Un soutien financier massif de l’État
Eutelsat a annoncé une augmentation de capital de 1,35 milliard d’euros prévue avant la fin de l’année. Parmi les investisseurs, la France contribue à hauteur de 717 millions d’euros via l’Agence des participations de l’État. Cette opération portera la part de l’État dans le capital d’Eutelsat à près de 30 %.
Pourquoi cet investissement maintenant ?
Le besoin de renforcer la souveraineté numérique européenne est devenu urgent. Avec la guerre en Ukraine et la dépendance révélée envers des technologies comme les satellites LEO de Starlink, l’Europe veut s’émanciper. Pour Éric Lombard, ministre de l’Économie et de la Souveraineté industrielle, il s’agit de bâtir une industrie spatiale résiliente et compétitive.
Objectif : développer IRIS²
Une part significative des fonds injectés servira au développement de la constellation IRIS², projet phare d’Eutelsat. Cette constellation de satellites en orbite basse vise à offrir une connectivité rapide et sécurisée, tout en assurant une couverture européenne indépendante.
Les satellites LEO (Low Earth Orbit) permettent une connexion Internet à faible latence, essentielle pour les services civils comme militaires. Eutelsat veut s’imposer comme le champion européen face à Starlink, qui domine actuellement ce marché.
L’opération bénéficie aussi du soutien de Bharti Space, CMA CGM et du Fonds Stratégique de Participations. Ensemble, ces acteurs dessinent une alliance capable de porter Eutelsat au niveau mondial.
Une réponse politique et industrielle
Ce geste fort de l’État français est plus qu’un investissement : c’est une affirmation d’indépendance stratégique. Alors que les États-Unis et la Chine avancent vite dans la conquête spatiale privée, la France tente de garder sa place dans le jeu mondial avec des moyens publics et une vision à long terme.
Avec IRIS², la France ambitionne de sécuriser ses communications, tout en garantissant à l’Europe une infrastructure numérique autonome. Le pari est risqué, mais nécessaire si l’on veut éviter de tout miser sur les géants non-européens.