Qu’est-ce qu’une stratégie de développement ?
La stratégie de développement désigne l’ensemble des décisions et actions prises par une entreprise ou un pays pour atteindre des objectifs précis, principalement liés à la croissance économique et à l’amélioration des conditions de vie. Cela implique souvent des choix complexes avec des bénéfices attendus, mais aussi des risques potentiels.
François Perroux définit le développement comme une série de transformations sociales, culturelles et économiques qui améliorent durablement la richesse et le bien-être global d’une société. Ainsi, une stratégie de développement vise essentiellement à favoriser la croissance économique tout en assurant un progrès social tangible.
Pourquoi adopter une stratégie de développement ?
Une entreprise ou un pays adopte une stratégie de développement pour plusieurs raisons :
- Stimuler une croissance économique stable.
- Diversifier et renforcer ses activités économiques.
- Répondre à des crises ou à un ralentissement économique.
- Améliorer le niveau de vie de sa population ou assurer la pérennité d’une entreprise.
Ces objectifs doivent être clairement définis dès le début, car ils orientent l’ensemble des actions mises en œuvre.
Les grandes stratégies historiques de développement
L’industrialisation par substitution des importations
Cette stratégie vise à remplacer progressivement les produits importés par des productions locales. Apparue en Amérique latine dans les années 1930, elle s’est répandue après la Seconde Guerre mondiale. Elle suppose un marché intérieur suffisamment important et se fonde sur des politiques protectionnistes pour protéger les industries nationales. L’objectif principal est de réduire la dépendance aux économies étrangères.
Cependant, cette approche présente des limites importantes :
- Faible incitation à l’innovation à cause du protectionnisme.
- Répartition souvent inégale des gains économiques.
- Risque d’endettement élevé dû à un déficit commercial persistant.
L’industrialisation par industries industrialisantes
Cette stratégie repose sur la création d’industries lourdes, comme la métallurgie ou la sidérurgie, censées générer des effets multiplicateurs sur le reste de l’économie. Ces industries servent de moteurs à d’autres secteurs économiques. L’État joue un rôle clé en favorisant ces secteurs stratégiques par la nationalisation des entreprises et la planification économique.
Des pays comme la Chine et l’Inde ont suivi cette voie dès les années 1940, cherchant à atteindre une indépendance technologique et économique. Les principaux enjeux de cette approche sont :
- Augmentation rapide de la productivité.
- Réduction de la dépendance envers les pays développés.
- Accélération de l’innovation technologique.
La stratégie d’industrialisation par substitution d’exportations
Cette approche vise à passer d’une économie basée sur l’exportation de matières premières à une économie exportatrice de produits manufacturés à forte valeur ajoutée. Cette « montée en gamme » est représentée par le modèle d’Akamatsu ou « vol d’oies sauvages », largement adopté en Asie de l’Est.
Les principales étapes sont :
- Importation massive de produits manufacturés.
- Développement progressif de la production locale.
- Exportation des biens manufacturés à forte valeur ajoutée.
- Diminution progressive des exportations de biens simples.
Cette stratégie permet aux pays de devenir compétitifs à l’échelle mondiale, mais nécessite un investissement important en capital humain et technologique.
Comment élaborer une stratégie de développement efficace ?
Élaborer une stratégie de développement passe par plusieurs étapes clés :
Définir clairement les objectifs
Les objectifs doivent être précis, réalistes et adaptés aux besoins spécifiques. Il peut s’agir de croissance du chiffre d’affaires, d’amélioration des infrastructures, ou encore de réduction du chômage.
Réaliser un diagnostic stratégique (analyse SWOT)
Cette étape consiste à identifier :
- Les forces internes (ressources humaines qualifiées, bonne gestion financière).
- Les faiblesses internes (manque de technologies modernes, infrastructures limitées).
- Les opportunités externes (nouveaux marchés à conquérir, innovations technologiques).
- Les menaces externes (concurrence accrue, instabilité économique).
Élaborer et mettre en œuvre des plans d’action précis
Chaque objectif doit se traduire par des actions concrètes, avec une répartition claire des responsabilités et des ressources nécessaires. Il est essentiel d’inclure des indicateurs de performance pour mesurer régulièrement les résultats.
Suivre et adapter la stratégie en temps réel
La mise en œuvre d’une stratégie nécessite une supervision régulière afin d’ajuster les actions en fonction des résultats obtenus et des évolutions du contexte économique.
Limites des stratégies de développement actuelles
Depuis les années 1980, les institutions financières internationales ont favorisé des stratégies basées sur la libéralisation des échanges (Consensus de Washington). Toutefois, cette approche a montré plusieurs failles importantes :
- Réduction excessive des dépenses publiques dans des secteurs clés comme la santé et l’éducation.
- Dépendance accrue aux fluctuations du marché international.
- Inégalités économiques et sociales souvent renforcées, menaçant la stabilité et la croissance durable des pays concernés.
Ces effets négatifs invitent aujourd’hui les pays à reconsidérer leurs stratégies en intégrant davantage les dimensions sociales et environnementales dans leur politique économique.