau, le coût est presque moitié moins élevé. En région parisienne, les loyers restent élevés, avec des prix moyens de 755 € à Créteil, 696 € à Saint-Denis, et 680 € à Nanterre.
Face à cette situation, il est crucial d’explorer des solutions alternatives pour le logement étudiant. La cohabitation intergénérationnelle, par exemple, offre une option intéressante pour les étudiants à la recherche d’un logement abordable tout en créant des liens sociaux enrichissants. De plus, des politiques de soutien au logement étudiant, comme l’augmentation de l’offre de résidences universitaires et des aides financières, sont indispensables pour alléger la pression sur le marché locatif.