Biographie de David Ricardo
David Ricardo est né à Londres en 1772, dans une famille juive séfarade d’origine hollandaise. Très tôt, il rejoint son père à la bourse de Londres en tant que courtier. Sa carrière dans la finance lui permet de construire une fortune importante, ce qui lui donne la liberté de se consacrer à l’écriture et à la politique. En 1811, il publie son premier ouvrage sur la théorie quantitative de la monnaie, influençant la politique monétaire britannique. Ricardo est également un député actif qui défend le libre-échange et lutte contre les politiques protectionnistes comme les Corn Laws. Son œuvre majeure, « Des principes de l’économie politique et de l’impôt », publiée en 1817, présente ses idées économiques les plus importantes. Il meurt subitement en 1823, laissant un héritage durable dans le domaine de l’économie.
Les contributions de Ricardo à la théorie économique
Ricardo a apporté plusieurs contributions majeures à la pensée économique. Sa théorie de la rente différentielle, ses réflexions sur la valeur du travail et sa théorie de l’avantage comparatif sont parmi les plus marquantes.
La théorie de la rente différentielle
Dans son analyse économique, Ricardo divise la société en trois classes : les travailleurs, les capitalistes et les propriétaires terriens. Les travailleurs reçoivent des salaires, les capitalistes des profits, et les propriétaires terriens des rentes. Selon Ricardo, à mesure que la population augmente, il est nécessaire de cultiver des terres de moins en moins fertiles, ce qui entraîne une augmentation du prix des denrées alimentaires et, par conséquent, des salaires des travailleurs. Cette situation réduit les profits des capitalistes, car une plus grande part de la richesse doit être allouée aux salaires et aux rentes. Ricardo prédit que l’économie se dirige inévitablement vers un état stationnaire où la croissance est ralentie en raison de la diminution des profits.
Le prix naturel du travail
Pour Ricardo, il existe un salaire minimum nécessaire à la survie des travailleurs, qu’il appelle le « salaire de subsistance ». Ce salaire dépend du prix des biens de subsistance, comme le blé. Si le prix du blé augmente, les salaires doivent également augmenter pour permettre aux travailleurs de survivre. Ricardo s’oppose aux Corn Laws, qui limitent l’importation de céréales et maintiennent ainsi les prix du blé et les salaires à un niveau élevé. Il préconise l’ouverture des frontières pour réduire le prix des subsistances, ce qui entraînerait une baisse des salaires et une augmentation des profits. Selon lui, cette hausse des profits serait réinvestie, stimulant ainsi la croissance économique.
La théorie de l’avantage comparatif
L’une des contributions les plus célèbres de Ricardo à l’économie est sa théorie de l’avantage comparatif, qui constitue un argument central en faveur du libre-échange international. Contrairement à l’avantage absolu d’Adam Smith, qui suggère qu’un pays devrait se spécialiser dans la production des biens qu’il peut produire plus efficacement que d’autres, Ricardo propose que même si un pays est moins productif dans tous les domaines par rapport à un autre, il peut encore bénéficier du commerce. Selon Ricardo, chaque pays devrait se spécialiser dans la production des biens pour lesquels il possède un avantage comparatif, c’est-à-dire les biens qu’il peut produire à un coût d’opportunité plus faible.
Cette spécialisation permet une allocation plus efficace des ressources et augmente la richesse globale. Par exemple, dans l’illustration de Ricardo, le Portugal peut produire du vin et des draps plus efficacement que le Royaume-Uni. Toutefois, il est plus avantageux pour les deux pays que le Portugal se spécialise dans la production de vin et le Royaume-Uni dans la production de draps, puis qu’ils échangent entre eux. Cela maximise la production totale et permet à chaque pays d’obtenir plus de biens que s’il produisait tout seul.
La croissance économique et les rendements décroissants
Ricardo s’intéresse également à la croissance économique et à la loi des rendements décroissants. Il observe que, à mesure que la population augmente, il devient nécessaire d’exploiter des terres de moins en moins fertiles. Cette diminution de la fertilité conduit à une baisse des rendements agricoles, ce qui entraîne une augmentation du coût de production des denrées alimentaires. Par conséquent, le prix du blé augmente, tout comme les salaires nécessaires pour permettre aux travailleurs de survivre.
Selon Ricardo, cette dynamique conduit à une baisse des profits des capitalistes, car une part croissante de la richesse doit être consacrée aux rentes foncières et aux salaires. Cette situation freine l’accumulation de capital, moteur de la croissance économique, et conduit inévitablement à un état stationnaire où la croissance est limitée. Cependant, Ricardo croit que le libre-échange peut retarder cet état stationnaire en permettant aux pays de se spécialiser et de maximiser leur production.
La théorie quantitative de la monnaie
Ricardo a également contribué à la théorie monétaire, notamment à travers sa défense de la théorie quantitative de la monnaie. Il soutient que la quantité de monnaie en circulation dans une économie est directement proportionnelle au niveau des prix. Selon lui, une augmentation de la masse monétaire entraîne une hausse des prix, tandis qu’une diminution de la masse monétaire conduit à une baisse des prix.
Ricardo s’oppose aux politiques monétaires expansionnistes qui, selon lui, peuvent provoquer une inflation. Il préconise une politique monétaire basée sur une stricte émission de monnaie, proportionnelle à la quantité d’or détenue par la banque centrale. Cette approche vise à éviter les processus inflationnistes et à maintenir la stabilité économique.
L’impact de la pensée de Ricardo sur l’économie moderne
La pensée de Ricardo a eu une influence profonde sur le développement de l’économie moderne. Ses idées ont été à la base du libéralisme économique et du capitalisme de marché. La théorie de l’avantage comparatif a servi de fondement à la promotion du libre-échange et de la mondialisation. Elle est encore utilisée aujourd’hui pour justifier les accords commerciaux internationaux et l’ouverture des marchés.
Les concepts de Ricardo ont également été repris et développés par d’autres économistes. Les marginalistes, par exemple, ont utilisé sa théorie de la rente différentielle pour élaborer le concept de productivité marginale. Karl Marx a également été influencé par Ricardo, notamment dans sa théorie de la valeur travail, qu’il a utilisée pour expliquer le processus d’exploitation dans le capitalisme.
Les critiques et limites des théories de Ricardo
Bien que les théories de Ricardo aient été largement acceptées et aient influencé de nombreuses politiques économiques, elles ne sont pas sans critiques. Sa théorie de l’avantage comparatif repose sur l’hypothèse que les facteurs de production sont immobiles à l’échelle internationale, ce qui n’est pas toujours le cas dans le monde réel. Les travailleurs et le capital peuvent se déplacer entre les pays, ce qui peut modifier les avantages comparatifs.
De plus, la théorie de Ricardo ne tient pas compte des effets de l’ouverture des marchés sur les inégalités de revenus et les conditions de travail. La spécialisation et le libre-échange peuvent entraîner des pertes d’emplois dans certains secteurs et aggraver les inégalités entre les pays. Ces critiques ont conduit à des débats sur les avantages et les inconvénients du libre-échange et à la recherche d’un équilibre entre l’ouverture des marchés et la protection des travailleurs.
L’héritage de David Ricardo
L’héritage de David Ricardo est indéniable. Ses théories ont jeté les bases de l’économie classique et ont influencé la pensée économique pendant des siècles. L’accent qu’il met sur le libre-échange, la spécialisation et la productivité a façonné les politiques économiques et commerciales dans le monde entier.
Ses idées continuent de susciter des débats et des discussions parmi les économistes, les politiciens et les décideurs. Elles restent pertinentes dans le contexte de la mondialisation et des défis économiques actuels, tels que la répartition des ressources, la croissance durable et les inégalités mondiales.
Bien que certaines de ses théories aient été critiquées et révisées à la lumière de nouvelles connaissances, Ricardo est toujours reconnu comme un penseur clé dans l’histoire de l’économie. Ses travaux nous rappellent l’importance de comprendre les mécanismes sous-jacents des marchés, de la production et du commerce pour favoriser le développement économique et le bien-être global.
Les principaux ouvrages de David Ricardo
- « Essai sur le haut prix des lingots » (1811) : Cet ouvrage développe la théorie quantitative de la monnaie et explique comment l’augmentation de la masse monétaire conduit à une hausse des prix.
- « Essai sur l’influence du bas prix du blé sur les profits du capital » (1815) : Dans ce texte, Ricardo examine les effets du protectionnisme sur les importations de céréales et les profits des capitalistes.
- « Des principes de l’économie politique et de l’impôt » (1817) : Son œuvre majeure, où il expose ses théories sur la répartition des richesses, la rente différentielle, la valeur travail et l’avantage comparatif.