Des papiers officiels, mais obtenus illégalement
Selon les premiers éléments de l’enquête, une quarantaine de personnes auraient reçu des titres de séjour officiels mais frauduleusement délivrés. Ils figuraient dans les bases administratives, les documents étaient valides, mais aucune demande légitime n’avait été faite. Ces papiers auraient été monnayés entre 10 000 et 15 000 euros l’unité, principalement entre 2022 et 2023.
À l’origine du système, une agente administrative d’une trentaine d’années. Elle aurait utilisé ses accès informatiques pour valider les titres de séjour sans aucun fondement légal. Interpellée fin mars, elle a été placée en garde à vue. L’un de ses anciens supérieurs est aussi dans le viseur des enquêteurs, soupçonné au minimum de négligence.
Une alerte qui vient de l’étranger
C’est grâce à un signalement venu du Maroc que l’enquête a été lancée. Les autorités marocaines ont remarqué des déplacements suspects entre le royaume et la région de Toulouse. Plusieurs trafiquants ont été arrêtés avec des titres de séjour en règle. C’est à ce moment-là que la fraude administrative a été découverte.
Derrière cette histoire, les enquêteurs pensent avoir mis à jour une organisation structurée. L’enquête a été confiée à l’Office de lutte contre le trafic illicite de migrants, basé à Toulouse. Les suspects sont poursuivis pour corruption, blanchiment, aide au séjour irrégulier en bande organisée et faux administratif. La fonctionnaire aurait été approchée par des proches de trafiquants pour son poste stratégique.
Du cash, des voitures de luxe, des apparts
Le train de vie de certains membres du réseau a éveillé les soupçons. Les enquêteurs ont mis la main sur des voitures haut de gamme (dont une Maserati et une Mustang GT), ainsi que quatre appartements. Une partie de l’argent aurait été blanchie via l’immobilier.
La fonctionnaire a été suspendue de ses fonctions dans l’attente des suites judiciaires. La préfecture envisage de se porter partie civile. Du côté des autorités, tous les titres de séjour concernés vont être réexaminés, et probablement annulés.
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