Dans le cadre de son plan de réforme “Choc des savoirs“, la ministre de l’Éducation nationale, Anne Genetet, a récemment annoncé l’ajout d’une épreuve anticipée de mathématiques pour les élèves de Première, dès 2026. Cette décision vise à combler les lacunes dans cette matière essentielle, notamment depuis la réforme du lycée de 2019 qui a réduit la place des mathématiques dans le tronc commun. Découvrez les objectifs de cette mesure et les changements à venir pour les lycéens.
Une réponse à la baisse du niveau en mathématiques
Depuis plusieurs années, une diminution notable du niveau en mathématiques est observée chez les élèves français, plaçant la France au 26e rang du classement PISA parmi les pays de l’OCDE. Avec la disparition des filières traditionnelles (S, ES, L) et l’introduction des spécialités, de nombreux élèves ont cessé d’étudier les mathématiques après la classe de seconde. Cette situation a creusé des inégalités et créé un fossé entre ceux qui choisissent d’approfondir la matière et ceux qui n’ont plus de formation mathématique en Première.
Cette épreuve anticipée en mathématiques répond à une volonté de renforcer la culture scientifique et mathématique dès le lycée, en complément du tronc commun en mathématiques, réintroduit depuis la rentrée 2023 pour les élèves de Première qui n’ont pas pris la spécialité mathématiques. Le but ? Assurer à chaque élève un socle solide de compétences avant l’entrée en Terminale, quelle que soit leur orientation future.
Deux épreuves adaptées aux parcours
Dès juin 2026, les élèves de Première passeront cette nouvelle épreuve, divisée en deux versions distinctes :
- Pour les élèves ayant choisi la spécialité Mathématiques, l’épreuve approfondie évaluera des compétences et des connaissances plus poussées, en lien avec leur programme spécifique.
- Pour les élèves suivant uniquement les mathématiques dans le tronc commun, l’évaluation portera sur des concepts fondamentaux, adaptés à un niveau de base.
Cette double approche a pour objectif d’adapter les évaluations au niveau de chaque élève, tout en rendant cette matière plus accessible pour ceux qui suivent un cursus sans spécialisation mathématique. Le ministère souhaite ainsi valoriser les parcours variés des élèves et les encourager à garder un contact régulier avec les mathématiques.
Accueil mitigé des enseignants
La mise en place de cette épreuve anticipée a suscité des réactions contrastées parmi les enseignants et les syndicats. Bien que cette initiative soit perçue comme une opportunité de relever le niveau global en mathématiques et de mieux préparer les élèves aux études supérieures, certains craignent une augmentation de la charge de travail pour les élèves de Première et pour le personnel éducatif.
Les syndicats rappellent également qu’une réforme efficace des mathématiques nécessiterait un ajustement des programmes et une réduction des effectifs par classe, permettant un apprentissage plus personnalisé. De plus, la formation des enseignants en mathématiques devient cruciale pour garantir une mise en œuvre réussie de cette épreuve.
Un impact sur le baccalauréat et les coefficients
Cette réforme entraîne des ajustements dans l’organisation du baccalauréat, puisqu’il sera nécessaire de redistribuer les coefficients des épreuves existantes pour intégrer celle de mathématiques. Actuellement, les épreuves anticipées de français en Première, aussi bien l’oral que l’écrit, sont affectées d’un coefficient 5. Le ministère envisage d’attribuer un coefficient équivalent pour les mathématiques, afin de maintenir un équilibre entre les matières.
Ce changement nécessitera sans doute une redéfinition des coefficients des épreuves terminales, comme les spécialités ou le grand oral. L’objectif est de ne pas déséquilibrer l’évaluation globale du baccalauréat, qui repose sur un équilibre entre le contrôle continu (60 %) et les épreuves finales (40 %).
L’importance de la culture scientifique pour tous
Cette réforme s’inscrit dans un contexte de transformation globale de l’éducation, visant à faire des mathématiques un pilier commun, au même titre que le français. Anne Genetet a souligné l’importance d’une base solide en mathématiques pour former des citoyens éclairés et préparer les jeunes aux défis du XXIe siècle, notamment dans les domaines technologiques, économiques et scientifiques. Elle a également évoqué la richesse de l’héritage scientifique français, de figures comme Marie Curie et Cédric Villani, pour illustrer la nécessité de redonner aux mathématiques une place centrale dans la culture scolaire.
Un examen symbolique mais exigeant pour les élèves
Pour beaucoup d’élèves, cette épreuve anticipée représente une première étape d’évaluation dans cette discipline exigeante, mais elle se veut aussi symbolique, comme l’a souligné Anne Genetet. En instaurant cette épreuve dès la Première, le ministère entend non seulement évaluer les acquis, mais aussi encourager les élèves à développer une approche positive des mathématiques, dans un cadre adapté à leur niveau. Ce retour à une évaluation nationale des mathématiques, après l’introduction des spécialités, montre la volonté de mieux préparer les élèves aux exigences de l’enseignement supérieur.
D’ici 2026, le ministère de l’Éducation nationale continuera de travailler avec les établissements scolaires pour affiner les modalités de cette épreuve, en particulier en ce qui concerne le programme exact, la durée, et les attentes pour chaque type d’épreuve. Des comités de travail réunissant des experts en éducation, des enseignants et des représentants syndicaux se chargeront de finaliser les détails de la réforme.
Les lycéens de Seconde, qui seront les premiers concernés, disposeront ainsi d’une préparation progressive et encadrée avant de se confronter à cette épreuve en juin 2026.