Une copie bien écrite, mais qui sonne creux
Le sujet donné à l’IA était le suivant : « La vérité est-elle toujours convaincante ? ». ChatGPT a rendu un devoir dans les règles : introduction claire, plan logique, vocabulaire précis. L’ensemble était cohérent et conforme aux attentes formelles de l’épreuve.
Mais quand un professeur de philosophie s’est penché sur la copie, l’avis a été bien moins enthousiaste. Si la forme était maîtrisée, le fond manquait cruellement de profondeur. L’enseignant a relevé un glissement de problématique : l’IA a transformé le sujet en « la vérité suffit-elle à convaincre », perdant au passage une part essentielle de la réflexion.
Autre critique majeure : le plan était trop visible. La structure apparaissait artificielle, comme si chaque paragraphe répondait à un modèle standard. Les transitions étaient absentes ou mécaniques, et les exemples philosophiques manquaient de mise en perspective.
« L’ensemble est propre, mais sans âme. On a l’impression de lire une fiche de cours réorganisée en paragraphes », a commenté le correcteur.
Des limites dans la compréhension des concepts
Ce qui ressort surtout de cette expérience, c’est l’écart entre la maîtrise linguistique de l’IA et sa capacité à penser de manière originale. En philosophie, il ne suffit pas d’enchaîner les idées : il faut les interroger, les nuancer, leur donner du sens.
ChatGPT suit un schéma logique, mais ne produit pas de réflexion personnelle. Il cite des auteurs sans approfondir, aligne des arguments sans les relier à une pensée globale. Le résultat est propre, mais impersonnel.
Le correcteur, habitué aux copies rédigées par des élèves de terminale, a tranché :
Une bonne forme, mais un fond trop superficiel pour mériter la moyenne.
La note de 8/20 reflète cette réalité : on peut bien écrire sans pour autant bien penser.
L’humain garde l’avantage
Cette copie artificielle met en lumière une vérité simple : l’intelligence artificielle sait écrire, mais ne sait pas encore réfléchir. Elle maîtrise le style, mais pas la substance. Et c’est précisément ce qui fait encore toute la richesse de l’écriture humaine : l’intuition, l’ironie, la surprise, la sensibilité.
Un lycéen, même imparfait, peut percevoir les zones floues d’un sujet, proposer une idée originale, faire vibrer un raisonnement. L’IA, elle, reste enfermée dans des logiques qu’elle ne comprend pas vraiment.
Ce test montre que rédiger sans faute n’est pas suffisant. En philosophie, le sens précède la forme. Et tant que les IA resteront à la surface des mots, elles ne pourront pas concurrencer une pensée vivante. Du moins, pas encore.