Des pratiques parfois douteuses
Le succès du modèle privé attire aussi des structures peu scrupuleuses. Fin 2022, une enquête de la DGCCRF a révélé que plus de la moitié des écoles contrôlées étaient en infraction sur au moins un aspect : publicité mensongère, informations erronées, conditions gênantes pour les étudiants.
En 2023, la médiatrice de l’Éducation nationale a recensé une hausse marquée des litiges. Parmi les problèmes : des diplômes peu reconnus, des contenus flous, des frais abusifs ou encore un accompagnement très faible vers l’emploi.
Le cas Galileo et les critiques sur la financiarisation
Le livre Le Cube de Claire Marchal a relancé le débat en mettant en cause le groupe Galileo Global Education. L’autrice dénonce une logique de profit poussée à l’extrême, entre classes surchargées, enseignants sous-payés et frais d’inscription élevés. Le groupe se défend en assurant ne pas réaliser de profits, mais le doute plane.
Des étudiants souvent mal informés
Malgré les outils publics existants, de nombreux lycéens se tournent vers des coaches privés. L’information sur les formations reste trop complexe, mal diffusée ou tout simplement absente au bon moment. Conséquence : les jeunes s’inscrivent dans des écoles sans en connaître les réels débouchés.
Entre certifications « maison » et titres reconnus par l’État, la lisibilité est floue. Beaucoup d’étudiants pensent obtenir un diplôme officiel alors qu’il n’a aucune valeur nationale. Cette confusion alimente les déceptions et les litiges.
Des réactions politiques qui se font attendre
Le gouvernement veut serrer la vis
Le ministre de l’Enseignement supérieur, Philippe Baptiste, a réagi en annonçant la possibilité d’exclure certaines formations de Parcoursup. Celles utilisant des pratiques commerciales abusives ou exigeant des paiements anticipés seraient visées en priorité.
Un renforcement attendu du label Qualiopi
Ce label, censé garantir la qualité des formations professionnelles et en apprentissage, sera prochainement renforcé sur ses critères d’évaluation. L’objectif : qu’il ne soit plus un simple tampon administratif, mais un vrai indicateur de fiabilité.
Une inspection interministérielle en préparation
Un travail commun entre les ministères de l’Éducation, du Travail et de l’Enseignement supérieur vise à améliorer la transparence sur le fonctionnement des écoles à but lucratif. Cela devrait aboutir à des recommandations concrètes, voire à de nouvelles obligations pour les établissements concernés.
Le déséquilibre public-privé s’accentue
Alors que l’enseignement public reste la voie majoritaire, il souffre de sous-investissement chronique. Le financement moyen par étudiant est bien plus faible que dans les classes prépas ou les DUT. Cela fragilise les universités, rend leur accompagnement plus difficile, et pousse encore plus d’étudiants vers le privé.
Avec la baisse des aides, le poids financier repose largement sur les familles. Beaucoup d’étudiants doivent travailler à côté de leurs études, et les problèmes de logement, d’accès à la santé ou de stress psychologique se multiplient. Le débat sur la qualité des formations privées s’inscrit aussi dans ce contexte global de fragilité du supérieur.
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