Qu’est-ce que le monopole naturel ?

Quand une seule entreprise peut produire à moindre coût que plusieurs concurrentes, on parle de monopole naturel. Ce phénomène concerne souvent les réseaux : transports, énergie, télécommunications. Il soulève des enjeux économiques majeurs, notamment sur les prix et l’accès des usagers. L’État peut alors intervenir pour encadrer ou réguler ce type de situation.

Sommaire

Une définition simple du monopole naturel

Le monopole naturel désigne une situation de marché dans laquelle une seule entreprise peut produire à moindre coût que plusieurs entreprises concurrentes. Cette situation s’explique par des coûts fixes très élevés et des rendements d’échelle croissants, qui rendent plus efficace la concentration de la production entre les mains d’un seul acteur.

L’exemple le plus parlant, c’est celui du réseau ferroviaire : construire plusieurs lignes parallèles pour faire circuler différents trains concurrents n’aurait aucun sens économique. Le coût de construction des infrastructures est tel qu’il est plus rentable qu’une seule entreprise s’en charge, quitte à en faire un monopole encadré.

Pourquoi le monopole naturel apparaît ?

Le rôle des coûts fixes élevés

Dans certains secteurs, les investissements de départ sont tellement lourds que peu d’entreprises peuvent se lancer. C’est le cas des réseaux d’énergie, des autoroutes, des canalisations d’eau ou encore de la distribution du gaz. Les coûts fixes dominent largement les coûts variables, ce qui fait que produire davantage permet de répartir les charges sur un volume plus grand, et donc de baisser le coût moyen.

Des rendements d’échelle croissants

Quand produire plus permet de réduire les coûts unitaires, on parle de rendements d’échelle croissants. Dans ce contexte, une entreprise de grande taille peut toujours proposer des prix plus bas que de petits concurrents. Elle finit donc par les évincer naturellement du marché. C’est pourquoi on parle de « monopole naturel » : ce n’est pas une situation imposée par la loi, mais une conséquence logique de la structure des coûts.

Quelles sont les conséquences sur le marché ?

Un pouvoir de marché renforcé

Le monopole naturel offre à l’entreprise qui le détient un pouvoir de marché important. Elle est seule, donc libre de fixer ses prix. Elle peut choisir une stratégie visant à maximiser son profit plutôt que de produire une quantité optimale pour la collectivité. Ce comportement peut mener à une rente de monopole et à un sous-investissement dans la qualité ou l’accessibilité du service.

Une perte de bien-être collectif

Lorsque le prix est supérieur au coût marginal, certains consommateurs préfèrent renoncer à l’achat. Cela crée ce qu’on appelle une perte sèche : ni l’entreprise ni les consommateurs ne profitent de la transaction. Le surplus total (somme du surplus du consommateur et du producteur) est donc inférieur à ce qu’il serait en situation de concurrence parfaite.

Comment l’État peut intervenir ?

La nationalisation du monopole

Une des réponses traditionnelles au monopole naturel, c’est la nationalisation. L’État prend le contrôle de l’entreprise pour fournir un service au meilleur coût social possible. Même si cela engendre parfois des pertes, elles peuvent être compensées par des subventions publiques. C’était par exemple le cas de la SNCF, créée pour garantir l’accès au transport ferroviaire partout sur le territoire.

La réglementation des prix

Quand le monopole est privé, l’État peut mettre en place une réglementation tarifaire. Le but est d’éviter que le monopole ne profite de sa position dominante pour pratiquer des prix excessifs. Une solution consiste à fixer les prix au niveau du coût marginal, quitte à subventionner les pertes de l’entreprise.

La tarification Ramsey-Boiteux

Lorsqu’il n’est pas possible de tarifer au coût marginal sans provoquer des pertes insoutenables, une alternative consiste à adopter une tarification de second rang. C’est la méthode dite de Ramsey-Boiteux, qui consiste à faire payer plus cher aux consommateurs dont la demande est moins sensible au prix. Cela permet à l’entreprise de couvrir ses coûts sans trop réduire l’accès au service.

Exemples concrets de monopoles naturels

Le réseau ferroviaire

Construire un deuxième réseau de chemin de fer pour créer de la concurrence n’aurait aucun sens. C’est pourquoi l’entretien et la gestion du réseau ont longtemps été assurés par une entreprise unique : la SNCF Réseau. L’exploitation commerciale, en revanche, peut être ouverte à la concurrence.

Les réseaux d’eau, d’électricité et de gaz

Les infrastructures de distribution sont si coûteuses qu’il est plus efficace qu’une seule entreprise en ait la responsabilité. Cependant, certains pays ont choisi de séparer la gestion du réseau (monopole naturel) de l’exploitation du service (marché concurrentiel), comme c’est le cas pour Enedis (réseau) et les fournisseurs d’électricité.

Les transports en commun urbains

Les métros, tramways et bus urbains relèvent souvent de concessions publiques. Une autorité organisatrice du transport choisit un opérateur unique, le temps d’un contrat, pour gérer les lignes. Là encore, les infrastructures sont un monopole naturel, mais l’exploitation peut être mise en concurrence.

Monopole naturel ou monopole institutionnel ?

Il est important de ne pas confondre le monopole naturel, issu de la logique économique des coûts, et le monopole institutionnel, créé par la loi. Ce dernier repose sur une décision politique, comme un droit exclusif temporaire (par exemple un brevet) ou un statut d’opérateur historique.

Certaines activités publiques peuvent avoir été confiées à un seul acteur sans que cela soit nécessairement justifié par un monopole naturel. La distinction est importante car les justifications économiques de l’intervention publique ne sont pas les mêmes.

Les limites du modèle

Le monopole naturel peut s’avérer moins efficace qu’il n’y paraît. Il peut freiner l’innovation, réduire l’incitation à l’amélioration des services ou conduire à une gestion inefficace si le contrôle public est insuffisant. C’est pourquoi, même en cas de monopole naturel, l’ouverture à la concurrence encadrée ou l’évaluation régulière des performances peut être une bonne stratégie pour garantir un service de qualité.

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