Sous-développement : de la théorie aux exemples concrets

Pourquoi certains pays restent-ils dans le sous-développement pendant que d’autres rattrapent rapidement leur retard ? Cet article propose une lecture claire et actionnable des grandes théories, des mécanismes concrets et des politiques possibles. Objectif : te donner des idées solides pour un devoir d’ESH, un oral, ou tout simplement pour comprendre les débats actuels sur le développement économique.

Sommaire

Les bases à connaître

De quoi parle-t-on exactement ?

Le sous-développement décrit une situation où un pays présente des niveaux faibles et durables de revenu par habitant, de capital humain (santé, éducation), d’infrastructures et de productivité. Les symptômes visibles : pauvreté monétaire, emplois informels, déficits de services publics, dépendance aux matières premières, fragilité des institutions.

Quelques repères d’indicateurs

On observe souvent une combinaison de PIB/habitant faible, d’IDH moyen ou bas, une espérance de vie plus courte, des inégalités élevées (Gini), une épargne domestique réduite, des déficits courants et un investissement productif insuffisant.

Les grandes familles d’explications

1) Le « retard » de développement : l’idée de rattrapage

Dans une logique de parcours, un pays « sous-développé » serait en retard sur une trajectoire déjà empruntée par les économies aujourd’hui riches. L’exemple classique : les cinq étapes qui mènent de la société traditionnelle à la consommation de masse. Dans cette lecture, la clé est l’accumulation du capital et le passage d’un seuil critique d’investissement.

Ce qu’il faut retenir

  • Sans investissement productif suffisant, pas de décollage durable.
  • Les secteurs moteurs entraînent les autres via les effets d’amont et d’aval.
  • Forces : vision simple et pédagogique. Limites : trajectoire trop linéaire, peu sensible aux contextes locaux.

2) Les cercles vicieux et le « big push »

Autre idée centrale : le sous-développement persiste car l’économie est enfermée dans des cercles vicieux. Faibles revenus → faible épargne → faible investissement → faible productivité → faibles revenus. Pour s’en sortir, certains défendent un big push : un effort coordonné d’investissements publics et privés, notamment dans les infrastructures, l’électricité, la logistique, l’éducation.

Idée clé : « on n’émerge pas secteur par secteur à petite dose, mais par une impulsion coordonnée qui casse les blocages ».

3) Dualisme et « inarticulation » des économies

De nombreux pays cumulent un secteur moderne (urbain, capitalisé, tourné vers l’export) et un secteur traditionnel (rural, à faible productivité). Si les deux ne dialoguent pas, la croissance ne se diffuse pas. On parle alors d’inarticulation : manque de liens géographiques (ports vs arrière-pays), sectoriels (industrie vs agriculture), et technologiques.

  • Solution classique : créer des pôles capables de tirer l’ensemble via des effets d’entraînement (transport, agro-transformation, villes intermédiaires).
  • Attention : la montée du secteur moderne peut absorber l’excédent de main-d’œuvre agricole… à condition d’investir massivement et d’éviter les enclaves.

4) Dépendance et termes de l’échange

Vue « externe » : le commerce international peut enfermer des économies dans la vente de matières premières à faible valeur ajoutée et prix volatils, face à des importations industrielles plus chères. Résultat : termes de l’échange défavorables, dette récurrente, faible industrialisation. Cette lecture insiste sur la dépendance vis-à-vis des centres technologiques et financiers.

5) Institutions et facteurs socio-culturels

Autre angle devenu dominant : la qualité des institutions (État de droit, transparence, protection des droits de propriété, stabilité macro) structure les incitations. Des institutions « inclusives » favorisent l’innovation, l’investissement et la confiance. Les normes sociales, la culture de l’épargne, le rapport au risque et à l’avenir jouent aussi sur le développement d’un écosystème entrepreneurial.

Exemples concrets et mécanismes observables

Haïti : faible investissement, productivité en berne

Haïti illustre le verrou « épargne-investissement ». Avec un revenu par habitant faible, l’épargne domestique ne finance pas assez l’investissement. Les infrastructures peinent à suivre, la productivité stagne, la base fiscale reste étroite. Le pays reste vulnérable aux chocs climatiques et aux crises politiques. On retrouve le cercle vicieux de la pauvreté décrit par les théoriciens.

Corée du Sud : montée en gamme par les exportations

Dans les années de décollage, la Corée du Sud a construit une stratégie d’industrialisation tirée par les exportations. Politiques industrielles ciblées, investissement massif dans l’éducation, ouverture maîtrisée, chaînes de valeur, montée technologique : l’économie a franchi les étapes en accéléré. Le message : un État stratège peut créer des capacités et pousser l’apprentissage collectif.

Rwanda : institutions et services publics comme leviers

Le pays a misé sur la stabilité macro, la numérisation des services publics, la logistique régionale et l’attractivité pour les capitaux. Le pari : des institutions qui sécurisent l’investissement, une administration qui exécute, et une trajectoire claire vers les biens et services à plus forte valeur.

Conséquences typiques du sous-développement

  • Inégalités internes fortes (entre villes et campagnes, secteurs formels et informels).
  • Emplois informels majoritaires, protection sociale limitée.
  • Services publics sous-financés : santé, école, eau, électricité.
  • Spécialisation primaire et vulnérabilité aux chocs de prix.
  • Contraintes démographiques (jeunesse nombreuse, urbanisation rapide) qui pressurisent l’emploi.
  • Dette et dépendance aux financements extérieurs quand les recettes d’exportation ne couvrent pas les besoins.

Tableau de synthèse : théories, mécanismes, leviers

ApprocheMécanisme centralCe que ça impliqueLimite principale
Parcours/retardAccumulation de capital, seuil d’investissementPrioriser infrastructures et secteurs moteursVision linéaire, peu sensible aux contextes
Cercles vicieuxFaibles revenus → faible épargne → faible investissementBig push, coordination publique-privéeCoûteux, exige une exécution solide
Dualisme/inarticulationEnclaves modernes sans diffusionPôles, chaînages amont-aval, villes intermédiairesRisque d’accentuer les écarts si mal conçu
Dépendance externeTermes de l’échange défavorables, volatilitéMonter en valeur, diversifier les exportationsPeut sous-estimer le rôle des institutions locales
Institutions/cultureQualité de la gouvernance et des incitationsRéformes de l’État, de la justice, lutte anticorruptionRésultats souvent lents et politiques

Stratégies de sortie : combiner plutôt qu’opposer

Investir dans le capital humain et les infrastructures

L’éducation de base de qualité, la santé (vaccination, soins primaires), l’électricité fiable, la route et l’internet sont les fondations. Sans elles, la productivité plafonne et l’investissement privé hésite.

Industrialisation et montée en gamme

Deux voies existent, souvent complémentaires :

  • Substitution d’importations pour développer des filières locales protégées le temps d’apprendre.
  • Exportations pour gagner des devises, intégrer des chaînes de valeur et apprendre plus vite.

Dans les deux cas, il faut une politique industrielle disciplinée : objectifs clairs, évaluations régulières, incitations réversibles si les résultats ne sont pas au rendez-vous.

Institutions, confiance et financement

Renforcer la capacité de l’État, simplifier les procédures, sécuriser les droits et lutter contre les rentes libère l’initiative. Côté finance, développer l’épargne domestique, des banques de développement crédibles et des marchés de capitaux profonds permet de financer l’investissement productif à long terme.

Commerce intelligent et diversification

Il s’agit d’exporter mieux, pas seulement plus. Monter en qualité, investir dans la logistique, négocier des accords commerciaux qui facilitent l’accès aux technologies. La clé : capter une part plus large de la valeur ajoutée au sein des chaînes mondiales.

Transition juste et risques climatiques

Le climat change la donne. Les pays en sous-développement sont très exposés. Les stratégies de développement doivent intégrer la résilience : agriculture climato-intelligente, villes compactes, énergie bas-carbone. Bonne nouvelle : les investissements verts créent de l’emploi et améliorent la balance énergétique.

Pour réviser vite : idées clés à mobiliser

  • Le sous-développement persiste par des trappes (épargne, productivité, institutions) et des désarticulations sectorielles.
  • Les termes de l’échange défavorables et la dépendance peuvent bloquer la montée en gamme.
  • Les institutions et la confiance guident l’investissement privé et l’innovation.
  • Les stratégies efficaces combinent capabilités humaines, infrastructures, politique industrielle et intégration ouverte.

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