Son parcours n’a rien de linéaire. Après un bac ES, elle s’oriente vers une licence Humanités à Nanterre. Son premier contact avec le monde numérique naît d’un besoin concret : créer une application de séjours linguistiques. N’ayant pas les moyens de recruter un développeur, elle décide d’apprendre à coder seule. Ce goût pour le do it yourself devient rapidement un moteur.
Elle intègre ensuite l’école 42, où la fameuse « piscine » – un mois intensif de code – la pousse à se dépasser. Cette expérience donne naissance à sa première vidéo, tournée simplement, sans montage superflu, mais déjà marquée par une narration forte. À cette époque, Amy avait déjà l’habitude de filmer ses vacances et de monter ses propres vidéos sur Windows Movie Maker. L’envie de raconter et de transmettre ne l’a jamais quittée.
Parallèlement à sa chaîne, elle suit un master à Paris Dauphine spécialisé dans les réseaux et l’économie numérique. Pour son mémoire, elle explore le fonctionnement de l’algorithme de YouTube. Mieux encore : elle parvient à faire valider son stage de fin d’études… sur sa propre chaîne, au terme d’une bataille avec son école.
Depuis 2023, elle vit de sa chaîne. Elle accepte des partenariats qu’elle choisit avec soin, uniquement avec des marques qu’elle utilise vraiment. Elle met un point d’honneur à préserver son indépendance. Aujourd’hui, elle gère son activité comme une petite entreprise, épaulée par un comptable, et envisage même d’embaucher pour faire face à la demande.
Sa force, c’est sa capacité à rendre le monde numérique intelligible sans le dénaturer. Ses vidéos explorent des sujets pointus : reconnaissance faciale, IA générative, sécurité numérique, hacking pédagogique… Elle y mêle parfois ses passions, comme le rap, auquel elle consacre des analyses originales. Sa vidéo sur Laylow, notamment, a été un tournant : c’est elle qui a « fait exploser l’algo » selon ses mots.
Malgré une audience à 90 % masculine, Amy refuse d’être érigée en modèle ou en figure féministe. Pour elle, le plus important est de montrer par l’action que les femmes ont toute leur place dans la tech. Elle reçoit chaque semaine des messages de jeunes filles qui se lancent dans le code grâce à elle.
Pour contrer la solitude du travail à domicile, elle a lancé des sessions de coworking sur Twitch. L’idée est simple : coder ensemble en direct, créer une routine et un espace d’échange virtuel. Sa communauté, fidèle et bienveillante, suit le mouvement avec enthousiasme.
Ce qui rend ses vidéos uniques, c’est son sens du storytelling. Chaque épisode est une plongée dans son univers : entre recherche, curiosité, partage et sincérité. Toujours connectée à sa génération, elle démarre chaque vidéo par un gimmick qui la définit : « Allô la Terre ». Un appel lancé depuis son monde, qu’elle ouvre à toutes celles et ceux qui veulent comprendre un peu mieux le nôtre.