La Chine a annoncé un plan ambitieux visant à investir près de 138 milliards de dollars dans les industries de la robotique et des hautes technologies sur 20 ans pic.twitter.com/eqMkhG156M
— 75 Secondes 🗞️ (@75secondes) May 3, 2025
Un fonds soutenu par l’État pour accélérer l’innovation
Le fonds national de capital-risque, piloté par Pékin, servira de moteur à cette transformation. Il vise à mobiliser près de 1000 milliards de yuans, grâce à la participation des gouvernements locaux et d’acteurs privés. L’objectif affiché est de soutenir l’émergence d’entreprises spécialisées dans les technologies robotiques et de garantir une indépendance industrielle stratégique.
Ce projet s’inscrit dans la continuité du programme « Made in China 2025 », qui plaçait déjà la robotique parmi les secteurs prioritaires. Mais avec cette enveloppe de 138 milliards de dollars, la Chine passe à la vitesse supérieure. Elle veut dominer les chaînes de production intelligentes, concurrencer directement les États-Unis, et surtout devenir le leader des robots humanoïdes.
Une montée en puissance impressionnante des robots chinois
En seulement dix ans, la Chine est passée de 20 % à plus de 50 % de la demande mondiale en robots industriels. C’est un bond phénoménal qui reflète une stratégie nationale d’automatisation systématique. Les robots sont devenus indispensables dans les usines chinoises, notamment dans les secteurs de l’électronique, de l’automobile et de la métallurgie.
En 2023, plus de 276 000 robots ont été installés en Chine, soit plus de la moitié des nouvelles unités robotiques dans le monde. Le pays compte désormais environ 470 robots pour 10 000 employés, un taux qui le place juste derrière la Corée du Sud et Singapour.
Une dominance nationale affirmée
Les constructeurs chinois ont également accru leur présence sur leur propre marché. 47 % des robots installés en Chine en 2023 provenaient d’entreprises locales, contre 30 % en 2020. Cette progression rapide montre à quel point la production nationale de robots est devenue compétitive, notamment grâce à des prix plus bas et une adaptation rapide aux besoins industriels locaux.
Dans le secteur de la métallurgie, par exemple, les robots made in China couvrent 85 % des besoins. Et dans le domaine très stratégique de l’électronique, les entreprises chinoises fournissent déjà un tiers de la demande mondiale.
L’alliance entre robotique et intelligence artificielle
L’enjeu ne se limite plus à fabriquer des bras articulés pour les chaînes de montage. L’ambition est maintenant de fusionner la robotique avec l’intelligence artificielle, afin de créer des machines capables de penser, d’anticiper et de s’adapter.
XPeng et le robot Iron
Un exemple emblématique est celui du constructeur XPeng. Connue pour ses véhicules électriques, l’entreprise a lancé le robot Iron, présenté lors de l’AI Day 2024. Ce robot humanoïde mesure 1,73 mètre, pèse 70 kilos, et est doté de 200 degrés de liberté. Il est conçu pour évoluer dans les usines, assister les techniciens, et automatiser certaines tâches de montage.
Iron repose sur une puce de type Turing, capable de traiter des modèles d’intelligence artificielle très complexes, avec jusqu’à 30 milliards de paramètres. Ce robot est une démonstration de la capacité des entreprises chinoises à allier mécanique avancée et puissance de calcul.
Un cadre législatif et stratégique structurant
Le développement de la robotique en Chine n’est pas laissé au hasard. Il s’inscrit dans un cadre de politique publique clair, défini par le 14e plan quinquennal chinois. Ce plan stratégique englobe la robotique, l’IA, les technologies de pointe, et l’industrie du futur. Il trace une feuille de route jusqu’en 2035, avec des objectifs de performance et de souveraineté technologique.
Le Congrès national du peuple, qui s’est réuni en mars 2025, a validé une série de mesures législatives destinées à faciliter ces investissements, à accélérer la formation de techniciens qualifiés, et à encourager la recherche en robotique avancée.
Un défi pour les concurrents internationaux
Avec ces annonces, la Chine confirme son ambition de dominer l’industrie du futur. Cette course à l’automatisation ne concerne pas uniquement les machines, mais redéfinit l’organisation du travail dans tous les secteurs : de la fabrication automobile à la logistique, en passant par les services.
Face à elle, des pays comme les États-Unis s’activent également. Tesla travaille sur son propre robot humanoïde, Optimus, prévu pour être utilisé dans ses usines et potentiellement commercialisé. Des startups américaines, financées par le capital-risque, développent aussi des modèles innovants.
Mais la force de frappe industrielle chinoise, son soutien gouvernemental, et la taille de son marché intérieur donnent à la Chine un avantage considérable.
Une vision à long terme portée par la productivité
L’un des grands moteurs de cette stratégie, c’est la recherche de productivité. La Chine est confrontée à un vieillissement de sa population active et à une baisse du nombre de jeunes ouvriers. L’automatisation est perçue comme la seule solution viable pour maintenir un niveau de production élevé, tout en réduisant les coûts.
Les robots intelligents offrent aussi une meilleure précision, moins d’erreurs, et une capacité d’adaptation permanente aux évolutions du marché. L’idée n’est pas seulement de remplacer l’humain, mais de créer une collaboration fluide entre humains et machines dans les usines du futur.
Des implications mondiales majeures
Avec 138 milliards de dollars injectés dans les technologies robotiques, la Chine envoie un signal fort au reste du monde. Cette stratégie ne vise pas uniquement à moderniser ses usines, mais aussi à imposer ses standards technologiques à l’échelle mondiale.
Les enjeux sont nombreux : réduction des dépendances technologiques, essor des champions nationaux, création d’emplois qualifiés, mais aussi influence géopolitique par l’innovation. Difficile, aujourd’hui, d’imaginer un futur industriel mondial sans la Chine aux commandes des robots.