Depuis quelques années, l’enseignement supérieur privé connaît un véritable essor en France, avec une croissance marquée du nombre d’étudiants optant pour des diplômes payants. Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène, dont l’incapacité de l’université publique à absorber l’afflux de bacheliers et le développement de formations plus adaptées aux besoins du marché du travail. Résultat, aujourd’hui, plus d’un étudiant sur quatre se tourne vers une formation payante, avec des frais pouvant osciller entre 6 000 et 12 000 euros par an.
Une offre qui répond à une demande non satisfaite
Le secteur public peine à répondre à l’augmentation du nombre de bacheliers, notamment dans les filières techniques et professionnelles. Avec une part de plus de 80 % de bacheliers dans chaque génération, la demande d’éducation supérieure a explosé, mais l’université ne s’est pas adaptée en conséquence. Ce manque de places et l’inadéquation de certaines filières aux réalités professionnelles laissent une large marge de manœuvre pour les établissements privés. Ces derniers ont rapidement pris le relais en se concentrant sur des formations en tension comme la gestion, le marketing, le digital ou encore la communication.
Les groupes privés comme Galileo Global Education, Ionis ou encore Eduservices prospèrent en comblant ce manque, en proposant des programmes spécialisés et en s’appuyant sur des enseignants issus du monde professionnel. Ils offrent des formations en phase avec les exigences du marché du travail, souvent plus concrètes, axées sur la pratique et favorisant l’employabilité immédiate des diplômés.
Des frais élevés mais justifiés par la valeur ajoutée
Alors que le coût d’inscription en licence dans le public ne dépasse pas 175 euros par an (et 250 euros en master), les formations dans le privé se monnayent souvent entre 6 000 et 12 000 euros annuels. Ces tarifs peuvent sembler élevés, mais ils sont justifiés par la qualité des infrastructures, des ressources pédagogiques et par l’encadrement professionnel que ces établissements mettent à disposition des étudiants.
Les écoles privées investissent massivement dans des campus modernes, bien équipés et souvent répartis sur tout le territoire, ce qui leur permet d’attirer un nombre croissant d’étudiants. De plus, grâce à la possibilité de suivre des cursus en alternance, les élèves peuvent bénéficier d’une prise en charge de leurs frais de scolarité, grâce à l’État qui incite les entreprises à recruter des alternants.
L’alternance : l’atout qui fait la différence
La réforme de l’apprentissage de 2018 a joué un rôle clé dans l’accélération de ce modèle d’enseignement. Grâce à cette réforme, les entreprises qui recrutent des apprentis reçoivent une prime pouvant aller jusqu’à 6 000 euros par alternant, ce qui a dopé la demande pour les contrats d’apprentissage. Ainsi, près d’un million de contrats ont été signés au cours des douze derniers mois, en grande partie avec des établissements privés, qui n’ont pas de limite de places tant que les alternants trouvent un emploi.
Ce modèle d’alternance, qui associe enseignement théorique et immersion en entreprise, séduit de plus en plus d’étudiants car il leur permet de bénéficier d’une première expérience professionnelle tout en allégeant le coût de leur formation. C’est également un atout majeur pour les entreprises qui peuvent former de futurs employés selon leurs besoins spécifiques.
Un secteur en plein développement
Face à cette demande croissante, les fonds d’investissement se sont largement intéressés à ce secteur, y injectant des capitaux conséquents. L’enseignement supérieur privé est perçu comme un domaine à la fois résilient et peu cyclique, offrant des opportunités de croissance durable. Les investisseurs misent sur la création de nouveaux campus et la duplication de programmes existants dans toute la France, contribuant ainsi à l’extension de l’offre d’enseignement supérieur.
Le privé n’est plus un choix marginal dans l’enseignement supérieur en France. Il s’impose désormais comme une véritable alternative pour les étudiants, notamment ceux qui cherchent à se former rapidement dans des secteurs porteurs et en forte demande sur le marché du travail. Avec des formations pratiques, des enseignants issus du monde professionnel et des opportunités d’alternance attractives, ces établissements répondent à des besoins spécifiques que le secteur public n’est plus en mesure de combler.
