Les inégalités considérées comme compatibles avec la justice sociale
L’égalité des droits
L’égalité des droits signifie que tous les individus doivent être traités de manière identique devant la loi. Cependant, cette égalité formelle n’entraîne pas forcément une égalité réelle des conditions de vie. Certaines inégalités peuvent subsister tant que les individus disposent des mêmes droits fondamentaux.
L’égalité des chances
Dans cette approche, les inégalités de résultats sont acceptables si chaque individu a eu la même opportunité de réussir. L’école républicaine, par exemple, vise à assurer cette égalité des chances en offrant à tous un accès identique à l’éducation. Les inégalités de revenus sont donc perçues comme justifiées si elles résultent des compétences et des efforts individuels.
L’égalité des situations
Certains courants de pensée, comme l’égalitarisme strict, prônent une réduction maximale des inégalités de conditions de vie. Toutefois, cette conception peut être critiquée car elle ne prend pas en compte les différences de talent, d’investissement personnel ou de responsabilités.
Les principales conceptions de la justice sociale face aux inégalités
L’utilitarisme
L’utilitarisme, théorisé par Jeremy Bentham et John Stuart Mill, estime qu’une répartition juste des richesses est celle qui maximise le bonheur total de la société. Les inégalités sont acceptables si elles permettent d’améliorer le bien-être global. Cependant, ce modèle peut justifier des situations où certains individus subissent de grandes inégalités au profit du bien-être collectif.
Le libertarisme
Pour les penseurs libertariens comme Friedrich Hayek et Robert Nozick, la justice sociale doit avant tout garantir la liberté individuelle et le respect des droits de propriété. Les inégalités issues du libre marché ne sont donc pas injustes si elles résultent d’échanges volontaires et d’un cadre juridique respectant les libertés fondamentales.
L’égalitarisme libéral
John Rawls propose une approche où les inégalités sont tolérées à condition qu’elles profitent aux plus défavorisés. Son « principe de différence » stipule que les inégalités économiques et sociales ne sont justifiées que si elles améliorent la condition des moins avantagés de la société.
L’égalitarisme strict
Marx et d’autres penseurs socialistes estiment que les inégalités sont inacceptables et doivent être supprimées. La justice sociale repose sur une égalité totale des conditions de vie, ce qui implique une redistribution forte des richesses et une intervention étatique massive.
L’action des pouvoirs publics pour réduire les inégalités
La redistribution des richesses
L’état peut agir sur les inégalités à travers la fiscalité et les prestations sociales. Les impôts progressifs et les aides sociales permettent de corriger les inégalités de revenus.
La protection sociale
Les systèmes de retraite, d’assurance maladie et d’indemnisation du chômage visent à réduire les inégalités en offrant un socle minimal de sécurité à tous les citoyens.
Les services publics
L’éducation, la santé et l’accès au logement sont des domaines où l’état peut intervenir pour garantir une plus grande égalité des chances. L’école, par exemple, permet de limiter l’influence du milieu social d’origine sur la réussite individuelle.
Les limites des politiques de justice sociale
Les contraintes budgétaires
La redistribution et la protection sociale représentent des coûts importants pour les finances publiques. L’endettement des états et les politiques d’austérité peuvent limiter l’action en faveur de la justice sociale.
Les effets pervers
Certaines aides peuvent avoir des effets désincitatifs, comme la « trappe à inactivité » où les individus préfèrent rester bénéficiaires d’allocations plutôt que de reprendre un emploi peu rémunéré.
La difficulté à mesurer l’égalité des chances
Malgré les politiques mises en place, les inégalités de parcours persistent. L’origine sociale continue d’influencer fortement la réussite scolaire et professionnelle.
La question des inégalités et de la justice sociale est donc complexe, avec des approches variées et parfois opposées. Chaque modèle propose une vision différente des inégalités acceptables, influencée par des choix philosophiques et politiques.