22 millions de dollars : l’accord entre YouTube et Donald Trump

La plateforme YouTube a accepté de verser 22 millions de dollars à Donald Trump pour clore un long contentieux autour de la suspension de son compte à la suite de l’assaut du Capitole en janvier 2021. Cet accord s’ajoute à une série de règlements financiers obtenus par l’ancien président américain contre les géants du numérique.
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Un litige qui remonte à 2021

Le 12 janvier 2021, quelques jours après l’attaque du Capitole par des partisans de Donald Trump, YouTube avait suspendu sa chaîne. La plateforme justifiait cette décision par la diffusion de contenus susceptibles d’encourager la violence, alors que le climat politique américain était explosif. La suspension avait duré plus de deux ans, jusqu’en mars 2023.

Peu après, Donald Trump avait lancé une série de poursuites contre plusieurs entreprises technologiques, affirmant être victime de censure et d’atteinte à sa liberté d’expression. Son combat s’est inscrit dans une stratégie politique visant à mobiliser ses soutiens contre les grandes plateformes qu’il accuse de partialité.

Les détails de l’accord avec YouTube

L’arrangement dévoilé fin septembre 2025 prévoit le versement de 22 millions de dollars à Donald Trump, ainsi que 2,5 millions de dollars à d’autres utilisateurs suspendus après l’assaut du Capitole, parmi lesquels Naomi Wolf et Austen Fletcher. Selon les avocats de Trump, l’argent sera en partie utilisé pour financer la construction d’une salle de réception à la Maison-Blanche.

YouTube, filiale de Google (groupe Alphabet), n’a reconnu aucune faute et n’a pas promis de modifier ses règles de modération. L’entreprise choisit ainsi d’éviter un procès long et médiatisé, dont l’issue était incertaine mais potentiellement coûteuse en image.

Une série de règlements financiers

YouTube n’est pas la seule plateforme à avoir trouvé un accord. Début 2025, Meta (Facebook et Instagram) avait accepté de verser 21 à 25 millions de dollars pour solder une plainte similaire. Quelques semaines plus tard, X avait conclu un accord de 10 millions de dollars. Au total, Donald Trump a déjà récolté plus de 80 millions de dollars grâce à ces transactions.

L’ancien président a aussi attaqué des médias traditionnels. CBS et ABC ont chacun versé plusieurs millions pour mettre fin à des procédures engagées par Trump concernant des interviews ou des diffusions qu’il estimait biaisées.

Les réactions et enjeux

Pour les proches de Trump, ces règlements confirment sa victoire contre ce qu’il appelle la “censure des Big Tech”. Sur son réseau Truth Social, il a présenté l’accord comme une preuve que les géants du numérique doivent rendre des comptes. Ses opposants, en revanche, dénoncent une stratégie opportuniste qui transforme des accusations fragiles en gains financiers.

« Se soumettre sans raison maintenant revient à encourager Trump et ses efforts visant à mettre au pas les plateformes », a critiqué l’association Media Matters, qui milite pour une régulation plus stricte des géants du web.

Sur le plan juridique, de nombreux spécialistes rappellent que les plateformes privées ont le droit de contrôler les contenus publiés. Les plaintes de Trump avaient donc peu de chances d’aboutir devant un tribunal. Mais la voie des accords financiers a permis d’éviter de longs procès, tout en donnant à l’ancien président une nouvelle victoire symbolique.

Un impact au-delà du juridique

Au-delà du montant, cet accord illustre les rapports de force entre les plateformes et les responsables politiques. YouTube et les autres géants du numérique préfèrent parfois payer plutôt que d’affronter le risque réputationnel d’un procès très médiatisé contre un président en exercice. Pour Trump, chaque règlement devient une victoire politique qu’il peut mettre en avant auprès de ses électeurs.

Avec cet épisode, la question de la modération en ligne revient sur le devant de la scène. Jusqu’où les plateformes doivent-elles aller pour limiter les discours dangereux ? Et jusqu’où les personnalités politiques peuvent-elles utiliser la justice pour contester ces décisions ? Autant de débats qui continueront à marquer l’ère numérique et les rapports entre technologie et démocratie.

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