La critique de l’inconscient chez Alain

L’inconscient est-il une réalité psychique ou une simple illusion ? Pour Alain, cette notion, popularisée par Freud, repose sur une confusion entre l’esprit et le corps. Il critique ainsi l’idée d’un inconscient autonome qui échapperait à notre volonté, affirmant au contraire que la conscience reste maîtresse de nos pensées et de nos actions.

Sommaire

L’inconscient, une illusion selon Alain

L’idée d’un inconscient psychique dominant notre esprit est au cœur de la psychanalyse de Freud. Cette conception suppose qu’une grande partie de notre psychisme fonctionne à notre insu et conditionne nos pensées, nos désirs et nos comportements. Alain, philosophe rationaliste, rejette cette hypothèse et considère que l’inconscient n’est qu’une illusion. Pour lui, tout ce qui relève de l’inconscient peut être expliqué par le fonctionnement du corps et des habitudes.

Une critique du freudisme

Le refus d’un inconscient autonome

Dans Éléments de philosophie, Alain s’oppose à l’idée selon laquelle le psychisme serait divisé en une partie consciente et une partie inconsciente. Il critique Freud qui, avec sa première topique (conscient, préconscient, inconscient) puis sa seconde topique (Moi, Ça, Surmoi), établit un fonctionnement psychique où le sujet ne serait pas totalement maître de lui-même. Pour Alain, cela revient à inventer un double intérieur, une entité obscure agissant indépendamment de la volonté.

“La plus grave de ces erreurs est de croire que l’inconscient est un autre Moi ; un Moi qui a ses préjugés, ses passions et ses ruses ; une sorte de mauvais ange, diabolique conseiller.”

Pour lui, cette idée est dangereuse car elle déresponsabilise l’individu. Si l’on considère que nos actions sont influencées par une force inconsciente, on réduit notre liberté et notre responsabilité.

L’inconscient, une simple méprise sur le corps

Alain explique que ce que nous appelons “inconscient” n’est en réalité que le corps et ses automatismes. Par exemple, une réaction instinctive comme la peur est un phénomène corporel que nous interprétons parfois comme une pensée inconsciente. Mais selon lui, ces manifestations ne relèvent pas d’un inconscient autonome, elles sont seulement des réflexes du corps dont nous prenons conscience après coup.

Il reprend ainsi l’approche cartésienne qui distingue les mouvements corporels involontaires et l’esprit rationnel. Il ne nie pas l’existence de phénomènes échappant temporairement à notre attention, mais il refuse d’en faire une force psychique souterraine.

La liberté et la responsabilité du sujet

Un Moi indivisible

Pour Alain, le sujet est un et indivisible. Il rejette l’idée d’un conflit interne entre plusieurs instances du psychisme, comme le suppose Freud avec le Moi et le Ça. Il insiste sur le fait que si nous avons l’impression d’être “deux” en nous-même, c’est toujours nous qui pensons et agissons. Cette perspective renforce l’idée que nous restons maîtres de nos décisions et de nos actions.

“Je ne suis qu’un ; car si je suis deux, l’un et l’autre c’est toujours moi.”

Cela signifie que même lorsque nous ressentons une tension intérieure ou une impulsion que nous ne comprenons pas immédiatement, cela ne relève pas d’un inconscient extérieur à notre volonté. Ce n’est que notre propre esprit qui s’examine et tente de se comprendre.

L’importance de la volonté

Alain insiste sur le rôle fondamental de la volonté dans la maîtrise de soi. Pour lui, il ne s’agit pas de rechercher des causes inconscientes pour expliquer nos comportements, mais de développer une discipline mentale afin de contrôler nos pulsions et nos émotions.

Il prend l’exemple de Lagneau, un moraliste qui, par la simple force de sa volonté, parvient à contrôler ses gestes et ses émotions. Ce modèle de maîtrise de soi est opposé à la vision freudienne où l’inconscient dicte nos comportements sans que nous puissions toujours en avoir le contrôle.

Une critique de l’irresponsabilité et de l’idolâtrie du corps

Le risque de se déresponsabiliser

En affirmant que nos actions sont déterminées par l’inconscient, la psychanalyse risque de justifier nos erreurs et nos comportements fautifs. Si l’inconscient décide à notre place, alors comment être responsable de nos actes ? Alain s’oppose fermement à cette idée et défend une philosophie où chacun doit assumer pleinement ses choix et ses erreurs.

“La pensée est volontaire ; tel est le principe des remords : Tu l’as bien voulu !”

Le remords n’a de sens que si nous acceptons que nous avons librement choisi nos actions. Si tout était dicté par l’inconscient, nous ne pourrions pas nous sentir coupables.

L’inconscient comme “idolâtrie du corps”

Alain critique aussi la psychanalyse en expliquant qu’elle accorde une trop grande importance aux mécanismes inconscients et au rôle du corps. Il considère cela comme une forme d’idolâtrie, une vénération exagérée du corps et de ses instincts. Pour lui, c’est la pensée et la volonté qui doivent guider l’individu, et non des forces inconscientes sur lesquelles nous n’aurions aucun contrôle.

“L’inconscient est une méprise sur le Moi, c’est une idolâtrie du corps.”

Selon lui, il faut éviter de donner trop de pouvoir à des concepts comme l’inconscient qui risquent de détourner l’individu de sa propre responsabilité et de son effort de maîtrise de soi.

Une vision humaniste et rationnelle

La critique de l’inconscient par Alain repose sur une vision de l’homme rationnelle et volontaire. Il considère que nous ne sommes pas des êtres dominés par des forces obscures, mais que nous avons le pouvoir d’agir sur nous-mêmes et de nous améliorer par l’effort et la réflexion. Cette conception valorise la responsabilité individuelle et la liberté, en opposition à la vision déterministe de Freud.

Loin d’être un simple rejet du freudisme, la position d’Alain défend une approche où l’individu est pleinement maître de son destin, capable de surmonter ses instincts et ses automatismes pour accéder à une vie plus consciente et plus libre.

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