La success story Criteo tourne la page France

Vingt ans après sa création à Paris, Criteo accélère son virage mondial : la société de publicité en ligne va transférer sa domiciliation juridique au Luxembourg en 2026, avant un probable passage de son siège aux États-Unis. Objectif affiché : simplifier sa structure, attirer plus d’investisseurs américains et viser les grands indices boursiers. Un geste fort qui relance le débat sur l’attractivité de la French Tech.
criteo américain

Ce qui est annoncé (et quand)

Criteo prévoit une conversion transfrontalière de sa société vers le Luxembourg, avec finalisation attendue au troisième trimestre 2026. À cette étape, les titres échangés à New York passeront d’ADS (American Depositary Shares) à des actions ordinaires directement cotées au Nasdaq. Le groupe explique ensuite « pouvoir envisager » un transfert de domicile vers les États-Unis si le conseil de Criteo l’estime dans l’intérêt des actionnaires. L’opération est soumise à la consultation du CSE et à un vote des actionnaires à la majorité qualifiée.

Pourquoi le Luxembourg d’abord ?

Le Luxembourg offre un cadre juridique éprouvé pour les fusions transatlantiques et les conversions de sociétés, ce qui facilite la suite du parcours vers une entité de droit américain. Criteo met aussi en avant la possibilité d’intégrer des indices américains (type S&P 500) une fois la structure simplifiée, ce qui ouvre l’accès aux fonds passifs qui pèsent lourd dans la liquidité d’un titre.

La logique financière derrière le move

En remplaçant les ADS par des actions ordinaires, Criteo rend son capital plus lisible pour les investisseurs US et gagne en flexibilité pour des opérations comme les rachats d’actions. C’est aussi une réponse aux attentes du marché depuis plusieurs années : visibilité accrue à Wall Street, base actionnariale élargie, et valorisation potentiellement mieux alignée avec celle des peers américains de l’adtech.

Un virage sous pression actionnariale

Dès 2024, le fonds activiste Petrus Advisers avait poussé à une réorganisation (accélération du buyback, revue stratégique, renforcement du board). Ce contexte a sans doute pesé dans la réflexion : moins de complexité, plus d’alignement avec les pratiques US et une histoire lisible pour les analystes tech.

Et la France dans tout ça ?

Criteo assure « rester ancré » dans l’écosystème français, avec un lab IA et des équipes R&D à Paris. Cependant, déplacer la domiciliation et viser un siège américain change la donne : on déplace le centre de gravité des décisions et, avec lui, une partie de l’écosystème (banques d’affaires, avocats, investisseurs, dirigeants). Pour la French Tech, c’est un signal : nos champions mondiaux veulent jouer au cœur du plus grand marché de capitaux.

Pourquoi ce départ interroge

Au-delà du symbole, la question est stratégique : peut-on diriger une scale-up mondiale depuis Paris tout en captant la profondeur de capital US ? Le passage par le Luxembourg souligne aussi les limites du droit français pour certaines opérations transfrontalières. Résultat, la France risque d’héberger surtout des hubs R&D et des bureaux commerciaux, tandis que les centres de décision migrent.

Où en est le business de Criteo ?

Criteo a réussi un pivot majeur après la fin annoncée des cookies tiers. De pionnier du retargeting, le groupe s’est repositionné sur le retail media : des formats sponsorisés intégrés aux sites marchands, soutenus par des produits IA (ciblage, recommandations, automatisation de campagnes). Les derniers résultats montraient une trajectoire de croissance et de rentabilité assainie, avec une génération de cash en amélioration et un focus sur l’ex-TAC (contribution nette des partenariats).

Ce que ça change pour les clients (et pour toi)

Rien d’immédiat côté opérationnel. Les équipes produits et commerciales continuent de déployer des solutions retail media et des agents IA pour aider marques et e-commerçants à mieux convertir. Le « déplacement » concerne d’abord la structure juridique et la cotation, pas les contrats ni les intégrations sur les sites partenaires.

Les points clés à retenir

  • Calendrier : domiciliation au Luxembourg visée T3 2026 ; un transfert de siège aux États-Unis pourrait intervenir après, sous conditions.
  • Cotation : passage des ADS à des actions ordinaires au Nasdaq pour élargir l’accès aux investisseurs US.
  • Ambition : éligibilité renforcée aux grands indices et aux fonds passifs, plus de flexibilité financière.
  • French Tech : question ouverte sur la capacité à garder les centres de décision en France quand une pépite devient globale.

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