La pauvreté en France

La pauvreté en France touche aujourd’hui plusieurs millions de personnes et revêt différentes réalités, selon les critères retenus. Comprendre ce phénomène implique d’étudier ses mesures, ses causes et ses conséquences concrètes. Cette fiche présente les différents aspects de la pauvreté en France ainsi que les principales politiques mises en œuvre pour lutter contre ce fléau social.

Sommaire

Comment mesurer la pauvreté en France ?

La pauvreté désigne une situation dans laquelle les individus ne disposent pas des ressources matérielles, sociales ou culturelles suffisantes pour participer pleinement à la société. Selon le Conseil européen (1984), être pauvre implique des ressources tellement faibles qu’elles excluent les individus d’un mode de vie minimalement acceptable.

Deux approches principales permettent de mesurer la pauvreté :

La pauvreté monétaire

La pauvreté monétaire concerne les individus dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté, généralement fixé à 60 % du niveau de vie médian. En France, selon l’Insee, ce seuil était de 1 102 euros par mois en 2020. Près de 9 millions de personnes vivaient sous ce seuil en 2022.

La pauvreté en conditions de vie

Cette approche tient compte des privations matérielles et sociales vécues au quotidien. L’Insee identifie 27 critères de privations, tels que des difficultés à se chauffer, des retards de paiement, ou encore l’impossibilité d’accéder à des loisirs réguliers. Une personne est considérée comme pauvre si elle subit au moins 8 privations sur 27. En 2019, 11,7 % des ménages en France étaient dans cette situation.

Les personnes cumulant pauvreté monétaire et pauvreté en conditions de vie se trouvent en situation de grande pauvreté, représentant environ 2 millions d’individus.

Qui sont les plus touchés par la pauvreté ?

Certains groupes sociaux apparaissent particulièrement vulnérables à la pauvreté :

Les jeunes adultes (18-29 ans)

Les jeunes adultes représentent une part importante des personnes pauvres en France. Nombre d’entre eux sont issus de familles précaires, ce qui accentue le phénomène de reproduction sociale. Leur insertion difficile sur le marché du travail est aggravée par l’âge minimal de 25 ans requis pour accéder au RSA (Revenu de Solidarité Active).

Les femmes

Les femmes sont davantage touchées par la pauvreté en raison notamment du travail à temps partiel fréquent (28,1 % en 2019 contre 7,7 % des hommes). Les familles monoparentales dirigées par des femmes sont particulièrement exposées, cumulant souvent précarité de l’emploi et responsabilités familiales.

Les chômeurs

Le taux de chômage est directement lié à la pauvreté. Le chômage de longue durée aggrave encore la situation, les allocations chômage ne permettant pas toujours de maintenir un niveau de vie décent.

Les populations immigrées

Les immigrés connaissent un taux de pauvreté très élevé (33 % en moyenne), en raison de leurs difficultés à s’insérer sur le marché de l’emploi. Ces difficultés proviennent fréquemment de discriminations, d’un faible niveau de qualification, et d’une démographie souvent caractérisée par des familles nombreuses.

L’impact géographique de la pauvreté

La pauvreté touche inégalement les territoires en France :

  • Territoires ultramarins : pauvreté élevée due notamment à la présence de familles monoparentales et aux difficultés économiques locales.
  • Quartiers périphériques des grandes villes : concentration de populations précaires, souvent issues de l’immigration.
  • Zones rurales : moins d’accès aux aides sociales, isolement géographique.
  • Régions désindustrialisées : taux de chômage élevé et difficultés économiques persistantes.

Les conséquences matérielles et sociales de la pauvreté

La pauvreté entraîne des conséquences concrètes importantes :

Privations matérielles

Début 2022, près de 9 millions de personnes en France étaient en situation de privation matérielle et sociale. Beaucoup doivent renoncer à des besoins essentiels comme se chauffer, se nourrir correctement, ou encore accéder à des loisirs réguliers. Plus de 4 millions de Français sont considérés comme mal logés selon la Fondation Abbé Pierre, et environ 330 000 personnes sont sans domicile fixe.

Conséquences psychologiques

La pauvreté génère un fort sentiment d’exclusion sociale. En effet, 27 % des personnes pauvres déclarent se sentir exclues de la société, contre seulement 7 % des personnes non précaires. Cette exclusion accentue la difficulté à sortir de la précarité.

Lutter contre la pauvreté : deux logiques complémentaires

La logique d’assistance

Cette approche vise à apporter une aide immédiate aux personnes pauvres, en garantissant des droits fondamentaux. Elle inclut des dispositifs tels que :

  • Le RSA depuis 2009 pour assurer un revenu minimal.
  • La loi Besson (1990) facilitant l’accès au logement.
  • La CMU (1999) pour l’accès gratuit aux soins médicaux.
  • Le Contrat d’Engagement Jeune (CEJ) qui soutient financièrement les jeunes en difficulté.

Les collectivités locales et associations jouent un rôle complémentaire important, notamment à travers la distribution alimentaire d’urgence (comme les Restos du Cœur).

La logique de prévention

Cette approche vise à empêcher l’entrée dans la pauvreté en agissant en amont. Elle comprend notamment :

  • La fixation du SMIC (depuis 1950) pour garantir un salaire minimal décent.
  • Des lois favorisant la sécurité de l’emploi et la protection sociale.
  • L’investissement massif dans l’éducation pour assurer l’égalité des chances et éviter la reproduction sociale de la pauvreté.

Des actions spécifiques sont menées pour soutenir la jeunesse :

  • Encouragement de la mixité sociale dès la petite enfance.
  • Tarification sociale des cantines scolaires.
  • Accompagnement renforcé des jeunes en difficulté pour éviter le décrochage scolaire.
  • Simplification des démarches pour accéder aux aides sociales.
  • Création d’une garantie d’activité pour favoriser l’emploi durable.

L’impact des crises économiques sur la pauvreté

Les crises économiques récentes, notamment la crise sanitaire du Covid-19 et l’inflation qui a suivi, ont accentué les difficultés pour de nombreux ménages. Ces événements ont particulièrement fragilisé les travailleurs pauvres, incapables de couvrir leurs besoins essentiels malgré un emploi stable.

Le nombre de personnes recourant à l’aide alimentaire d’urgence, comme celle des Restos du Cœur, a augmenté considérablement, démontrant l’ampleur de la crise sociale actuelle.

Ainsi, comprendre les différentes dimensions de la pauvreté et identifier les populations vulnérables permet de mieux cibler les politiques publiques nécessaires à une réelle réduction durable de la précarité en France.

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