Des réponses sans clic, un web silencieux
Google a introduit ses AI Overviews en 2024, de petits encadrés qui donnent directement la réponse à une question sans forcer l’utilisateur à visiter un site. En parallèle, ChatGPT s’est imposé comme moteur de recherche alternatif, capable de condenser l’info et de donner des réponses en langage naturel, sans lien sortant la plupart du temps.
Résultat : selon Similarweb, les recherches « zero-click » sont passées de 56 % à 69 % en un an. C’est un bouleversement complet pour les sites d’info, dont la survie dépendait jusque-là de ces clics.
Les requêtes explosent sur ChatGPT
Depuis fin 2024, ChatGPT ne cesse de grignoter des parts de recherche. Les visites ont grimpé de 52 % sur le web et de 116 % sur mobile. Et surtout, les recherches d’actualité ont bondi de 212 % entre janvier 2024 et mai 2025.
Les thématiques les plus consultées ? La bourse, la finance, le sport… mais aussi une forte poussée sur la politique, avec +650 % en un an. Preuve que ChatGPT n’est plus seulement un outil de révision ou d’aide scolaire : c’est devenu un vrai réflexe d’information.
Google perd du terrain malgré ses efforts
Face à cette montée de l’IA, Google tente de réagir. Son nouveau mode IA propose des réponses automatiques en décomposant les requêtes, mais cela réduit encore la visibilité des sites. Même s’il affiche des liens « sources », ces derniers ressemblent plus à des notes de bas de page qu’à de vrais appels au clic.
Entre janvier 2024 et mai 2025, le trafic organique en provenance de Google a chuté de 5 %. Pour certains sites, la baisse atteint même 70 %, les obligeant à licencier ou à revoir totalement leur stratégie éditoriale.
Des IA qui redirigent, mais pas toujours
Bonne nouvelle : ChatGPT commence à envoyer du trafic qualifié. En 2025, il a généré plus de 25 millions de redirections, contre moins d’un million l’année précédente. Des médias comme Reuters, Business Insider ou la BBC en bénéficient déjà.
Mais attention : ces chiffres restent faibles comparés à ceux de Google. Et la vraie critique est ailleurs : ChatGPT reformule, synthétise, digère… mais cite rarement. Résultat : pas de lien, pas de crédit, et donc pas de trafic pour les médias à l’origine de l’information.
GPTBot, l’indexeur qui fait débat
OpenAI utilise GPTBot pour parcourir les sites web et nourrir ses modèles. Certains éditeurs bloquent l’accès à leur contenu via le fichier robots.txt
. Le Figaro, TF1 ou le New York Times l’ont déjà fait. À l’inverse, d’autres comme Le Monde laissent GPTBot s’entraîner sur leurs données, en échange d’un accord financier.
« Chaque fichier robots.txt devient presque un acte politique », analysait récemment un journaliste spécialisé.
Quel avenir pour les éditeurs ?
Les éditeurs sont désormais face à un dilemme : laisser l’IA utiliser leurs contenus sans contrepartie, ou se retirer de cette nouvelle économie de la connaissance. Pendant ce temps, les plateformes IA gagnent en popularité, avec des utilisateurs de plus en plus jeunes, attirés par la rapidité et la personnalisation des réponses.
Google perd du terrain, ChatGPT gagne en puissance, et les éditeurs tentent de survivre dans un monde sans clics. L’équation reste ouverte, mais une chose est sûre : le web d’aujourd’hui ne ressemble plus du tout à celui d’il y a cinq ans.