Biochar : usages, avantages et limites d’une technologie verte

Le biochar est un charbon issu de matières végétales, transformées par pyrolyse — un procédé thermique sans oxygène. Ce produit naturel, noir et poreux, est de plus en plus utilisé dans l’agriculture pour ses effets sur la fertilité des sols et sa capacité à séquestrer du carbone.
biochar technologie verte

Le biochar n’est pas une invention moderne. Les civilisations précolombiennes, notamment en Amazonie, utilisaient déjà cette méthode pour améliorer la fertilité des sols. Leurs terres noires, appelées terra preta, sont encore aujourd’hui parmi les plus riches au monde. C’est cette idée ancienne que la recherche actuelle tente de réactualiser pour répondre à des enjeux environnementaux.

Comment est fabriqué le biochar ?

Le principe de la pyrolyse

La pyrolyse consiste à chauffer de la biomasse entre 400 et 700 °C sans oxygène. On obtient alors trois produits : un gaz, un liquide, et un solide — le fameux biochar. Ce processus concentre le carbone dans un résidu stable, prêt à être utilisé dans les sols.

Une production qui valorise les déchets

Le biochar peut être produit à partir de résidus agricoles, de bois non valorisé, de biodéchets ou encore de coques de riz, de balles de café, ou de fumiers. Cela en fait un produit ancré dans une démarche d’économie circulaire.

Les usages agricoles du biochar

Dans le sol, le biochar agit comme une éponge. Il retient l’eau, stocke les nutriments, aère la terre et favorise la vie microbienne. Tous ces effets améliorent la fertilité des parcelles, limitent l’utilisation d’engrais chimiques et augmentent les rendements, surtout dans les zones dégradées ou acides.

Une solution contre le réchauffement climatique

Les plantes captent du CO2 via la photosynthèse. Normalement, ce carbone retourne dans l’atmosphère quand les végétaux se décomposent. Mais transformés en biochar, ils stockent durablement ce carbone dans le sol, pendant des siècles. C’est pourquoi le GIEC classe le biochar comme technologie à émissions négatives.

Une tonne de biochar permet de séquestrer entre 2,5 et 3 tonnes de CO2. Ce chiffre varie selon la matière première utilisée, la température de pyrolyse et la manière dont il est appliqué dans les champs.

Une production encore limitée

Malgré ses atouts, le biochar reste peu déployé. En 2023, la capacité de production en Europe ne dépassait pas les 60 000 tonnes. Le principal frein est le coût de production, qui oscille entre 500 et 1 000 € par tonne. Pour les agriculteurs, l’investissement est encore trop lourd.

Pour rendre le biochar plus accessible, certaines start-ups misent sur une production à grande échelle dans des pays à biomasse abondante comme le Brésil. D’autres l’intègrent à des unités de cogénération pour produire en même temps chaleur, électricité et fertilisant. Ce modèle réduit les coûts et rend la production plus rentable.

Des applications en dehors de l’agriculture

Le biochar n’est pas réservé aux champs. Il peut aussi servir dans les jardins urbains, les espaces verts, ou même dans le bitume des routes pour capter le carbone. On l’utilise aussi dans des filtres à eau ou des stations d’épuration.

Des limites à prendre en compte

Le biochar ne fait pas l’unanimité. Sa production demande de l’énergie et une gestion durable des ressources. Il faut aussi éviter que des forêts entières soient coupées juste pour le fabriquer. De plus, son efficacité varie selon les types de sols et de cultures, et toutes les études ne s’accordent pas sur ses effets à long terme.

Malgré ses contraintes, le biochar reste une piste sérieuse pour améliorer les sols, réduire les émissions de gaz à effet de serre et valoriser des déchets organiques. De plus en plus d’acteurs agricoles, industriels et institutionnels s’y intéressent, avec l’espoir de le rendre économiquement viable pour une adoption plus large.

Actualités

Abonne toi à la Newsletter

Acquisition > Newsletter : Sidebar