Patrick Hetzel prend la tête du ministère de l’enseignement supérieur

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Patrick Hetzel, figure discrète mais influente du parti Les Républicains (LR), a été nommé ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, succédant à Sylvie Retailleau. Ce choix marque une étape cruciale pour l’enseignement supérieur en France, à un moment où ce secteur fait face à de nombreux défis, notamment la réduction des crédits de l’État et la pression croissante pour moderniser les universités.

Un spécialiste reconnu de l’enseignement supérieur

Patrick Hetzel n’est pas un inconnu dans le monde académique. Né en 1963, cet ancien professeur des universités est titulaire d’un doctorat en sciences de gestion obtenu à l’Université Jean-Moulin-Lyon III. Il a commencé sa carrière universitaire en enseignant dans plusieurs institutions prestigieuses, notamment à l’Université de Strasbourg et à Paris-Panthéon-Assas. Son expertise dans le domaine des sciences de gestion l’a mené à fonder un laboratoire de recherche, le LARGEPA, au sein de Paris-Panthéon-Assas, contribuant ainsi à la création d’un programme doctoral en gestion.

En parallèle de sa carrière académique, Hetzel a été impliqué dans plusieurs projets nationaux, dont une fonction de recteur de l’académie de Limoges de 2005 à 2007. Il a également été directeur général de l’enseignement supérieur de 2008 à 2012, période durant laquelle il a supervisé l’application de la loi LRU (Libertés et responsabilités des universités), un texte controversé qui a bouleversé la gouvernance des universités françaises en renforçant leur autonomie.

Un parcours politique marqué par la réforme de l’enseignement supérieur

C’est en 2007 que la carrière politique de Patrick Hetzel prend un tournant. Il est nommé conseiller éducation, enseignement supérieur et recherche auprès du Premier ministre François Fillon. Ce rôle l’amène à jouer un rôle clé dans la mise en œuvre de réformes significatives. En tant que directeur général pour l’enseignement supérieur, il a participé à la rédaction de lois qui ont transformé le paysage universitaire français. La loi LRU, portée par la ministre Valérie Pécresse à l’époque, a renforcé l’autonomie des universités, leur permettant de gérer directement leurs ressources humaines, leurs biens immobiliers, ainsi que leur budget.

Cette réforme, bien qu’elle ait été saluée par certains pour son ambition de moderniser les universités, a été fortement critiquée pour avoir ouvert la porte à une privatisation rampante de l’enseignement supérieur. Les détracteurs affirment qu’elle a creusé les inégalités entre les établissements et favorisé une gouvernance calquée sur le modèle des entreprises, éloignant ainsi les universités de leur mission de service public.

Des défis majeurs pour le nouveau ministre

Le retour de Patrick Hetzel au ministère intervient à un moment charnière. Le système universitaire français est confronté à une crise budgétaire. En effet, de nombreux établissements ont vu leur budget être amputé de plus d’1,4 milliard d’euros au cours des derniers mois. Cette situation fragilise non seulement la qualité de l’enseignement, mais menace aussi la pérennité de certaines filières, notamment dans les universités de province. Il revient donc à Hetzel de trouver des solutions pour assurer un financement suffisant aux universités tout en répondant à la demande croissante d’étudiants.

Autre dossier brûlant, la plateforme Parcoursup fait l’objet de critiques récurrentes, tant de la part des étudiants que des enseignants. En 2023, Les Républicains avaient dénoncé l’opacité de ses critères de sélection, suscitant l’inquiétude de nombreux élèves laissés en attente d’une réponse à leur candidature. Patrick Hetzel, qui avait lui-même proposé la création d’une commission d’enquête sur ce sujet, pourrait bien initier une réforme de ce système d’accès au supérieur, voire envisager sa suppression.

Enfin, un autre défi majeur pour Patrick Hetzel sera de gérer la montée en puissance de l’intelligence artificielle (IA) dans l’enseignement supérieur et la recherche. Le président Emmanuel Macron a exprimé sa volonté de faire de la France un leader dans ce domaine. Pour atteindre cet objectif, Hetzel devra collaborer étroitement avec Clara Chappaz, récemment nommée à la tête des projets IA au sein du ministère. Il s’agira notamment de favoriser l’intégration de l’IA dans les cursus universitaires et d’encourager la recherche en la matière, tout en garantissant que la France reste compétitive sur la scène internationale.

Bien que reconnu pour ses compétences dans le domaine de l’enseignement supérieur, Patrick Hetzel traîne derrière lui plusieurs positions politiques controversées. En 2013, il s’était fermement opposé au mariage pour tous, manifestant aux côtés de figures conservatrices telles que Bruno Retailleau. Membre de l’Entente parlementaire pour la famille, il a également exprimé ses réticences à la procréation médicalement assistée (PMA) pour les femmes seules et à l’euthanasie. Ses positions ont souvent suscité des critiques, notamment de la part des syndicats et des associations étudiantes, qui le perçoivent comme un défenseur des valeurs traditionnelles.

De plus, Hetzel a été un soutien de Didier Raoult lors de la pandémie de COVID-19, réclamant publiquement l’usage de l’hydroxychloroquine, malgré l’absence de preuves scientifiques solides quant à son efficacité. Cet épisode a renforcé l’image d’un homme parfois en décalage avec la communauté scientifique.

Patrick Hetzel a également été à l’origine d’une proposition de commission d’enquête sur les dérives islamo-gauchistes dans les universités, un acte qui a suscité de vives réactions dans le milieu académique. Beaucoup craignent que cette démarche, perçue comme une chasse aux sorcières idéologique, ne mette en péril la liberté académique et n’encourage une vision conservatrice de l’enseignement supérieur.

Une vision libérale de l’enseignement supérieur

Le mandat de Patrick Hetzel s’inscrit dans une vision libérale de l’enseignement supérieur, prônant une plus grande autonomie des universités. Dans plusieurs publications, il a exprimé la nécessité de débureaucratiser le système universitaire et de permettre à chaque établissement de développer ses propres stratégies en fonction de ses forces. Pour lui, il est essentiel de différencier les universités, certaines étant tournées vers la recherche mondiale, d’autres vers une mission d’insertion professionnelle des étudiants.

Cette approche pourrait conduire à une redéfinition de l’autonomie des universités, une réforme déjà amorcée sous Valérie Pécresse et que Hetzel semble vouloir approfondir. Les syndicats et les associations étudiantes s’inquiètent cependant des conséquences de cette orientation, craignant qu’elle n’accentue les inégalités entre les établissements et ne renforce la sélection à l’entrée des universités.

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